BIATHLON – Simon Fourcade est l’invité de Nordic Magazine ce mercredi. Le jeune papa, qui visera de belles performances à Arçon ce week-end, revient sur sa préparation et son nouveau statut…
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Simon Fourcade, vous lancez aujourd’hui la saison de biathlon chez votre partenaire historique Somfy. Au-delà du symbole, en quoi est-ce important pour un athlète de se sentir soutenu à l’orée d’une nouvelle saison, qui plus est olympique ?
Moi tout d’abord j’ai envie de revenir à mes débuts quand j’ai été champion du monde juniors en 2003. Je suis issu d’une famille modeste de 3 enfants, mes frères aussi pratiquaient le ski de fond en particulier mais aussi d’autres sports.
Je suis parti en sport études à Villard de Lans et cela a un cout pour une famille. En 2003, alors que je suis champion du monde juniors en Pologne, si Somfy n’avait pas été là pour me soutenir avec un petit partenariat, une petite aide à l’époque, j’aurais très certainement arrêté le biathlon parce que mes parents ne pouvaient pas continuer forcément à subvenir à mes besoins.
J’avais 18 ans à l’époque, il était temps que je me prenne en main. C’est vrai que cette aide financière m’a permis de continuer ma passion pleinement dans le but de performer.
Ensuite, le partenariat s’est pérennisé sur les années qui ont suivies et aujourd’hui, 13 ans après mon 1er contrat, je suis encore en partenariat avec eux. C’est vraiment un réel soutien financier mais également logistique et technique aujourd’hui de par le fait que Somfy soit aussi devenu partenaire de la Fédération Française de Ski et qu’il finance actuellement un camion de fartage pour les équipes de France nordiques, censé nous aider à obtenir des meilleurs résultats par la suite.
A part quelques problèmes rencontrés avec certains automobilistes peu disposés à partager la route avec les pratiquants de ski-roues (!) ce printemps, comment s’est globalement déroulée votre préparation estivale ?
La préparation s’est plutôt bien passée. J’ai eu deux petites blessures, deux petites tendinites aux mollets qui sont un peu récurrentes et que j’ai essayé de soigner en buvant beaucoup d’eau et en faisant attention aux semelles que j’ai dans mes chaussures.
Sinon, tout s’est très très bien passé avec une belle validation de la préparation sur les épreuves de Norvège Blink, et maintenant il va y avoir à nouveau 4 belles épreuves de préparation qui nous attendent ce week-end à Arçon et fin octobre à la Féclaz en ski à roulettes, toujours avant de partir sur neige ensuite.
La semaine prochaine auront lieu les championnats de France de biathlon d’été à Arçon dont une confrontation avec les meilleurs fondeurs français le dimanche. Que souhaitez-vous réussir sur ce rendez-vous intermédiaire avant le stage sur neige ?
Ce type de rendez-vous est important même s’il n’y a pas d’enjeu derrière, que ce soit en termes de sélection ou en termes de résultats : aucune obligation de résultat. Ce sont vraiment des courses de préparation en ski à roulettes, qui reste quand même une discipline, un type de pratique assez spécifique et différent de celui que l’on fait l’hiver.
J’ai à cœur de venir et de valider la préparation, ensuite les résultats seront ce qu’ils seront mais je souhaite voir quels sont les points validés, ceux à améliorer avant la saison et sur quel axe je peux encore travailler.
J’ai forcément pas mal d’ambitions sur la course de biathlon du samedi, ensuite sur l’épreuve de ski de fond, c’est une épreuve de côte très spécifique, très difficile. Je pense que certains biathlètes qui ont un gabarit très léger, notamment Jean Guillaume, vont très certainement briller sur cette course.
En ce qui me concerne, je sais que ce n’est pas forcément le type de course qui me convient le mieux mais j’affectionne particulièrement ce type de course car ce sont des courses où l’on va au bout de soi-même. En plus, étant donné que nous n’avons pas la cara, on se sent tout léger et on a l’impression de voler. Mais encore une fois, pas forcément d’ambitions, juste donner le meilleur de moi-même avec une bonne gestion de course et encore une fois valider la préparation estivale.
Votre paternité a-t-elle changé des choses dans votre façon d’aborder l’entraînement, le sport de haut niveau et plus globalement la vie ?
L’organisation !!! Il faut vraiment être beaucoup plus organisé, ne pas perdre de temps. Il est vrai que j’avais pour habitude de trainer à travailler sur des projets extra sportifs le soir jusqu’à 22h, 22h30 et maintenant, avec le petit qui se réveille à 4-5h du matin, je me couche plus tôt car je sais que je vais me réveiller plus tôt. Donc forcément il y a cet aspect logistique et organisation qui change. Maintenant c’est aussi que du bonheur et plein de bonnes choses.
Et comme je le dis, maintenant on sait pourquoi on s’entraine. On sait pourquoi on part en stage, on a envie de bien faire et ne pas de se laisser vivre, car se séparer de son petit bout, c’est un peu compliqué surtout les premiers mois.
On dit souvent : quand la tête va, les jambes vont. Cet heureux événement joue aussi peut être dans vos belles performances de l’été ?
Peut-être que cela fait aussi partie des choses qui m’aident à relativiser. C’est vrai que j’ai toujours été très très impliqué dans ce que je faisais dans ma discipline. Perfectionniste, peut-être même un peu trop, j’avais du mal à décrocher même en rentrant à la maison. J’avais du mal à switcher sur autre chose et c’est vrai que la avec le petit, le switch se fait automatiquement parce que finalement on n’a pas le choix car en arrivant, on n’a pas le temps de penser à la séance que l’on a raté. Là, il faut préparer le biberon, s’occuper du petit, passer du temps avec lui parce que toutes ces petites choses demandent beaucoup d’attention. Donc c’est vrai que cela peut être un plus dans ce sens là. Maintenant, je pense que c’est un peu trop prématuré de le dire. Dire que mes bons résultats sont dus à la naissance de mon fils, je m’avancerais un peu trop mais c’est effectivement peut-être l’une des raisons.