L’émotion de Camille Laude, nouveau champion de France de l’individuel classique de rollerski
Dimanche midi à Chamrousse (Isère), Camille Laude, 23 ans, est devenu champion de France seniors de rollerski pour la première fois de sa carrière lors de l’individuel classique. Jeune prometteur, il avait participé aux Jeux olympiques de la jeunesse en 2016 dans le temple de Lillehammer (Norvège). Avant de disparaître des radars.
Victime d’un burn out il y a quatre ans, Camille Laude, double médaillé mondial juniors, membre du Team Vercors Isère après avoir été évincé des collectifs fédéraux, a donc retrouvé de sa superbe avec de longs mois de galères. Pour Nordic Magazine, il a accepté de se confier. Entretien.
- Après le décès de votre grand-père la semaine passée, vous étiez très ému à l’arrivée après être devenu, pour la première fois, champion de France de ski de fond d’été…
J’ai essayé de rester focalisé sur les France toute la fin de semaine dernière. Dimanche, j’étais concentré sur ma course, mais c’est vrai qu’en passant la ligne, j’ai eu une belle émotion. Le sport, ce sont toujours des beaux moments, mais, là, ça l’était encore plus.
- Comment s’est passée votre course de l’intérieur ? Avez-vous tout de suite senti que ça allait être très rapide ?
Non, pas du tout. Je n’étais pas en super confiance, ça fait presque quatre ans que j’ai fais un gros burn out. J’ai eu du mal à revenir, je me suis reconstruit petit à petit. L’année dernière, ça allait bien et j’ai pris une mononucléose juste avant la saison… J’étais un peu en recherche de repères. Robin [Duvillard], le directeur sportif, sentait qu’on pouvait faire quelque chose, mais j’étais loin d’imaginer ça même si ça faisait un mois que j’attendais cette course, que je m’y préparais. Pendant la course, j’ai eu du mal à comprendre ce qu’il se passait en entendant les renseignements chronométriques…
« Passer par tout en bas pour remonter aussi haut, j’ai pris une bonne dose d’émotions ! »Camille Laude à Nordic Magazine
- Vous pensiez que les membres de l’équipe de France allaient vous dépasser…
Je m’attendais vraiment à me faire passer par des gars comme mon pote [Hugo] Lapalus sur la fin… La veille, lors de la reconnaissance, j’ai vu qu’il y avait quelque chose à faire parce que je suis un bon descendeur en skis à roulettes. Comme il y en avait qui avait pas mal à perdre, ou peur, sur cette partie, j’ai engagé à fond. Le changement de format pour l’individuel, que j’affectionne particulièrement, a été un autre déclic. J’ai senti le matin qu’il y avait potentiellement quelque chose à aller chercher, mais pas aussi bien.
- Comment avez-vous réagit lorsque vous avez compris que étiez sacré champion de France ?
Ça a été une grosse émotion. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vécu ça. Il y a quatre ans, quand tout se passait bien, j’étais habitué trop habitué à ça et je ne ressentais plus trop les émotions. Passer par tout en bas pour remonter aussi haut, j’ai pris une bonne dose d’émotions !
« Yan, c’est le gars qui est allé travailler en tant que paysagiste dans le sud lors des deux mois de reprise, il s’entraînait comme il pouvait »Camille Laude à Nordic Magazine
- Prenez-vous cette performance comme une revanche ?
Je ne prends ça pas comme une revanche, mais comme un déclic montrant que je suis de retour. J’espère confirmer ça cet hiver. Ça me donne de la confiance et valide tout ce que j’ai mis en place depuis deux, trois ans pour revenir au plus haut niveau.
- Vous avez partagé ce podium avec Yan Belorgey, votre coéquipier du Team Vercors Isère…
C’est quelque chose de fou ça aussi… Yan, c’est le gars qui est allé travailler en tant que paysagiste dans le sud lors des deux mois de reprise, il s’entraînait comme il pouvait. Là, il débarque, on est en chambre ensemble, il ne se prend pas la tête. Il est tout le temps là à déconner. Je me rappelle, à l’époque, il sortait des podiums en Samse en sprint classique alors que ce n’était pas du tout son domaine et, là, il nous a fait une spéciale Yan ! C’était royal, un très beau moment.
« Après un an à courir tout seul dans le vent, c’est juste incroyable de revoir tout ce monde »Camille Laude à Nordic Magazine
- Ces championnats de France marquaient également le retour du public sur les bords des pistes…
C’était vraiment dingue ça aussi. Tout était aligné pour que ça fasse de grosses émotions. Après un an à courir tout seul dans le vent, c’est juste incroyable de revoir tout ce monde, encore plus à la maison à Chamrousse. Ça fait un an qu’on n’a pas pu monter les bosses comme ça, sans sentir la fatigue et la douleur. Franchement, j’avais envie de taper dans les mains des spectateurs pendant la course !
- Ce retour du public montre à quel point il vous avez manqué…
Ça nous avait manqué et ça avait manqué aux gens aussi. J’ai parlé avec les gars de la Team Farté, ils n’en pouvaient plus de nous encourager devant l’écran. Ils voulaient ressortir la tronçonneuse et les cloches. J’ai vu des sourires sur les visages de tout le monde.
« Pour l’instant, je ne suis pas impatient de remettre les skis de fond »Camille Laude à Nordic Magazine
- Quelle est la suite du programme pour vous et tout le Team Vercors Isère ?
Il nous reste un dernier stage à la maison pour terminer le mois d’août. On y fera un test en poussée de quatre minutes en bosse, comme au début de l’été, pour voir la progression. Ensuite, on part en vacances avec toute la team, anciens et actuels membres confondus, à Hossegor pour couper après ce gros bloc estival.
- Avez-vous déjà hâte de remettre les skis de fond ?
J’aime beaucoup le ski-roues ! Souvent, ce n’est pas là où je suis le meilleur, mais ça a pas mal marché cette année. À l’entraînement, j’aime bien ça parce que ça nous ouvre à beaucoup de choses. Ça change de skier au soleil torse nu [sourire] ! Pour l’instant, je ne suis pas impatient de remettre les skis de fond…
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