Saut à ski : « Il y a une urgence », estime Franck Salvi
A 60 ans, Franck Salvi va découvrir, à partir de ce lundi, ses nouveaux élèves. C’est qu’il a accepté, cette semaine, de reprendre le poste de chef d’équipe du saut à ski masculin français. Un rôle qu’il avait déjà occupé dans les années 1990, quand Didier Mollard, Nicolas Jean-Prost, Steeve Delaup ou Nicolas Dessum écumaient le circuit de la coupe du monde. « C’est une belle histoire », estime-t-il.
Avant de partir en stage à Planica (Slovénie) jusqu’à samedi, le Dauphinois se confie à Nordic Magazine. Entretien tout en franchise.
- Pouvez-vous expliquer comment vous êtes arrivé à occuper de nouveau ce rôle de chef d’équipe du saut à ski masculin français ?
Au départ, j’ai postulé pour reprendre le poste de Jérôme Laheurte [directeur des équipes de France de saut à ski et de combiné nordique jusqu’à l’année dernière, NDLR]. Avec mon parcours, je trouvais que cela faisait sens. Finalement, avec la situation qui a traîné à la Fédération, il a été décidé de supprimer ce poste pour nommer trois chefs d’équipe. On m’a donc fait la proposition de prendre les sauteurs masculins. Ce n’était pas mon projet initial, mais j’ai réfléchi un moment et j’ai accepté. Le saut hommes est, actuellement, dans la situation la plus compliquée et je me suis dit qu’il fallait se lancer là-dedans.
- Vous héritez effectivement d’une situation difficile, avec une équipe ne parvenant plus à entrer dans les points en coupe du monde…
Il y a une urgence. Si on reste dans ce niveau-là, mauvais, on va disparaître. Pour le moment, on a la chance que la Fédération, même si ce ne sont pas des budgets élevés, nous aide, mais on pourrait imaginer, à terme, qu’on nous dise : « Stop, on met le paquet sur ceux qui font des médailles. »
- Considérez-vous être en mission de sauvetage ?
C’est un mot un peu fort, mais il faut vraiment s’y mettre. On ne peut pas rester indéfiniment dans cette situation où on marque péniblement des points en coupe du monde et où on ne se qualifie pas pour les Jeux olympiques. Je pense qu’avec le potentiel des gars qu’on a, on peut faire de belles choses et avoir une équipe solide. Le problème, c’est que le saut français est toujours au bord de la rupture. Au-delà du coaching de l’équipe, j’ai donc envie de mettre de l’énergie sur la construction d’un système un peu plus pérenne.
- Vous avez été nommé début juillet, tard dans la saison : est-ce préjudiciable ?
D’abord, comme je suis un ancien coach qui a une vision extérieure de l’équipe de France, il faut que je fasse attention à bien observer le groupe pour ne pas arriver avec des solutions pas adaptées à la situation réelle. Il y a un caractère d’urgence, mais, malgré cela, il ne faut pas paniquer et je me refuse d’arriver avec une méthode arrêtée. Même si j’ai des idées de choses à mettre en place, je vais donc observer pour valider tout cela. C’est pour cette raison qu’on part à Planica [en Slovénie, NDLR] dès lundi. C’est un stage qui était prévu avant ma nomination pour les plus jeunes et on va intégrer les trois hommes phares [Valentin Foubert, Mathis Contamine et Alessandro Batby, NDLR]. Cela va être un bon moyen de les voir vivre et fonctionner. On montera ensuite des plans en pensant à l’urgence du Grand Prix de Courchevel, prévu dans un mois et où je veux qu’au moins un des gars fasse tous les sauts.
- Mathis Contamine expliquait dans nos colonnes que les dernières semaines avaient été difficiles…
C’est vrai qu’ils ont passé un printemps particulier… Même si on leur disait de ne pas s’inquiéter et qu’on s’occupait d’eux, ce n’était pas facile. Je suis sûr que, tous les jours, ils ont eu un coach pour s’occuper d’eux à Courchevel, mais ce n’est pas pareil qu’avoir un entraîneur attitré, comme c’est maintenant le cas.
- De quels sauteurs précisément allez-vous vous occuper ?
Officiellement, en équipe de France, il y a Mathis Contamine et Valentin Foubert dans le groupe B ainsi que Jules Chervet et Enzo Milesi en jeunes/juniors. Mais ce n’est qu’un statut, défini par rapport aux résultats précédents. Moi, je considère qu’ils sont trois dans le premier groupe, avec Alessandro Batby en plus. Ce sont tous des garçons de qualité, qui ont déjà fait, au moins une fois, des bons sauts en compétition internationale. Mais il ne faut plus que ce soit une fois sur cent. Il faut stabiliser tout cela à un niveau solide. Chez les juniors, le groupe est également plus large que sur le papier parce que l’on va donner sa chance à tout le monde. En France, on ne peut pas se permettre de virer des gars comme cela.
- Il s’agit d’un retour pour vous, après un premier passage comme entraîneur de l’équipe de France de 1991 à 1998…
On pourrait croire qu’on a déterré un vieux coach, mais je suis délégué technique FIS depuis longtemps ! J’ai fait les JO 2006 en tant que DT assistant, ceux de 2018 comme DT et les finales de vol à ski de Planica pendant de nombreuses années. L’hiver dernier j’étais expert avec les Chinois jusqu’aux Jeux. Je vois beaucoup de compétitions ! Comme je le dis souvent, si j’arrive à régler l’élan pour les meilleurs du monde, je sais ce qu’est un bon ou un mauvais saut. J’ai donc toujours été dans le milieu.
- Quelle va être la stratégie au niveau des inscriptions sur les compétitions internationales ?
On pourrait aller sur une coupe du monde et se dire que, sur un malentendu, on peut faire un coup parce qu’il manque quelques sauteurs étrangers. Mais, moi, je veux construire quelque chose de solide et pas faire un coup de temps en temps. Si tu marques des points parce qu’il n’y a personne et en sautant pas très bien, tu sais très bien que le week-end suivant tu vas prendre tarif (sic). Il ne faut pas résonner de cette manière et travailler pour aller sur une coupe du monde quand on sera prêt !
- D’ailleurs, connaissez-vous vos nouveaux athlètes ?
Je connais les sauteurs, eux me connaissent, mais on ne s’est jamais vraiment parlés ! Je n’ai aucun lien avec les trois gars de l’équipe. Même si je suis au club de Courchevel comme eux, je n’ai jamais été leur coach. Pour eux, j’ai toujours été un officiel. Cela va donc être intéressant de les voir au quotidien, notamment pour regarder comment ils se comportent.
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