Le Grandvallier Quentin Fillon-Maillet est sélectionné pour les Jeux olympiques. Le Jurassien partira à Sochi avec les frères Fourcade, Alexis Bœuf, Simon Desthieux et Jean-Guillaume Béatrix. Portrait d’un jeune homme qui a grandi dans une famille 100% nordique et qui est maintenant dans la cour des grands : 8 courses en coupe du monde et un top 15.
Dans la famille Fillon-Maillet de Saint-Laurent-en-Grandvaux, on le reconnaît : on aime le sport. À condition de prendre l’air, de profiter de la nature si proche et généreuse, de vivre une aventure collective et de se frotter aux autres lors de compétitions. De Laurent, le père, à Rémi, le plus jeune des trois fils, chacun possède, à son niveau, un palmarès témoignant de cette passion. À l’exemple d’Hélène, la maman, victorieuse du Marathon des Cimes, aux Fourgs, en 2006, quand le meilleur homme n’était autre qu’Emmanuel Jonnier.
Virus
Mais chez eux, les médailles ne se portent pas en permanence autour du cou, car les récompenses ne sont pas le moteur principal de leur passion. « Avant tout autre chose, nous voulons nous faire plaisir », assure Quentin, l’aîné qui a rejoint cette année l’équipe de France jeunes-juniors de biathlon et qui est engagé en Ibu Cup (coupe d’Europe).
Biathlon : telle une belle, le mot est lâché. Trois fils chez les Fillon-Maillet, trois pratiquants à haut niveau. Par capillarité, (presque) tous les membres de la tribu ont été atteints par cette discipline nordique mêlant ski de fond et tir à la carabine, une 22 Long Rifle, que Quentin a personnalisée. Seule Mélitine, la petite sœur, a résisté à l’épidémie et préfère l’équitation.
Évoluant au sein du ski-club de Saint-Laurent, Laurent Fillon-Maillet a attrapé le premier le virus aux Tuffes. Mais à Prémanon, il n’y avait alors ni pas de tir avec 31 cibles, ni belle route bitumée comme aujourd’hui. La forêt servait de terrain de jeu, avec Aimé Gruet-Masson pour entraîneur et inspirateur.
Valeurs
De voir son père goûter aux joies du nordique, le premier des garçons a eu « envie » de l’imiter, puisant également sa motivation auprès de son cousin Boris, qui a depuis troqué son fusil pour un vélo. Il garde le souvenir d’une première participation à l’Envolée des Moineaux, à Chapelle-des-Bois, qui a apporté une motivation supplémentaire. « J’ai fait pareil. Quentin a été un exemple pour moi », enchaîne le cadet, Justin. Rémi, le plus jeune, n’a pas résisté très longtemps, malgré une immersion dans le ski de fond – sans arme – jusqu’en minime.
Une émulation familiale qui s’est ajoutée à un dynamisme de club : « Nous avions un bon groupe », se souvient Quentin, avec Clara Delacroix pour locomotive. Et un père pour coach. « Au bout d’un moment, être papa et entraîneur, ça ne marche plus », glisse Laurent. Les liens du sang entrent forcément en jeu et brouillent le message.
De toute façon, n’attendez pas de lui qu’il bombe le torse parce que trois de ses enfants évoluent sur le circuit national : « Je suis plutôt avare de compliments. » Il se dit également surpris quand on lui demande des nouvelles de ses “athlètes maison” et s’enquiert de leurs résultats sportifs.
Avec Hélène, son épouse, il sait néanmoins que le biathlon est une école de vie hors du commun. « Cela nous tire vers le haut », estime Jason. « On est également plus calme », ajoute celui qui n’a pas stressé au moment de passer son baccalauréat, en juin dernier.
« Faire du sport à haut niveau nous responsabilise », explique Quentin. Il poursuit : « Il faut savoir défendre sa place. » Ce qui, se félicite-t-il, n’empêche pas la camaraderie et la complicité en dehors de la course.
Pratiquer le même sport a transformé la famille en « mini-équipe ». On se donne des conseils, on s’encourage, on se critique aussi, avec la franchise que l’on réserve à des proches. Surtout, on partage les émotions. Et le plaisir, toujours. Avec une intensité si grande qu’il faut parfois, d’un commun accord, décider d’un break. Qui, chez les Fillon-Maillet, ne dure jamais très longtemps.
> Cet article est paru en décembre 2012, dans Nordic Magazine n°5
Photos : Agence Zoom