Saut à ski : Julia Clair sur le chemin du retour
Au début du mois de juillet, la sauteuse à ski doubiste Julia Clair, 29 ans, a été victime d’une vilaine chute à l’entraînement à la réception d’un bond effectué à Chaux-Neuve (Doubs). Gravement touchée au genou droit, la doyenne de l’équipe de France, la Xonrupéenne a été opérée quelques semaines plus tard et est actuellement en pleine rééducation.
Deux mois après son passage entre les mains du chirurgien Julia Clair se confie à Nordic Magazine. Entretien.
- Deux mois après l’opération, comme allez-vous ?
Ça va ! Je viens de sortir sans béquilles d’un deuxième passage à Hauteville [pour la rééducation au centre hospitalier, NDLR] la semaine dernière. Je peux reconduire tranquillement, reprendre la marche et quelques autres activités, ce qui fait du bien au moral !
- Quel a été votre quotidien depuis votre passage entre les mains du chirurgien fin juillet ?
Je me suis fait opérée et je suis directement partie, dès le lendemain matin, à Hauteville. J’ai fait quasiment trois semaines là-bas. C’était bien parce que tout y est encadré, notamment pour les soins post-opératoires. Ensuite, je suis rentrée un petit mois à la maison avec de la kiné deux, trois fois par semaine et des exercices quotidiens. Je suis ensuite retournée à Hauteville pour la seconde phase de la rééducation avec le retour du renforcement musculaire et la fin des béquilles.
- Concrètement, comment va votre genou droit dont le ménisque et les ligaments croisés antérieurs ont été rompus lors de votre chute ?
J’ai encore quelques petites douleurs, mais, honnêtement, il va plutôt bien ! Même si c’est encore léger, cela fait vraiment du bien de reprendre le renforcement musculaire, notamment pour le moral. Pour la suite, la réathlétisation devrait débuter en décembre ou janvier à Albertville.
- Justement, comment vous sentez-vous mentalement ?
Le fait de ressortir d’Hauteville sans les béquilles et de reprendre une vie plus ou moins normal fait du bien. Lors du premier mois, je n’avais pas le droit à l’appui donc je devais tout faire avec les béquilles et être assistée pour beaucoup de choses. Je ne pouvais notamment pas conduire.
- Pouvez-vous nous raconter cette matinée du 11 juillet, jour où vous vous êtes blessée sur le tremplin de la Côte Feuillée de Chaux-Neuve (Doubs) ?
C’était une journée d’entraînement normale. On avait sauté la veille aux Tuffes et on est allés à Chaux-Neuve pour cette séance. C’était le troisième saut de la matinée. Le deuxième, je ne suis pas allée loin donc on a gardé la même barre d’élan. C’était un meilleur saut, mais je panique un petit peu en vol. S’il y a quelque chose qu’on nous apprend en faisant du saut à ski, c’est de garder les jambes tendues pendant tout le vol et, là, j’ai peur d’aller loin et pour mes genoux : je plie donc les jambes. Je tombe de haut et en arrière et j’entends, au moment où je pose le pied au sol, le bruit de mon genou, que je sens partir… J’ai tout de suite su que c’était grave.
- Comment vous sentez-vous à ce moment ?
Je crois que j’étais plus énervée qu’autre chose. Sur le coup, je ne suis pas sûre de m’en rendre compte, mais c’est une erreur de ma part. En bas, j’étais vraiment énervée contre moi-même parce que ça fait chier (sic) ! Ce n’est pas ma première blessure au genou [le gauche avait été touché en 2019, NDLR] et je sais tout ce qui arrive après entre l’opération, la rééducation, la réathlétisation et la reprise du saut.
- Votre objectif est-il de revenir le plus vite possible ou de prendre votre temps pour ne plus être embêtée par des douleurs ?
Le plus dur, au début, était de digérer et d’accepter tout cela. Reprendre une vie normale fait du bien, mais je sais aussi, par l’expérience, qu’il faut être patiente. Ce n’est pas un sprint. Je ne pense pas faire une course contre-la-montre pour faire quelques sauts en mars. Cela ne me paraît pas envisageable et n’aurait pas d’intérêt de vouloir tout faire à fond pour reprendre vite la compétition. Au contraire, il faut que je fasse en sorte de revenir à 100 % de mes capacités sans mettre la rééducation en danger. Le plus dur sera plus tard avec la réathlétisation et les séances en salle de musculation en voyant les autres sauter.
- Cette blessure aurait-elle pu mettre fin à votre carrière ?
Je me suis posée des questions parce que ce n’est pas ma première blessure et je ne suis plus au début de ma carrière, mais il y a des Jeux olympiques qui arrivent dans deux ans ! Sur la coupe du monde aussi, d’ailleurs, il y a de belles choses. L’hiver prochain, notamment, je suis déçue de ne pas pouvoir être sur le début de la Tournée des Quatre Tremplins à Garmisch-Partenkirchen et Oberstdorf. C’est quelque chose que j’aurais voulu faire comme le vol à ski qui a toujours été un rêve. Il y a encore de beaux objectifs et je crois que je peux encore être performante. C’est cela qui m’aide à continuer !
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