Baptiste Noël : « J’ai choisi la tranquillité suédoise au fast qatari ! »
C’est en 2014 que le Bressaud Baptiste Noël, 23 ans à l’époque, a mis un terme à sa carrière de fondeur. Spécialisé dans les ski-roues, il est monté sur plusieurs podiums de la coupe du monde, devenant également vice-champion du monde juniors du relais en 2011 en compagnie de Colin Saillet et du regretté Romain Claudon.
Pour Nordic Magazine, Baptiste Noël, qui vit maintenant en Suède où il fait partie de l’organisation de la Trollhättan Action Week et du Mitsubishi Electric World Classic Tour, a accepté de se prêter au jeu du « Que sont-ils devenus ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
J’ai fait ma dernière saison en 2014 pour ensuite me rendre à Londres et y poursuivre mes études. Il était temps pour moi de tourner la page de la vie de skieur en France pour voir autre chose et évoluer sur d’autres chemins. Il y avait un mélange entre la tristesse de quitter ce milieu si familier qui m’a tant donné et l’excitation face à de nouveaux challenges.
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Le plus dur pour moi qui me suis expatrié est d’avoir vu mes rencontres avec mes amis de mon team et du skis devenir plus espacés. Pendant cette période, j’ai perdu mon meilleur ami, Romain [Claudon], avec qui j’ai passé tout mes plus beaux moments dans le ski. Cela a été dur à accepter et c’est un autre morceau de mon « ancien moi » qui est parti à cet instant-là.
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
Je continue ponctuellement à remettre un dossard sur les skis ou les rollerskis et je prends beaucoup de plaisir à le faire. J’aurais aimé avoir eu la chance de faire du patinage de vitesse et de pouvoir courir avec un athlète comme Nils van der Poel qui a remporté consécutivement les médailles d’or du 5 000 et 10 000 mètres aux championnats du monde et aux JO en 2022 assorti du record du monde pour les deux distances. C’est un sport qui me fascine depuis très jeune et qui, j’en suis sûr, m’aurait très bien convenu (avec mes gros cuisseaux qui ont fait mes belles journées en ski-roues, mais aussi mes déconvenues à skis sur les neiges de printemps !).
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
Le fait de moins vivre dans son sac, de ne plus à avoir à s’occuper de son matériel : on se passe bien des skis, des ski-roues et du vélo ! La vie du skieur de fond en France n’est pas hyper simple même si l’on est des privilégiés de vivre de notre passion chaque jour. Pour financer mes saisons, je travaillais comme coach au club de La Bresse, de Gérardmer et aussi à l’ESF. Au niveau auquel j’évoluais, financièrement, la balance penchait profondément dans le négatif. Il était temps pour moi d’évoluer autrement et d’enfin gagner ma vie.
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
À l’automne 2014, je suis donc parti à Londres avec l’objectif d’apprendre l’anglais et d’entrer dans un Master en management du sport. En cours de route, j’ai travaillé en restauration où j’ai évolué rapidement à un poste de management pour financer mon Master. A mes quelques heures perdues, j’enseignais le rollerski dans Hyde Park avec l’exotique club local. Après deux ans d’études, j’ai eu le choix de poursuivre dans la restauration et partir faire des ouvertures au Qatar ou revenir dans un milieu du ski qui me manquait tant en faisant un stage sur l’Alliansloppet à Trollhättan en Suède. J’ai choisi la tranquillité suédoise au fast qatari ! Un stage de trois mois sur l’évènement s’est transformé en un aller simple de désormais six ans.
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Ces dernières années, j’ai participé au développement de l’Alliansloppet vers un événement international et un rendez-vous estival des meilleurs skieurs de fond mondiaux. L’événement, qui s’appelle désormais Trollhättan Action Week, est un peu un extraterrestre dans le monde de l’événementiel ! Le topo, c’est que tout le monde puisse participer à nos dix jours d’événements comportant une vingtaine de compétitions et activités : course à pied pour 8 000 enfants, concerts, Trollhättan Pride, des activités pour les personnes âgées esseulées, programme d’intégration pour les minorités… C’est très valorisant de mêler sport et social tout en promouvant le ski dans toutes ses formes et plus spécifiquement le rollerski.
Je suis aussi impliqué dans la création et l’organisation de Mitsubishi Electric World Classic Tour, le championnat de longue distance estival en rollerski. Je travaille aussi ponctuellement sur la coupe du monde et championnats du monde de ski de fond et biathlon avec la production TV internationale. J’ai aussi un tas d’autre projets comme l’organisation de voyages et camps d’entrainements sur l’île de Gran Canaria… Je suis bien occupé en Suède !
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
J’évolue en Scandinavie et dans le milieu du ski, donc il n’y a que très peu de surprises. Mais la question qui arrive rapidement est de s’avoir d’où dans les Alpes suis-je natif. La surprise est plus grande lorsque j’explique que oui, il y a d’autres montagnes en France et que, oui, dans les Vosges, ce n’est pas si haut mais ça skie !
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Je pense que le sport, et le ski de fond en particulier, est une incroyable école de la vie. C’est un sport dur. Dur dans l’entrainement, dur dans la compétition et souvent dur dans le quotidien. C’est beau de tout donner pour cette passion, de se battre pour financer sa saison et de s’arracher aussi bien sur une coupe du monde que sur une course à saucisson. Cela t’apprend que si tu aimes ce que tu fais, il est plus facile de tout donner pour y arriver, même s’il n’y a pas que des succès sur ton chemin.
J’ai aussi fait un tour sur les longues distances et la vie c’est un peu comme la Vasaloppet. Au début, 90 km cela parait long, les 40 premiers passent vite, la fin est toujours plus compliquée. Il y a des hauts et des bas. Des moments de totale félicitée et puis des gouffres qui s’ouvrent devant soi dont il n’est pas toujours facile de remonter. C’est les montagnes russes, une petite vie en accéléré. Il y a un début, il y a une fin et au milieu c’est le bordel. Mais, il en ressort quelque chose, une certitude. La certitude que tout passe, les bons comme les mauvais moments. Cela t’apprend à chérir et apprécier encore plus les moments de joie mais aussi à courber l’échine et garder courage et le cap dans les moments difficiles. Le ski, cela t’apprend cela : tout passe, un coup de bâton à la fois.
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Le nordique reste le centre de ma vie et je me plait à continuer d’y évoluer dans toutes ses dimensions. Je suis toujours les actualités et j’ai la chance de pouvoir croiser beaucoup de mes amis qui évoluent toujours dans le ski : techniciens, coachs, responsables de marques même si je suis désormais en Suède. Le ski, c’est un petit monde et j’essaye chaque jour à mon échelle de contribuer à son développement.
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