Aristide Bègue : « Désormais, j’ai l’impression de faire ce que je veux quand je veux et avec qui je veux »
C’est en janvier 2020, en plein hiver, que le Pyrénéen Aristide Bègue, 25 ans à l’époque, a décidé, sans l’annoncer publiquement, de mettre un terme à sa carrière de biathlète. Prometteur dans ses jeunes années, avec trois titres mondiaux obtenus dans la spécialités de l’individuels chez les jeunes puis les juniors, il aura fait six apparitions en coupe du monde. Faisant l’ascenseur entre le grand circuit et l’IBU Cup, dont il termine troisième du général en 2019, il a décidé, du jour au lendemain, de ranger la carabine.
Pour Nordic Magazine, Aristide Bègue, devenu coach, moniteur à l’ESF et maraîcher, a accepter de se prêter au jeu du « Que sont-ils devenus ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
En décembre 2019, Myrtille [Bègue, sa sœur NDLR] m’a annoncé qu’elle arrêtait le biathlon et c’est à ce moment que j’ai commencé à y voir clair. Cela m’a permis de remettre en question ma vie de sportif de haut niveau.
C’est durant l’IBU Cup de Brezno-Osrblie, fin janvier, que j’ai eu plusieurs révélations. Je ne savais même pas pourquoi j’étais là-bas. Je n’aimais ni le paysage, ni la météo, ni la nourriture, ni la piste, ni le stade, ni la neige. Bref, je n’aimais rien de cet endroit. Je n’avais qu’une envie : rentrer à la maison !
Même le fait de terminer deuxième du relais mixte simple, avec Lou [Jeanmonnot], ne m’a apporté qu’un faible sentiment de bonheur (oui, parce que faire un relais avec Loulou c’est toujours rigolo !), mais aucune fierté. Rien.
Sur le sprint, deux jours plus tard, j’ai alors eu plusieurs pensées qui semblaient évidentes. Je voulais faire autre chose de ma vie, je ne voulais plus m’entraîner aussi sérieusement que ce que je faisais, je ne voulais plus voyager, ni même donner le maximum de moi-même sur les skis.
Je venais de m’apercevoir que ma carrière de biathlète n’avait plus de sens pour moi. J’ai alors profité de mes derniers tours de pistes avec un dossard de compétition internationale pour faire mes adieux à cette vie. Une fois la ligne d’arrivée passée, j’étais heureux et soulagé, c’était ma dernière course ! Je me suis empressé de faire part de ma décision à mon père, ma mère, ma sœur, mes meilleurs amis et mes entraineurs. Je n’avais même plus besoin de leur approbation ou leur soutien, juste leur dire MERCI et à bientôt pour vivre une nouvelle vie !
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Rien ! Chaque jour, me prouve que c’était la meilleure décision de ma vie, prise au meilleur des moments !
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
Un défi sportif aussi débile que difficile avec Clément [Dumont], Florian [Rivot] et Fabien [Claude]. Histoire de passer du bon temps entre Dalton ! Avant de trouver cette course, j’ai une promesse à tenir sur les championnats de France de fin de saison avec Clem.
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
J’ai buté tellement longtemps sur cette question que je ne pense pas avoir été soulagé de quoi que ce soit. Jusqu’à ce week-end d’IBU Cup fin janvier 2020, je vivais ma meilleure vie en tant que biathlète professionnel. Depuis ce même week-end, je vis ma meilleure vie d’entraîneur.
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
J’ai découvert que le monde politique n’est pas fait pour moi ! J’ai rencontré un paysan qui m’a ouvert son univers. J’ai fais deux ans en tant que surveillant au lycée sportif et j’ai donné mon premier cours de biathlon et commencé à apprendre à entraîner.
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Désormais, j’entraine les jeunes de 5 à 19 ans au sein du club des sports de montagne de Font-Romeu, de la section sportive et du pole espoir du collège-lycée dans lequel j’ai suivi ma scolarité. J’essaye de transmettre mon expérience aux jeunes pour les aider à devenir des athlètes complets, polyvalents et épanouis. J’apprends chaque jour à trouver les bons mots et exercices pour les aider à progresser. Je travaille aussi pour l’ESF de Font-Romeu, été comme hiver, pour faire découvrir les joies du biathlon au plus grand nombre. J’accueille des vacanciers dans un logement que nous avons refait à neuf avec mes parents. Je travaille aussi dans une petite ferme agroécologique à taille humaine. J’aide Antoine à développer son activité de berger et j’apprends à cultiver des fruits et légumes, tout en préservant la vie du sol. Dans quelques années, j’espère pouvoir agrader [améliorer, NDLR] la biodiversité tout en subvenant à mes besoins et ceux de mes proches. Désormais, j’ai l’impression de faire ce que je veux quand je veux et avec qui je veux. C’est un peu comme si j’étais en vacances toute l’année sans jamais prendre un jour de congé !
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
Je profite tellement du présent et je parle tellement de projets futurs que je n’ai pas le temps de me retourner vers le passé.
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Mon expérience sur le circuit national, en IBU Cup et sur quelques coupes du monde m’aide dans mes missions d’éducateur et d’entraîneur. Je peux comprendre ce que vivent les jeunes lorsqu’ils s’entrainent dur, qu’ils subissent des échecs ou atteignent leurs objectifs. J’essaye de leur faire gagner du temps en leur évitant de commettre les même erreurs que moi.
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Je vis pour le biathlon, mais je préfère être dans mon jardin à compter les vers de terre plutôt que regarder les compétitions à la télévision ! Je croise quelques anciens coéquipiers quand je me déplace sur le circuit national U15 et U17. J’ai aussi la chance de voir les copains qui sont désormais en équipe de France lorsqu’ils viennent en stage à Font-Romeu.
La série d’été de Nordic Magazine
- Que sont-ils devenus ? Maxime Laheurte
- Que sont-elles devenues ? Laura Chamiot-Maitral
- Que sont-ils devenus ? Clément Jacquelin
- Que sont-elles devenues ? Aurélie Dabudyk
- Que sont-ils devenus ? Sébastien Lacroix
- Que sont-elles devenues ? Marine Bolliet
- Que sont-ils devenus ? Paul Brasme
- Que sont-elles devenues ? Célia Bourgeois
- Que sont-ils devenus ? Mickaël Philipot
- Que sont-elles devenues ? Jacquemine Baud
- Que sont-ils devenus ? François Braud
- Que sont-elles devenues ? Marine Dusser Bjornsen
- Que sont-ils devenus ? Cyril Gaillard
- Que sont-elles devenues ? Estelle Mougel
- Que sont-ils devenus ? Clément Dumont
- Que sont-elles devenues ? Juliette Lazzarotto
- Que sont-ils devenus ? Damien Tarantola
- Que sont-elles devenues ? Margaux Achard
- Que sont-ils devenus ? Bastien Buttin
- Que sont-elles devenues ? Caroline Espiau
- Que sont-ils devenus ? Ivan Perrillat-Boiteux
- Que sont-elles devenues ? Claire Breton
- Que sont-ils devenus ? Igor Cuny
- Que sont-elles devenues ? Léna Arnaud
- Que sont-ils devenus ? Samuel Guy
- Que sont-elles devenues ? Lou Reynaud
- Que sont-ils devenus ? Lilian Vaxelaire
- Que sont-ils devenus ? Rémi Borgeot
- Que sont-elles devenues ? Manon Locatelli
- Que sont-ils devenus ? Wilfried Cailleau
- Que sont-elles devenues ? Anouk Faivre-Picon
- Que sont-ils devenus ? Maxime Habran
- Que sont-elles devenues ? Marine Bressand
- Que sont-ils devenus ? Tom Balland
- Que sont-elles devenues ? Manon Contin
- Que sont-ils devenus ? Benoît Chauvet
- Que sont-elles devenues ? Emily Battendier
- Que sont-ils devenus ? Ludwig Ehrhart
- Que sont-elles devenues ? Marie Kromer
- Que sont-elles devenues ? Julia Devaux
- Que sont-ils devenus ? Jason Drezet
- Que sont-elles devenues ? Anaïs Ysebaert
- Que sont-elles devenues ? Julie Cardon
- Que sont-elles devenues ? Julie Chenevoy
- Que sont-elles devenues ? Floriane Parisse
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