Saut à ski | Combiné nordique : le bilan d’Etienne Gouy
Directeur des équipes de France de saut à ski et de combiné nordique depuis maintenant un an, le Dauphinois Etienne Gouy a dirigé, cet hiver, des groupes tricolores présents sur tous les fronts : coupe du monde, Mondiaux juniors, Jeux olympiques de la jeunesse, FESA Cup, coupe continentale ou FIS Cup.
Pour Nordic Magazine, il a accepté de tirer le bilan de cette saison 2023/2024 marquée par des réussites comme des échecs.
Saut à ski féminin : « Par rapport à l’investissement que Joséphine Pagnier y met avec les coachs, c’est mérité et une belle récompense ! »
« L’hiver de Joséphine Pagnier a été un beau rayon de soleil ! On s’attendait à ce qu’elle brille, mais peut-être pas aussi haut et aussi fort. C’était une belle surprise qui donne de l’espoir. Après, elle a eu un petit coup de moins bien en milieu de saison, puis est redevenue solide en fin d’hiver, manquant le podium pour quelques dixièmes. Elle finit septième du classement général. Par rapport à l’investissement qu’elle y met avec les coachs, c’est mérité et une belle récompense ! C’est un poncif, mais cela prouve aussi que le travail paye. On sait faire du saut en France. »
« Emma Chervet, derrière, fait une super saison ! En l’absence de Julia Clair, blessée, elle s’est démarquée en faisant plusieurs manches finales en coupe du monde. Elle se construit tout comme Lilou Zepchi qui a fait des podiums en FIS Cup et des tops 10 en coupe intercontinentale. »
Combiné nordique masculin : « Mattéo Baud réalise globalement une belle saison »
« Le fait d’avoir eu de bons résultats l’année dernière et de ne pas avoir décroché de contrats dans des administrations comme la douane ou l’armée, les garçons [Mattéo Baud et Laurent Muhlethaler, NDLR] ont eu du mal à le digérer. Ils ont mis de l’énergie là-dessus et la FIS a changé plusieurs points de règlement plutôt tardivement. Le body scan n’est arrivé qu’en septembre et cela a profité aux grosses nations, très réactives. Nous, on a un peu subi cela ! »
« Le début de saison a été un peu compliqué, ce qui a entraîné une rapide perte de confiance. Pour la retrouver, c’est délicat ! Malgré tout, Mattéo Baud réalise globalement une belle saison avec trois top 10. Laurent Muhlethaler, de son côté, est tombé malade au moment où il revenait et où on sentait qu’il commençait à se reconstruire. Ensuite, il a fait une pause pour s’aérer la tête et revenir plus fort. »
« Derrière, on a Marco Heinis qui fait dix-huitième, sa meilleure performance en coupe du monde. Il doit se construire. Le plus décevant cette saison, c’est Antoine Gérard qui, lui, a pris un contrat [avec la Police, NDLR], mais n’a marqué que peu de points en coupe du monde. C’est un peu le point noir de l’hiver, comme pour Gaël Blondeau dont les résultats sont moins bons qu’espérés. Globalement, ce n’est donc pas un hiver à la hauteur des espérances même si on a gagné un quota en plus pour l’année prochaine. Il ne faut pas s’arrêter là et performer ! »
Combiné nordique féminin : « Les performances de Léna Brocard sont très positives »
« Pour les filles, les performances de Léna Brocard sont très positives avec de nombreux top 10 et la huitième place du classement général final. Il y a une petite frustration parce qu’elle n’est pas montée sur le podium. À chaque fois qu’elle aurait pu le faire, il y a eu des faits de course qui ne sont pas allés dans son sens, comme des chutes. Sinon, la progression est là, avec une amplitude de mauvais sauts bien réduite. En ski de fond, il manque encore un petit peu de finish et de placement, mais c’est une belle saison. »
« Dessous, Romane Baud a fait sa première Coupe du Monde et y a marqué des points. En FESA Cup, elle était avec Marion Droz Vincent et quelques autres filles qui montrent le bout de leur nez, ce qui est plutôt encourageant. Cela manque encore de filles, mais il y en a quelques-unes avec une belle progression chez les jeunes ! »
Saut à ski masculin : « Une petite équipe est en train de se former »
« Côté masculin, ce n’est pas encore très joli sur le papier parce qu’on attend mieux que de marquer des points, mais on sent que ça va dans le bon sens. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas fait un top 30 chez les garçons, donc c’est un plus ! Dessous, en FIS Cup et en coupe continentale, il n’y a pas eu de podiums, mais des places dans le top 10. Une petite équipe est en train de se former. Je ne dis pas qu’on aura une médaille en 2026, mais pour 2030, je crois qu’on est capable de construire quelque chose de beau si on continue comme cela. »
« Ce qui a vraiment changé en un an, c’est l’arrivée de Nicolas Dessum et l’entraînement estival avec les filles. Voir leur professionnalisme et la coopération entre les coachs a été hyper profitable. On sent que c’est structuré et qu’il y a des idées derrière. Les athlètes adhèrent à ce qui est mis en place. »
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