Caroline Espiau, reine de l’innovation
Jusque-là, le secret était enfermé dans son atelier autranais posé au pied du tremplin du Claret, là où, enfant débarquée de Paris, elle s’était essayée au saut à ski pour la toute première fois.
Elle, c’est Caroline Espiau, 28 ans et ancienne sauteuse de l’équipe de France féminin dont la carrière a brutalement pris fin à quelques mois des Jeux olympiques de Sotchi 2014, genou dans le sac après une chute à l’entraînement.
« Le saut n’est pas un gros milieu, mais c’est un milieu de requins dans lequel tout le monde s’arrache la moindre nouveauté »Caroline Espiau à Nordic Magazine
Après six années enrichissantes de recherche & développement pour mettre au point son propre tissu de combinaison de saut à ski, Caroline Espiau, qui cousait ses propres combinaisons lorsqu’elle était sur le circuit, est parvenu à ses fins. « Il y a quelques semaines, j’ai enfin réussi à sortir un bon tissu qui respecte tout le cahier des charges de la FIS sur la perméabilité, l’épaisseur, le poids et la rugosité des tissus », se félicite celle qui réalisait les combinaisons des combinés de l’équipe de France entre 2016 et 2018.
« Mon but n’était pas juste de sortir un tissu comme les autres, reprend-elle. La marge de manœuvre pour innover, à la lecture du cahier des charges, est mince, mais il y a une petite faille dans laquelle je me suis engouffrée. » Une brèche qu’elle ne peut pour l’heure expliquer dans les détails mais qui va donner un coup de fouet à l’innovation dans le petit monde du saut à ski.
Une innovation par ailleurs mise au point avec l’aide d’un ingénieur d’une usine avec qui elle a signé un contrat d’exclusivité, pour se protéger. « Le saut n’est pas un gros milieu, mais c’est un milieu de requins dans lequel tout le monde s’arrache la moindre nouveauté », explique la consultante d’Eurosport.
Du jamais vu dans le monde du saut à ski
Une nouveauté qui ne constitue pas une révolution dans le monde du saut à ski, selon Caroline Espiau : « Mais c’est une petite innovation qui va avoir son importance lors des compétitions parce qu’elle va apporter des choses en plus sur la vitesse et la portance. Depuis que je fais des combinaisons, j’ai gardé un échantillon de tous les tissus que j’ai utilisé pour les décortiquer et ça ne s’est jamais vu », raconte-t-elle.
« Les grandes nations se battent pour avoir un contrat d’exclusivité dans l’optique des Jeux de Pékin 2022 »Caroline Espiau à Nordic Magazine
Validé par les tests en laboratoire, mais pas encore testé en conditions réelles de vol, ce tissu innovant s’arrache déjà entre les grandes nations du saut à ski. « Ils se battent pour avoir un contrat d’exclusivité avec moi dans l’optique des Jeux de Pékin 2022, indique Caroline Espiau, des étoiles dans les yeux et qui ne parvient pas encore à réaliser. Ce sera à moi de choisir… Peut-être que voir mon tissu sur un athlète me fera réaliser ! »
Si les stars du saut à ski se mènent une guerre pour obtenir son tissu, c’est que Frédéric Zoz, premier coach de Caroline Espiau et actuel entraîneur adjoint de la Finlande en charge des combinaisons, épaule son ancienne élève. « Il est toujours sur le circuit de la coupe du monde où il voit beaucoup de choses en pouvant échanger avec tout le monde. Il m’apporte des idées. C’est le seul au courant de tout ce que je fais. Même si c’est mon projet, il m’a été et me sera encore d’une aide précieuse », remercie l’Autranaise.
« La petite Caro qui fait ses tissus dans son coin sait entreprendre et innover »Caroline Espiau à Nordic Magazine
La prochaine étape pour Caroline Espiau, qui continue en parallèle de fabriquer les combinaisons de la Doubiste Joséphine Pagnier, c’est le test sur tremplin. « Le test fatal » comme elle l’appelle : « Ce sera à la fin mai avec un seul athlète, à un seul endroit, mais avec trois combinaisons différentes », détaille-t-elle.
Des essais finaux qui mettront fin à six ans d’une quête personnelle qui a permis de montrer que « la petite Caro qui fait ses tissus dans son coin sait entreprendre et innover ». Pour l’amour du saut à ski et avec un œil sur le tremplin de ses débuts.
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1 Commentaire(s)
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Philippe CHAPEAUX
05/05/2021 à 17 h 48 min
Voilà une « petite » française qui a des idées, qui croit en ce qu’elle fait …..et qui, je le lui souhaite, va pouvoir trouver une juste récompense à sa persévérance ???
Souhaitons lui que la FIS croit elle aussi en elle et que les sauteurs français en soient pourvus en priorité …..et après, Caroline Espiau, rentabilise tes recherches et fait payer « ces requins » !
Félicitations Caro ?