ROLLERSKI – Aux dernières nouvelles, la coupe du monde de rollerski débutera le 31 juillet à Madona et prendra fin le 25 octobre à Pékin. En exclusivité pour Nordic Magazine, Alena Prochazkova, Moa Olsson et Victor Gustafsson, trois des grands protagonistes du circuit, évoquent leur pessimisme quant à la tenue de la saison estivale.
Si la coupe du monde de rollerski n’est plus en vogue chez les Français depuis l’époque Baptiste Noël/Romain Claudon/Igor Cuny, il s’agit d’une véritable institution en Italie où Matteo Tanel, vainqueur du globe de cristal l’été dernier, s’entraîne malgré la menace du coronavirus. C’est aussi le cas en Slovaquie grâce à Alena Prochazkova, triple vainqueure en titre de la coupe du monde à 35 ans. Contactée par Nordic Magazine, elle explique « courir, faire de la marche, du VTT, du cyclisme sur route ou de la musculation » pour se maintenir en forme. Se maintenir en forme ? Parce que la coupe du monde de rollerski est en grand danger à cause du coronavirus.
« Il n’est pas nécessaire de prendre des risques à tout prix. Je préfère la prudence. » (Alena Prochazkova)
L’étape italienne, qui devait conclure la tournée estivale avec notamment l’ascension de l’Alpe Cermis, a déjà sauté. Les courses chinoises, initialement prévues en début de programme, sont décalées à la fin du mois d’octobre. C’est donc à Madona (Lettonie), le 31 juillet, que devrait être donné le coup d’envoi de la coupe du monde. Mais tout est encore incertain.
« Les championnats suédois n’auront pas lieu cet été. Je suis vraiment inquiet que toute la saison soit annulée, ce serait triste, mais compréhensible. Il est difficile de rester motiver en ce moment alors que ce devait être ma dernière saison et que je visais que le classement général », avoue le Suédois Victor Gustafsson, 29 ans et champion du monde de la mass start l’été passé.
« La santé doit passer devant tout le reste, embraye Prochazkova. Nous faisons seulement du sport… À mon avis, il n’est pas nécessaire de prendre des risques à tout prix. Je préfère la prudence… »
Les déplacements en question
Qui dit coupe du monde de rollerski cet été, dit déplacements. Pour le moment, les athlètes devraient aller en Lettonie puis en Slovaquie avant de rejoindre Khanty-Mansiysk (Russie) afin d’y disputer les Mondiaux. Enfin, ils iraient à Pékin pour conclure la saison estivale. « J’adore voyager pour faire du ski-roues et j’espère qu’il sera possible d’en faire dans le monde entier cet été. Mais, bien sûr, cela doit être safe pour notre santé. Les restrictions de déplacement devront donc être, selon moi, modifiées avant de pouvoir concourir à l’étranger », indique Moa Olsson, titrée sur le sprint par équipes avec Linn Soemskar aux Mondiaux 2019.
« Au moment où ils relâcheront les restrictions de voyage, je prendrai en compte tous les paramètres possibles et je déciderai si le voyage en vaut vraiment la peine », prévient son compatriote Victor Gustafsson.
« Généralement, nous voyageons en voiture pour nous rendre sur les lieux de compétition, donc ça ne m’inquiète pas, sauf si nous sommes obligés de prendre l’avion, qui fait courir plus de risques. Par contre, j’ai peur que nous rencontrions d’autres personnes, ce qui est inévitable, lors des courses », révèle Alena Prochazkova.
« J’ai peur pour mes proches. C’est effrayant. » (Moa Olsson)
Pour la Slovaque, cet été devait être celui de la consécration puisqu’une étape de la coupe du monde est prévue chez elle à Banska Bystrica, les 14, 15 et 16 août. « J’attendais vraiment ces courses avec impatience… Elles se dérouleront dans ma ville natale !, s’enthousiasme-t-elle. Malheureusement, les préparatifs ont été arrêtés à cause de la Covid-19. C’est maintenant le ministère qui décidera de l’organisation, ou non, de cet événement en août. Cela me rend triste, mais j’espère que tout se passera bien et que les courses auront lieu. »
Ne pas participer à la propagation du virus
Une des préoccupations principales des trois spécialistes de rollerski interrogés est d’éviter de participer à la propagation du coronavirus par la pratique de leur sport. Si les activités en plein air, et donc l’entraînement avec des ski-roues aux pieds, n’ont jamais été interdites en Suède, la situation fait réfléchir Victor Gustafsson : « Il y a aussi la possibilité que je contracte le coronavirus sans le savoir [de manière asymptomatique, ndlr.] et que je participe à sa propagation. Certaines personnes pourraient alors avoir des symptômes et devenir très malades… Je connais des personnes qui ont été touchées par le coronavirus et qui vont bien aujourd’hui. Je n’ai pas peur mais je fais attention, notamment dans mon travail d’agent immobilier où je suis plus prudent que d’habitude. »
Même son de cloche du côté de Moa Olsson, 22 ans, qui « n’a pas peur pour ma propre santé mais pour les personnes âgées de ma famille et mes proches. C’est effrayant. J’espère vraiment que ce sera très vite fini… »
Le plaidoyer d’Alena Prochazkova pour le rollerski
« Cela fait trois ans que je fais beaucoup de rollerski en été. C’est une sorte de motivation pour moi. Plus tôt dans ma carrière, j’ai pu faire des podiums en hiver [spécialiste du sprint, elle est montée à six reprises sur le podium pour une victoire, en janvier 2009 lors des préolympiques à Whistler, ndlr.]. Mais j’ai commencé à avoir des problèmes de santé. En hiver, j’étais souvent malade et c’était de plus en plus difficile de garder la forme.
Par contre, l’été est une meilleure période pour mon corps. Les courses ne sont pas aussi intenses et professionnalisées qu’en hiver. Les skis à roulettes sont les mêmes pour tous les concurrents. C’est quelque chose de très juste. Toute la communauté est très sympathique et je m’y sens très bien. J’espère que dans le futur plus de pays participeront à la coupe du monde. Actuellement, il n’y en a qu’une quinzaine… »
Photos : Flavio Becchis.