Le double champion du monde de combiné nordique et champion de France en titre Sébastien Lacroix disputera ce week-end son dernier concours à Chaux-Neuve. Pour le Bois d’Amonier, futur retraité du sport de haut-niveau, ce sera surtout l’occasion de profiter d’un site qui lui a apporté tant d’émotions. Ensuite, il prendra directement la direction de l’école des douanes à La Rochelle !
Sébastien Lacroix, vous disputerez ce samedi votre dernière course de combiné nordique. Quel est votre état d’esprit à 5 jours des championnats de France à Chaux-Neuve ?
Ça va ! Je me sens déjà un peu retraité ! Je vais aller à Chaux-Neuve pour le plaisir et pas franchement pour un résultat. J’ai skié une fois depuis Oslo. J’ai envie d’y aller pour profiter et courir une dernière fois à domicile. C’est plus pour le plaisir, pour finir dans un endroit qui me tient à coeur, qui m’a procuré beaucoup d’émotions. endroit idéal pour boucler la boucle. Je me battrai au maximum lors de la course le jour J. Jason sera peut-être dans le même état d’esprit que moi. Maxime et François sont en forme en ce moment, les jeunes sont toujours assez performants sur les France car ils veulent montrer qu’ils sont présents : il y aura de la bagarre c’est certain. Dans mon cas, même si on n’est pas ultra préparé, on sera là le jour J et on se battra…
Jeudi dernier, à l’occasion d’une réception en votre honneur et celui de Jason Lamy Chappuis, vous faisiez part de votre émotion devant les différents hommages rendus. Quel sentiment prévaut aujourd’hui, à l’heure de tourner la page d’une dizaine d’années au plus haut-niveau ?
On a passé une très belle soirée à Prémanon avec des émotions, beaucoup de personnes qui nous ont aidés durant notre carrière, les entraîneurs, le staff, ça a été particulier et un grand moment où j’ai profité à fond. C’est un sentiment un peu bizarre aujourd’hui : en skiant hier, j’ai repensé à plein de choses en me disant que je skiais pour la dernière fois pour préparer un objectif. C’est particulier de se dire qu’on passera ensuite à autre chose car j’ai depuis toujours tourné autour de la compétition. C’est du coup, difficile d’imaginer la suite, l’inconnu qui nous attend. Il me faudra du temps !
Les souvenirs sont légion avec bien sûr les deux médailles d’or mondiales à Val di Fiemme, mais également les frustrantes 4e ou 5e places en relais aux mondiaux ou aux Jeux olympiques. Que garderez-vous en tête tant sportivement qu’humainement de ces années avec Maxime, Jason et François notamment ?
Il y a un paquet de choses même au delà des années passées avec ces trois là. Je garde en mémoire depuis toujours ma première apparition en coupe du monde en 2001 avec Sylvain Guillaume à Liberec. C’était sa fin de carrière, le début de la mienne : c’est un moment important et fort pour moi. Il y a aussi beaucoup de souvenirs avec Max et les autres. On s’est construit les uns et les autres ensemble au cours d’une belle aventure humaine. C’est le groupe qui nous a fait progresser individuellement ! Notre force pour le combiné nordique français, c’est l’état d’esprit positif et constructif qui nous a aidés à avancer. Ensemble. Et à faire ces médailles.
Votre carrière n’a pas été un long fleuve tranquille, avec des moments difficiles comme les mondiaux de Liberec par exemple. Finalement, qu’est ce qui vous a motivé à vous accrocher coûte que coûte, à vous battre pour votre place et signer toujours de meilleurs résultats ?
J’ai continué car j’étais intiment persuadé que je valais mieux que ça, que j’avais les capacités pour jouer avec les meilleurs. Entre 2005 et 2008 où j’ai galère, je me suis accroché à cette idée. Je ne pouvais pas arrêter sans avoir donner le maximum. C’est la motivation première. C’est peut-être cet orgueil personnel qui m’a poussé car j’avais été bon en juniors. Ensuite, l’entourage familial a beaucoup fait et m’a grandement aidé. Lacroix emballages et le groupe Franche-comté ski de fond ont été décisifs lors des moments difficiles, je ne peux que les remercier pour cette présence.
Comment envisagez-vous la suite désormais Sébastien ?
La suite va s’enchaîner rapidement car je pars mardi prochain à La Rochelle pour l’école des Douanes, après avoir réussi le concours d’entrée cet hiver. Dès le 1er avril, j’attaque la formation avec l’objectif d’intégrer la brigade motorisée des douanes, comme Sylvain en fait. Pendant pas mal d’années, j’ai associé mon sport et ma passion. Je suis également mordu de moto et si je peux allier ma passion avec mon travail, tant mieux. J’ai de plus envie de découvrir ce métier d’action. Après, je vais garder un lien avec le combiné car j’aime ce sport. Je devrais être consultant pour Eurosport. J’ai aussi envie de m’investir dans le club de ski de Bois d’Amont, c’est quelque chose qui me tient à coeur. Et bien sûr, profiter de la famille aussi !
Pour aller plus loin, lire le long portrait consacré à Sébastien Lacroix dans Nordic magazine n°9 (cliquez sur l’image – portrait dès la page 36)
Photos : Agence Zoom et Nordic magazine –