BIATHLON – Double médaillé aux mondiaux d’Hochfilzen, monté sur deux podiums en coupe du monde, Quentin Fillon-Maillet fait le bilan d’une saison où il aura manqué de régularité tout en réalisant de grandes performances.
Quentin, on vous a quitté en double champion de France de biathlon (mass-start et relais) à Bessans. Revenons un instant sur cette première : comment avez-vous vécu ces deux beaux moments ?
J’étais surtout surpris de la forme que j’avais sur ces championnats de France parce qu’en fin de saison, la pression retombe et on est en général tous fatigués fin mars. Et en fait, j’ai retrouvé une forme de milieu de saison ! J’avais des jambes de feu et j’ai réalisé des tirs corrects, de quoi ouvrir peut-être des portes pour l’an prochain. J’ai su saisir ma chance individuellement sur la mass-start…
Le point fort de l’hiver fut les mondiaux d’Hochfilzen avec deux médailles d’argent (relais mixte et relais hommes) décrochées. Heureux de ce bilan collectif ?
Oui plus qu’heureux ! On avait deux courses aux mondiaux et on rentre avec deux médailles donc c’est parfait. Par contre, inviduellement, le bilan est moins enthousiasmant.
Pour quelles raisons selon vous ?
Toute la saison, j’ai eu une forme très correcte en skis qui m’a permis de faire régulièrement partie des 15 ou 10 meilleurs temps de ski sur la saison. Mais il m’a manqué un tir couché régulier : j’ai perdu 6% de réussite au tir par rapport à l’an passé. C’est énorme. Ces déchets m’ont énormément pénalisé sur beaucoup de courses où je jouais devant avec des possibilités de finir dans les meilleurs… Ce sera le gros travail pour l’an prochain. Je vais travailler mes qualités à ski et retrouver un tir correct et régulier.
Votre classement, 20e mondial cet hiver et troisième tricolore, reflète aussi une certaine irrégularité au tir. Comment corriger la mire pour la prochaine saison ?
Difficile à expliquer en interview car ce sont plus de choses que je vais travailler. Mettre plus de rigueur sur les entraînements, être plus exigeant envers moi, ne pas accepter les erreurs en entraînements pour ne pas les faire en compétition…
Sur la saison de coupe du monde, vous êtes le seul Français, avec Martin Fourcade, à être monté sur un podium individuel : 2e de la mass-start d’Antholz et 3e de la poursuite de Nove Mesto (après une 16e place sur le sprint). A chaque fois, ce fut grâce à un tir engagé où vous vous êtes lâché avec une belle réussite à la clé…
Avec le sprint de Pokljuka où je fais 5e à 10/10, ce sont tout simplement les trois courses où je suis très content de ma prestation face aux cibles. A Nove Mesto, je fais 20/20 et sur la mass-start d’Antholz 19/20 : ce qui prouve que quand je tire bien, je peux jouer devant. Sur ces épreuves, le tir se joue à rien : peut-être plus de décontraction, un peu de réussite aussi. Cet hiver, quelques problèmes techniques ont perturbé ma façon de tirer et quand on n’est pas pleinement en confiance sur son tir, c’est compliqué d’être mentalement confiant sur l’ensemble. Au final, j’étais content de faire ma saison en coupe du monde mais j’avais aussi hâte d’en terminer pour régler enfin ses points de détails sur lesquels on n’a pas le temps de travailler durant la saison.
Que vous inspire l’année olympique qui se profile ?
On nous met déjà la pression sur ce rendez-vous. Je n’ai pas envie de me dire que c’est la seule course où il faudra être bon l’hiver prochain. Je serai content de monter sur le podium en coupe du monde et encore plus aux Jeux. Mais je ne veux pas me mettre de pression sur ce rendez-vous en particulier car ça irait à l’encontre de ce que je cherche sur la décontraction, le relâchement en course… On va préparer ces Jeux mais sans plus de pression que d’habitude.
Enfin, peut-être un petit mot sur Martin Fourcade qui aura battu de nombreux records cet hiver. Que pouvez-vous prendre chez lui pour progresser encore ?
Au niveau du ski, il est un niveau au-dessus de tous en coupe du monde. C’est compliqué de l’expliquer car on s’entraîne ensemble toute l’année. Concernant le tir, il a clairement ce petit truc en plus mentalement. Il est capable de ne pas se mettre la pression et de faire les choses calmement. A sa place à Oslo (lorsqu’il a oublié de charger ses chargeurs, NDLR), je ne serais sans doute pas rester aussi détendu que lui !