Consultante biathlon pour Nordic Magazine durant cette quinzaine olympique, l’ex-championne du monde et médaillée olympique Sandrine Bailly dresse un bilan contrasté des Jeux olympiques des biathlètes français. Outre la satisfaction côté Martin Fourcade, Jean-Guillaume Béatrix ou Anaïs Bescond, les bleus ont manqué de réussite sur les épreuves collectives. Son analyse…
Martin Fourcade et Darya Domracheva, roi et reine du biathlon à Sochi
C’est clair, encore fallait-il le faire. Pas évident vu l’attente sur Martin Fourcade et pour Darya, elle montait en puissance et n’avait pas encore beaucoup gagné sur la saison. Elle avait toujours un petit détail qui n’allait pas durant la coupe du monde mais sur ses Jeux, elle a tout mis en face et s’est retrouvée très très forte. En ski, elle n’a jamais été inquiétée et a su être en forme au bon moment.
La confirmation de Jean-Guillaume Béatrix
Il a fait son premier podium à Anterselva, c’était bien de le confirmer aux Jeux. C’est la bonne surprise d’un outsider qui réussit au bon moment. Il y a eu moins de surprises qu’il y a quatre ans… et donc moins de médailles pour les bleus. Avec quatre médailles, le bilan reste positif.
Moins de réussite pour les autres Français
Oui, Simon à l’individuel termine tout près… Mais aux Jeux, il faut être parfait. Simon Desthieux n’était pas si bon qu’en début de saison où il a été très bon. Il a fait ce qu’il a pu sur le relais… après individuellement, ça n’a pas joué comme il voulait. Il est jeune et a senti, dès Anterselva fin janvier, qu’il était un peu cuit. Il faudra qu’il soit plus vigilant pour les prochaines grandes échéances. Alexis Boeuf a vécu des Jeux dans une grande méforme. En a-t-il trop fait cet été ? Pas assez ? Trop dispersé par ailleurs dans l’extra-sportif ? Il a sa propre réponse…
Anaïs Bescond, la satisfaction de l’équipe ?
Oui, elle sait qu’elle peut gagner et ça se voit. Elle a joué souvent parmi les meilleures. J’espère que c’est de bon augure pour la fin de saison. Elle a besoin d’essuyer ses larmes après sa « non médaille ». Elle s’est stabilisée en tir et elle doit continuer sur cette lancée. Elle doit claquer la performance pour faire taire les commentateurs incompétents.
Marie Dorin-Habert de retour…
Marie revient gentiment. Evidemment, elle a manqué de rythme dans la compétition. Son gros point positif reste sa précision au tir même si elle manque de vitesse, ça reviendra avec les courses. Elle sera bien pour la fin de saison, reste à savoir dans quelle mesure sa blessure la perturbe.
Marie-Laure Brunet, pause obligatoire ?
J’espère qu’elle saura prendre la bonne décision. Elle alterne entre le bien et le moins bien depuis le début de saison. Il n’y a rien de logique dans ces alternances de forme. C’est pas du tout dans son caractère de stresser à ce point pour une épreuve : c’est une battante qui va de l’avant. Je la connais plus à l’offensive, volontaire, qui a la gnaque…
Zéro pointé chez les dames, inquiétant ?
Inquiétant n’est pas le bon terme quand on voit Marie et surtout Anaïs qui ont fait de bons jeux. Ce qui m’inquiète c’est vraiment l’état de santé de Marie-Laure. Anaïs Chevalier incarne l’avenir. Pour Marie, j’ai vraiment de la tristesse quand je vois la poisse qui a été la sienne avant la saison et même pendant ses Jeux. Elle n’a pu les disputer en pleine possession de ses moyens.
Les collectifs passent à côté de la médaille…
Encore une fois, il n’y a pas eu de miracle malgré la victoire des Français à Anterselva alors que les trois autres relais de la saison, ils sont loin. Les équipes qui gagnent sont très fortes, très homogènes. Il fallait compter sur les erreurs des autres, ils n’en ont pas fait… Il fallait être parfait chez les hommes pour espérer revenir. Les nations sur les podiums ne viennent pas de nulle part. Chez les hommes, Svendsen a peut-être cru que c’était fait pour la médaille… et il est passé à côté. La preuve que ça peut arriver à tout le monde.
La composition des relais hommes et dames était-elle optimale ?
On peut toujours se reposer mille questions quand ça n’a pas marché. J’ai été surprise de voir Alexis remplacer Simon Fourcade. Le staff a préféré miser sur l’explosivité d’Alexis plutôt que l’inexpérience de Quentin Fillon-Maillet. Idem chez les dames où ils auraient pu faire appel à a remplaçante mais le malaise de Marie-Laure était tout sauf prévisible ! Quoiqu’il arrive, il faut faire confiance aux entraîneurs qui connaissent bien leurs athlètes et font leur meilleur choix pour les épreuves.
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1 Commentaire(s)
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Dominique MAUROY
26/02/2014 à 9 h 41 min
Très belle, construite et respectueuse analyse .. MERCI !!