Après avoir défendu l’arrivée du vol à ski dans le saut spécial féminin, la Vosgienne Julia Clair revient pour Nordic Magazine sur sa saison 2020/2021 de coupe du monde. Régulière dans le top 20, elle n’est parvenue à entrer dans les dix qu’à une seule reprise. Retour sur l’hiver frustrant de Julia Clair, dix-huitième mondiale. Entretien.
- Un mois environ après la fin de votre hiver 2020/2021, qu’avez-vous pensé de vos performances ?
Je ne pourrais pas dire que j’en suis satisfaite, mais je ne peux pas non plus dire que j’en suis déçue. C’était frustrant. Dix-huitième mondiale, c’est mon deuxième meilleur résultat en coupe du monde. Sur le contenu, je suis un petit peu déçue parce que ça se passait bien à l’entraînement dès le début de la saison, j’étais en forme, et j’ai l’impression de ne pas avoir réussi à concrétiser en compétition. Je n’ai pas eu l’impression d’avoir bien sauter de tout l’hiver. Même si je suis régulière, j’aimerais bien passer l’étape suivante pour pouvoir jouer régulièrement dans les dix.
- Comme vous l’avez dit, vous avez été régulière dans le top 20 sans parvenir, sauf une seul fois à Rasnov (Roumanie), à entrer dans le top 10 : que vous a-t-il manqué ?
Je n’ai pas encore fait le bilan avec les coachs mais ce que j’en pense, c’est que mon niveau global, de saut et de technique, est bien monté, ce qui m’a permis d’être plus régulière. Par contre, c’est dans la tête qui m’en a manqué : l’idée de jouer, de mettre les carres sur la table quand c’est le moment, d’être conquérante dans ces moments-là. C’est quelque chose qui se travaille à l’entraînement et sur les compétitions estivales.
« Les Mondiaux étaient clairement une déception »Julia Clair à Nordic Magazine
- Comment vous sentez-vous depuis votre grave blessure au genou ?
Après une vraie saison de préparation comme une sauteuse, il fallait reconstruire techniquement parce que le saut féminin évolue très vite. Là-dessus, j’ai passé un cap qui m’a donné ma régularité de l’hiver dernier. Physiquement, je me suis adaptée aussi parce que je voulais me sentir plus forte. Musculairement, j’essaye de minimiser les risques de rechute. Techniquement et physiquement, je me sens donc plus forte.
- Aux championnats du monde d’Oberstdorf (Allemagne), vous terminez 17e au petit tremplin et 20e au grand tremplin : vous visiez plus haut…
En faisant huitième à Rasnov juste avant et me sentant montante, je m’attendais forcément à mieux. Sur le petit tremplin, c’était compliqué aux entraînements et, avec la pression de l’événement, je me suis perdue lors de la première manche. En manche finale, je fais le dixième saut, qui me permet de remonter et qui me montre que j’avais les capacités. Sur le gros, ça se passe plutôt bien aux entraînements, ce qui fait que je suis bien déçue par la compétition, qui est à l’image de la saison avec cette petite peur quand je mets le dossard. C’était clairement une déception.
« D’ici la fin de ma carrière, ce sera difficile de faire des par équipe aux Jeux olympiques ou aux Mondiaux »Julia Clair à Nordic Magazine
- Avez-vous une idée d’où vient cette « petite peur » ?
Honnêtement, si j’avais vraiment une idée, ce serait plus facile pour moi. C’est le recul de la saison qui me fait dire ça. Je pense que c’est un cap à passer, un axe de travail pour cet été. J’ai fait évoluer beaucoup de choses et c’est la prochaine étape à passer : tout mettre en place mentalement quand j’ai un dossard sur le dos.
- Avec la retraite de Lucile Morat, vous n’êtes plus que trois dans le groupe avec Joséphine Pagnier et Océane Avocat-Gros : est-ce une déception de ne plus être assez pour former une équipe ?
Je suis un petit peu déçue parce que d’ici la fin de ma carrière, ce sera difficile de faire des par équipe aux Jeux olympiques ou aux Mondiaux… Ce sont toujours des compétitions un peu spéciales, mais on est plus que trois. Il va falloir progresser à trois et jouer notre carte à fond sur les concours individuels.
« J’adore ce que je fais, je prends du plaisir à aller m’entraîner tous les jours et à aller en compétition »Julia Clair à Nordic Magazine
- De l’équipe montée sur le podium lors de la coupe du monde par équipe d’Hinterzarten (Allemagne) en décembre 2017, vous êtes la seule encore engagée sur le circuit : Lucile Morat, Léa Lemare et Romane Dieu ont toutes les trois arrêtées. Imaginiez-vous ça à l’époque ?
Quand je regarde ce podium aujourd’hui, je ne pensais que je serais la dernière encore en carrière parce que j’étais la plus âgée de toutes. J’adore ce que je fais, je prends du plaisir à aller m’entraîner tous les jours et à aller en compétition. Je suis un petit peu déçue qu’on se retrouve à trois seulement alors qu’on était un beau groupe il y a quelques années.
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