Saut à ski : les déclarations se multiplient
Ce jeudi, la présidente de l’association de ski, Tove Moe Dyrhaug, a rencontré à son tour les journalistes. « Ces derniers jours ont été difficiles pour le saut spécial norvégien », a-t-elle déclaré. Des membres de son équipe nationale ont admis avoir triché lors du concours masculin sur grand tremplin aux Mondiaux de Trondheim (Norvège). Il a été découvert qu’un matériau rigide avait été cousu pour les coutures des combinaisons, ce qui a pu offrir aux sauteurs de meilleures capacités de vol. Les athlètes Marius Lindvik et Johann André Forfang (qui ont dit ne pas être au courant), ainsi que de trois membres du staff, mais aussi Truls Johansen, du staff technique de l’équipe de combiné nordique, ont été suspendus par la Fédération internationale de ski et de snowboard (FIS).
« Nous sommes actuellement dans la phase d’enquête et nous reviendrons avec les faits lorsque nous en aurons connaissance », a-t-elle ajouté, sans apporter de nouvelles informations. Plus tôt dans la journée, Sandro Pertile, directeur du saut à ski à la FIS, avait ajouté Robin Pedersen, Kristoffer Eriksen Sundal et Robert Johansson à la liste des personnes écartées. Cette fois, c’est en raison de « soupçons supplémentaires de manipulation ». Devant les médias, il s’est toutefois refusé à en dire davantage. « Bien sûr, nous ne pouvons pas communiquer tous les détails, mais je pense que nous sommes sur la bonne voie pour clarifier le sujet », a-t-il complété.
A noter que la présidente du comité saut à ski de la fédération norvégienne de ski, Stine Korsen, a démissionné. « Je prends mes responsabilités et je pars », a-t-elle indiqué, comme le rapporte le quotidien Nettavisen. Elle a avoué avoir été sous le choc quand elle a pris connaissance des faits. Selon elle, Tove Moe Dyrhaug, ou le directeur du saut à ski, Jan Erik Aalbu, ne devraient pas quitter leurs fonctions.

C’est Anders Fannemel qui a été nommé entraîneur par interim, comme il a été mercredi dans un communiqué de presse. Le nom du Slovène Bine Norcic, responsable du groupe B, avait été auparavant avancé.
« Il y aura un gros travail à faire pour rétablir la confiance et la réputation du saut à ski norvégien, en particulier du côté masculin », a assuré la présidente de l’association fédérale.
« Si tricher, par définition,
c’est porter une combinaison
un peu trop grande, alors oui,
j’ai triché.Anders Jacobsen, ancien sauteur retraité en 2015
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le chantier s’annonce considérable. Depuis quelques jours, la boîte de Pandore est grande ouverte. « C’est quelque chose que tout le monde fait », a par exemple lancé au micro de la NRK le champion olympique Daniel-André Tande à propos de la tricherie dans le saut à ski. Johan Remen Evensen, ancien détenteur du record du monde de longueur en saut à ski, aujourd’hui consultant pour la chaîne de télévision publique, a documenté les propos du champion olympique et champion du monde retraité depuis un an. Celui-ci a admis avoir concouru à plusieurs reprises avec un équipement qu’il savait contraire aux règlement de la Fédération internationale de ski. Il a aussi changé de tenue entre deux manches.
« Si tricher, par définition, c’est porter une combinaison un peu trop grande, alors oui, j’ai triché », a encore admis leur compatriote Anders Jacobsen pour qui la plupart des athlètes seraient disqualifiés si les contrôles étaient efficaces.
Ces déclarations ont agacé Michel Vion, secrétaire général de la FIS. « Les règles sont claires. Il est hors de question d’accepter que certains soient au-dessus », a insisté le Français lors de la conférence de presse donnée jeudi après-midi à Oslo, en marge du Raw Air.
« Au lieu d’enquêter uniquement sur la Norvège, le FIS devrait mener une enquête interne et réévaluer la manière dont le saut à ski est géré », a estimé pour sa part Daniel-André Tande. Il a dénoncé ce qui s’apparente à du favoritisme.
La crise apparaît profonde, l’image de la discipline nordique abîmée. Toyota a d’ailleurs rapidement mis fin à son accord de sponsoring avec l’équipe norvégienne. De son côté, Nammo, autre partenaire, a exigé que son logo soit retiré de tous les équipements.
Même le président sortant du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, s’est exprimé sur les récents événements, exprimant sa tristesse face à ce qui s’est passé. « Rappelons également que cette forme de fraude technologique ne concerne pas uniquement le saut à ski. Cela s’applique également au cyclisme et à d’autres disciplines », a rappelé l’Allemand. « Il n’y a absolument aucune place pour la tricherie, nous prenons tous les détails de cette affaire au sérieux », a enfin réagi Johan Eliasch, président de la Fédération internationale de ski.
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