Emilien Personnaz : « La plupart de mes amis sont mes anciens rivaux »
C’est il y a maintenant plus de sept ans que le biathlète savoyard Emilien Personnaz a mis un terme à sa carrière de sportif de haut niveau. Habitué du circuit national, il était tout de même parvenu à monter à quelques reprises à l’international, remportant la médaille de bronze mondiale jeunes du relais en 2013 avec Aristide Bègue et Fabien Claude du côté d’Obertilliach (Autriche). Sélectionné en 2016 pour les championnats d’Europe juniors, il n’y brillait pas et décidait, sur place, de s’arrêter.
Pour Nordic Magazine, Emilien Personnaz, devenu coach en Maurienne et pompier volontaire, a accepté de se prêter au jeu du « Que sont-ils devenus ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
J’ai arrêté en 2016 après avoir pris ma décision pendant les championnats d’Europe juniors de Pokljuka. Je me rappelle l’annoncer à mes potes savoyards qui étaient avec moi dans l’aire de départ de la dernière course de la compétition. Cela n’a pas été facile parce que ma saison était bonne et, avec mes résultats, je pouvais continuer si je le voulais. Seulement, les années d’entraînement seul à Bessans commençaient à peser. J’adorais les compétions et me faire mal pour gagner, mais, à l’entraînement, je ne m’y retrouvais plus.
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Pour moi, le plus dur était de ne plus faire de compétions et de me dire que tout était fini, que je ne serai jamais le champion que je rêvais de devenir. La première année, je n’ai pas remis une seule fois des skis aux pieds, je ne regardais plus le biathlon à la télévision. Savoir que je ne ferai plus de montée à bloc en « faucheuse » pour aller chercher la gagne, c’était ça le pire 😉 !!
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
Mes meilleurs souvenirs sont en relais. Me battre pour les copains, j’adorais cela ! Si je pouvais, je choisirais Emilien Jaquelin juste pour la nostalgie des compétions que l’on faisait l’un contre l’autre pendant plus de sept ans. Et puis, je prendrais Dany Chavoutier. Il n’est plus athlète, mais j’ai tellement de bons souvenirs avec lui en relais que ce serait cool de revivre cela… et c’est un bon équipier pour la troisième mi-temps 😉 !
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
Il n’y pas grand-chose qui ne m’a pas manqué, mais je dirais que de pouvoir vivre comme les gens « normaux » me faisait très envie. La première année, j’ai apprécié pouvoir sortir avec des potes quand j’en avais envie, gagner ma vie avec un vrai boulot et être un peu plus là pour ma famille, ma copine et mes amis proches. Mais au bout d’un an, je me suis quand même demandé si je ne voulais pas revenir dans la partie, recommencer à bloc maintenant que j’avais vu comment c’était de l’autre côté. Bon, cet article prouve que je suis finalement resté de l’autre côté 😋.
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
Dans l’année qui a suivi, j’ai passé une formation accélérée pour devenir pompier volontaire. Je voulais absolument continuer à être sous le drapeau bleu blanc rouge. Je suis d’abord allé toquer à l’Armée, mais cela ne faisait pas l’unanimité autour de moi. La même année, j’ai passé un diplôme de menuisier/charpentier et mon DE ski nordique. Je disais à mon patron en menuiserie que j’étais malade pour aller faire mes semaines de formation pour le DE : le but était de ne pas perdre de temps cette année-là, d’être rentable en termes de diplôme.
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Aujourd’hui, je suis devenu coach de biathlon pour le district Maurienne. Je tente de faire monter des jeunes de la Maurienne au comité de Savoie et je m’occupe aussi d’un nouveau groupe de Savoyards qui veulent percer dans le ski. À coté de cela, je suis toujours pompier volontaire chez moi, je fais aussi un peu d’immobilier avec des amis du comité de Savoie et puis, l’hiver, je participe à l’organisation des compétions de fond et biathlon à Bessans. On ne s’ennuie pas !
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
En général, on me demande pourquoi j’ai arrêté puis, après, ils veulent savoir si je connait les champions actuels. Souvent, on finit par parler de la charge de travail que cela demande d’être sportif de haut niveau. En général, c’est cela qui impressionne le plus les personnes qui ne sont pas du milieu, plus que mes deux ou trois résultats.
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Cela m’a aidé à être très bosseur. Depuis que j’ai arrêté, j’ai gardé cet esprit compétition avec de gros objectifs, mais pour ma vie professionnelle. Je veux toujours plus et je veux que cela aille vite. Je ne supporte pas de ne pas avoir de but, je me sens obligé d’avoir toujours quelque chose à faire et, quand un objectif est validé, je trouve toujours un nouveau projet à me rajouter.
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Maintenant, le biathlon est devenu mon métier principal donc il a une grande place dans ma vie. La plupart de mes amis sont mes anciens rivaux. Ceux qui étaient au comité avec moi sont devenus coachs comme moi, certains sont même devenus des associés. Certains qui étaient en équipe de France avec moi sont maintenant en équipe A. Je suis encore bien pote avec certains même si, avec leurs emplois du temps, je ne peux plus trop les voir.
Et, dans tous cela, il y ceux avec qui je vis depuis plusieurs années en colocation :
- Rachel Demangeat, qui est devenue coach de l’équipe de France relève (elle était au comité avec moi)
- Antoine Echavidre qui est devenu coach au comité de Savoie (il était au comité avec moi)
- Julie Pepin, qui a été coach de l’équipe handisport (elle était au club à Bessans avec moi et après au comité)
- Léna Arnaud, qui a monté une école de ski à Val d’Isère (elle était à la Fédé avec moi)
Tous les « Que sont-ils devenus ? » de Nordic Magazine
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