SAUT À SKI – Le sauteur courchevelois Mathis Contamine a terminé dixième des Mondiaux juniors à Oberwiesenthal (Allemagne). Il répond en toute franchise aux questions de Nordic Magazine sur sa saison marquée par plusieurs phases importantes dans la construction de sa carrière.
Revenu en France samedi dernier après l’annulation de la fin du Raw Air, Mathis Contamine (18 ans) a commencé à récupérer physiquement et mentalement d’une saison harassante, bien que raccourcie à cause du virus Covid-19. L’expérience de la Tournée, des Mondiaux juniors qu’il juge bons ou la frustration de ne pas avoir sauté à Vikersund, le Courchevelois répond à toutes les questions de Nordic Magazine.
- Vous avez passé beaucoup de temps sur la coupe continentale cet hiver : comment cela s’est passé ?
Dans l’ensemble, c’était plutôt pas mal. Ça a été une grosse saison intense avec beaucoup de compétitions. Il y a eu des hauts et des bas. Il n’y avait pas de réel objectif sur ce circuit puisque seuls les Mondiaux juniors d’Oberwiesenthal étaient vraiment mon but cette année. Le tout était vraiment de continuer à progresser dans cette optique-là.
- Vous terminez dixièmes des championnats du monde juniors disputés sur le Fichtelberg Schanze, un tremplin très venté…
On savait que ça allait être compliqué à cause du vent. Mais le jury a été plutôt bon pour que ce soit fair play pour tout le monde. Les Mondiaux se sont bien passés pour moi. J’accroche le top 10, mais il y avait encore moyen d’aller jouer devant. On est au niveau, l’objectif a été rempli.
- Il y a deux ans, vous étiez 34e des Mondiaux juniors, 26e l’année passée et 10e en 2020. Vous visez le podium dans un an ?
On va voir comment cela évolue cet été mais, dans l’idée, oui, le podium sera un objectif l’année prochaine.
« Ça m’a vraiment ouvert les yeux sur le niveau coupe du monde »
- Vous avez également participé à la Tournée des Quatre Tremplins durant l’hiver : avez-vous été frustré de ne pas accrocher un KO-system ?
Forcément ! Quand tu y vas et que tu vois ce qu’il s’y passe, comment c’est en vrai, c’est frustrant parce que tu aurais aimé vivre ça. Ça n’a pas été loin parce que je fini deux fois 53e à moins d’un mètre de la qualification. Il n’y avait pas vraiment d’objectif parce qu’avant le début de l’hiver, je ne pensais même pas monter en coupe du monde.
- Que retirez-vous de cette expérience, nouvelle pour vous ?
Je m’étais déjà entraîné avec les meilleurs mondiaux. Mais, en allant là-bas, je ne m’attendais à ce que le niveau soit si élevé et dense. Ça m’a montré qu’il fallait encore plus s’entraîner, tout donner. Les gars vivent vraiment de ça et sont à fond. Ça m’a vraiment ouvert les yeux sur le niveau coupe du monde. Je ne pensais pas qu’il était aussi dur que cela.
« Un officiel de la FIS est entré dans le bus et nous a dit que c’était annulé »
- Pour terminer la saison, vous deviez terminer le Raw Air mais, après la qualification de Trondheim, tout a été annulé à cause de la pandémie de coronavirus : comment cela a été géré sur place ?
On était tous dans le bus pour rejoindre le tremplin, vers 14 heures 30, et un officiel de la FIS est entré pour nous dire que c’était annulé. On est donc retournés à l’hôtel. Le discours que le président Macron a fait le soir [annonçant, notamment, la fermeture des écoles, lycées, universités, ndlr.], la Première ministre norvégienne [Erna Solberg] l’avait fait à 14 heures. À ce moment-là, tout a été annulé. Pour les coachs, ça a été un peu le problème pour trouver des avions pour rentrer. Par chance, on a réussi à avoir un vol le lendemain.
- Après Trondheim vous deviez aller à Vikersund pour réaliser vos débuts en vol à ski, finalement annulés…
C’est un peu ça le plus frustrant. C’est ce qui me donnait le plus envie. J’étais principalement venu pour ça. Il faudra donc attendre l’hiver prochain mais c’est comme ça. J’arriverai un peu plus fort et avec un meilleur niveau coupe du monde. C’est un mal pour un bien finalement.
- Comment se déroule votre confinement depuis votre retour de Norvège ?
J’ai fais une journée de ski libre avant que ça ferme puis deux jours de rando. Depuis, c’est confinement à la maison. On s’ennuie un peu. Je me repose parce que j’ai terminé la saison un peu fatigué. J’attaque aussi les devoirs parce qu’il n’y a pas le choix… Sinon, je ne fais pas grand chose de la journée. Je vais recommencer l’entraînement seul chez moi.
Photos : Nordic Focus, Studio2media | Marko Unger, Instagram.