Saut à ski : Joséphine Pagnier a gagné une coupe du monde
Le week-end dernier, la sauteuse à ski française Joséphine Pagnier a fait des tremplins olympiques de Lillehammer (Norvège) ses terrains de jeu. Samedi, d’abord, elle lançait son hiver de coupe du monde en terminant deuxième sur le petit tremplin. Déjà, la performance était magnifique et permettait à la Chaunière d’aborder le reste de la saison avec sérénité.
Ainsi, ce qu’il s’est passé ce dimanche sur le grand tremplin lillehamring – là où Jens Weissflog a remporté l’or des Jeux de 1994 – dépasse l’entendement. Qui aurait imaginer voir la Haut-Doubiste remporter son premier concours de coupe du monde au pied de la vasque siglée des mythiques anneaux olympiques inventés au début du siècle dernier par Pierre de Coubertin ? Pas grand monde. Et même pas la principale intéressée.
Une victoire inattendue
« Honnêtement, je m’attendais à tout sauf à cela », avouait-elle effectivement dans la soirée à Nordic Magazine en plein cœur d’un marathon médiatique inédit et inhabituel pour la timide – même si elle s’en défend – sportive franc-comtoise. « Ce n’était pas inattendu parce qu’on savait qu’elle était capable de remonter sur le podium, mais, après sa saison délicate de l’année dernière, on ne s’attendait pas à ces résultats d’entrée de saison, confirmait ensuite Etienne Gouy, directeur des équipes de France. Ce qui est très fort, c’est qu’on change de tremplin et qu’elle surfe sur la vague en restant sur ce qu’elle avait à faire. »
De sa victoire, Joséphine Pagnier retient principalement « du bonheur ». « C’est un des plus beaux souvenirs de ma vie, continuait-elle. En manche finale, quand j’ai atterri, je savais au fond de moi que j’avais gagné. J’avais vu la ligne et je me doutais que j’étais devant. On n’est jamais sûre, mais c’était beaucoup d’émotion quand j’ai vu que j’étais officiellement première. J’ai eu du mal à y croire. »
Il faut dire que pour Joséphine Pagnier – quasiment née avec des skis dans les pieds – l’émotion était grande. Programmée pour vivre ces moments-là, elle est passée par tous les échelons fédéraux et des compétitions internationales – et notamment les Jeux olympiques de la jeunesse aux Tuffes en 2020 – pour devenir une des meilleurs spécialistes mondiales. Tout cela, guidée par l’exemple Coline Mattel, jusque-là seule Française victorieuse en coupe du monde (c’était en 2012 et 2013) : « C’est un exemple pour tout le saut à ski français, confirmait-elle. C’est clair que c’est beaucoup d’émotion de gagner comme elle. Au fond de moi, j’ai toujours cru à cela, mais entre le croire et le réaliser, il y a un monde. »
Un dossard jaune émouvant
Cet écart, la Chaunière l’a donc brillamment comblé ce dimanche midi en Norvège. Un concours abordé sans aucune pression à la suite de son podium décroché la veille. « Mon week-end était déjà plus que réussi, j’avais fait le job, se remémore-t-elle. C’était encore une journée de dingue de saut dans des conditions parfaites avec le soleil, -20 °C. J’adore et j’en ai profité ! C’était vraiment agréable de toucher cet état pas de flow, mais pas loin. »
Au-delà de (re)mettre la France sur la carte du saut à ski mondial, cette victoire de Joséphine Pagnier lui permet de prendre les commandes du classement général… et donc d’endosser le dossard jaune. Une tunique mythique qu’elle a pu enfiler avant de monter sur le podium. « Je me suis un peu effondrée quand on me l’a donné ! C’était un de mes rêves, avoue-t-elle. Je me revois, petite, regarder la coupe du monde de combiné nordique à Chaux-Neuve et voir Jason Lamy-Chappuis avec le maillot jaune. C’est vraiment chouette que ce soit à moi de l’avoir. »
Retour en compétition la semaine prochaine à Engelberg
« C’est le petit plus qui fait vibrer, commente de son côté Etienne Gouy, plusieurs dizaines de maillots jaunes au compteurs avec le Bois-d’Amonier Jason Lamy-Chappuis. Inconsciemment, elle va se battre pour le garder même si on va prendre manche par manche sans forcément y penser. Quand on a un maillot comme cela sur le dos, il y a un petit quelque chose en plus. »
Après les émotions fortes, Joséphine Pagnier va rester jusqu’à mardi s’entraîner à Lillehammer avant de rentrer dans ses contrées doubistes où une belle fête devrait l’y attendre. « Il faut garder la tête froide et profiter des bons moments quand ils sont là », tempère la Doubiste qui ressautera en compétition en fin de semaine prochaine à Engelberg (Suisse). Avec le dossard couleurs soleil sur les épaules.
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