Quentin Joly, photographe et rappeur
Attention, oreilles chastes s’abstenir. Le fondeur jurassien Quentin Joly vient de mettre en ligne un clip vidéo dans lequel il interprète un titre de rap. Ce n’est pas la première fois qu’il joue les chanteurs. Déjà, lors du premier confinement, il avait publié une chanson. A chaque fois, le jeune homme casse les codes et revendique le droit à l’humour.
Egalement photographe (Nordic Magazine publie régulièrement ses clichés), il explique sa démarche à laquelle se sont associés de nombreux autres skieurs.
- Pour la deuxième année, vous évoluez au sein de Féclaz Formation Longue Distance. L’hiver dernier, vous avez participé à l’OPA Cup de Prémanon. Parallèlement, vous faites de la photographie. En compétition, dès que vous déchaussez les skis, c’est pour saisir votre appareil. Comment a débuté cette passion ?
Cette passion a toujours été en moi. Tout petit, je volais l’appareil jetable de mon arrière-grand-mère et je lui vidais la pellicule. Il y a deux ans, j’ai eu l’occasion d’utiliser du bon matériel grâce à Charly Rousset [fondeur, photographe et vidéaste, NDLR] et je me suis lancé… sans réfléchir. Je ne le regrette pas !
- Comme photographe, que recherchez-vous ? Quel instant voulez-vous saisir ?
Je n’ai qu’un seul but : transmettre une émotion. Pour les photos de skieurs, j’essaie toujours de raconter une histoire, en capturant les grimaces, les encouragements, les célébrations de victoire… Parce que je suis également athlète, je connais les moment et les endroits durs d’une course, je peux donc me mettre à leur place et cela m’aide beaucoup !
- Pourquoi ne pas avoir plutôt choisi la vidéo qui est largement préférée par votre génération. Qu’est-ce que la photo apporte de plus ? Qu’est-ce qu’elle offre de mieux ?
Un belle image vaut mieux qu’un long discours. Encore faut-il transmettre un message juste avec un cliché. C’est beaucoup plus difficile qu’avec une vidéo qui permet le récit, avec un début et une fin. Je me complique la vie, mais j’adore ce challenge !
- Aimeriez-vous faire du photojournalisme votre métier ?
Pas forcément. Dans le journalisme, on a pas le luxe de travailler sa photo en post-production, il faut livrer ses clichés en temps réel. Cela me frustre.
- Que préférez-vous : saisir la réalité dans toute sa beauté, sa nudité, avec votre appareil photo ou emprunter le chemin du récit, de la narration, de l’imagination et de la mise en scène ?
Bonne question ! Je vais répondre que je fais un mélange des deux… Parfois, j’aime juste l’instant présent. A d’autres moments, je fais germer de petites idées qui apparaissent dans ma tête… Ça switch !
- Pour les puristes, pouvez-vous nous dire quel matériel vous utilisez ?
J’utilise un Sony Alpha 7III et 3 objectifs : 50mm f1.8 / 24-105mm f4 / 70-200mm f2.8
- Qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Comme je l’ai dit, une bonne photo doit transmettre une émotion à celui qui la regarde : un rire, un sourire, une pensée, une larme…
- Et à quoi reconnait-on une photo de Quentin Joly ? Quelle est votre signature ?
J’essaie de sortir du cadre, de faire des photos qui n’ont jamais été faites dans leur composition. Les couleurs et le style de mon travail post-production ressemblent à aucun autre photographe, on m’a déjà dit que l’on reconnaissait mes photos grâce à cela.
- Aujourd’hui, c’est dans un tout autre registre que vous apparaissez. Vous venez de mettre en ligne une vidéo dans laquelle vous incarnez un rappeur. Quelle est la genèse de ce projet qui a nécessité plusieurs semaines ?
L’idée est de complètement casser les codes du sport de haut niveau. Tout le monde a l’image d’un monde fermé, où l’on est sérieux, ne sachant pas rire… Si je n’arrive pas à atteindre le sommet de la pyramide en atteignant le niveau des Manificat, Jouve ou encore Jean-Marc Gaillard, peut-être se souviendra-t-on de moi comme celui qui aura osé sortir du cadre pour faire rire le circuit ? Comme me l’a dit un jour mon ancien entraîneur Arnaud Durand, « à quoi sert les réseaux sociaux si ce n’est pas pour faire de la m… dessus ? » Il m’a inspiré. [Rire]
- Qui a écrit et composé le titre que vous interprétez ?
J’ai tout fait solo. Ça m’a pris deux soirs, ça sortait tout seul. Je lisais les phrases à Charly [Rousset] qui était à mes côtés pour la Marcia Gran Paradisio à Cogne, et il riait. Alors je continuais.
- Le rap, vous y aviez touché lors du premier confinement.
Oui, mais nous avions fait cela très vite. C’était pour nous occuper, ma sœur et moi.
- Vous vous définissez tout de même comme chanteur ?
Non, c’est de l’autodérision ! Mais il est vrai que là, nous avons tout fait sérieusement (studio, clip, promo…). Que certaines personnes pensent que je me lance vraiment dans le rap, cela me fait tellement rire !
- Quelles sont vos influences ? Qu’écoutez-vous ?
Je n’écoute que du rap, tous les jours, qu’il s’agisse de Freeze Corleone, Booba, Nekfeu, Orelsan, Damso… ou beaucoup beaucoup d’autres !
- Vous avez mené ce projet avec des copains. En créant une œuvre collective, vous êtes assez éloigné de votre activité de photographe solitaire ?
Pas vraiment. Je fais de la photographie pour moi, mais c’est aussi pour partager avec les autres. Cette aventure, je l’ai vécue avec quasiment tous mes meilleurs copains. Pour le clip, le fait qu’ils aient joué le jeu et qu’ils aient fait comme si c’était leur propre projet m’a beaucoup touché !
- Charly Rousset dont nous avons déjà parlé a assuré la réalisation du clip. Ce n’est pas la première fois que vous travaillez ensemble. En quoi diriez-vous que vous vous complétez ?
Charly est un génie dans son domaine. Il ne fait pas que filmer, il raconte une histoire et trouve des idées plus tordues les unes que les autres ! Travailler avec lui est un réel plaisir car, dans la vie, on est déjà très bons copains. On partage le même humour et on a les mêmes passions. Je pense que l’on est complémentaires. Quand on se pose pour discuter d’un projet, les idées fusent de partout et on fait mieux que ce qui était prévu à l’origine !
- Vous êtes très actifs sur les réseaux sociaux. De nombreuses personnes vous suivent. Par vos publications, que voulez-vous leur dire de vous ?
Franchement, je ne réfléchis pas trop au message que je fais passer. Je publie ce qui me plaît et non ce qui va plaire aux autres. En fait, j’aime partager mes passions avec humour. Et ça marche !
- Quand on publie une story sur Instagram, est-ce que l’on se met en scène ? Où se situe la frontière entre vie privée et vie publique ?
Personnellement, je ne fais pas de différence entre le « moi » en privé et le « moi » sur les réseaux. Je reste nature. Bien sûr, je ne partage pas tout sur internet, car il faut garder un jardin secret et une certaine intimité ! Je pense que la frontière se situe là où tu la fixes, c’est assez personnel.
- On vous retrouve également sur TikTok où vous mêlez humour et allusions sexuelles. Comment travaillez-vous vos publications ? Vous imposez-vous des limites ?
Je ne travaille pas mes publications. Parfois, dans la journée, une idée me vient et je la fais germer. Mais il est vrai qu’il faut du temps pour s’occuper correctement de ce réseau social et je ne l’ai pas forcément ! Les limites n’ont pas besoin d’être fixées par moi, l’application est extrêmement stricte et mon compte ne va pas tarder à se faire bannir.
- Justement, est-ce qu’être athlète de haut niveau peut freiner votre esprit créatif ? A-t-on pleine liberté quand on veut porter les couleurs de l’équipe de France ?
Justement, je trouve que faire du sport me donne des bonnes idées ! Après une séance, on se sent toujours bien. Moi, ça me fait cogiter. Je ne pense pas que cela puisse être un frein à l’équipe de France car je ne mélange pas le ski et les « conneries », et j’ai des limites. Je sais où m’arrêter !
- Quentin Joly, ce n’est donc pas qu’un sportif. C’est aussi un artiste. Êtes-vous d’accord ?
[Rire] Ce n’est pas à moi de me définir, mais j’aimerais bien qu’on me qualifie comme ça ! Je trouve cela gratifiant…
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