BIATHLON – Simon Fourcade le sait : pour être présent aux Jeux de Pyeongchang, il devra répondre présent dès les premières courses de l’hiver. « J’aime ce que je fais et je me donne les moyens d’arriver à ce que j’ai envie de faire », dit-il.
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Dans quel état d’esprit êtes-vous deux mois avant le lancement de la coupe du monde en Suède ? en sachant qu’il va falloir être bon dès le début pour avoir un ticket pour les JO…
Je l’aborde bien, vraiment sereinement. Les épreuves d’Arçon et de la Féclaz vont vraiment permettre d’aborder sereinement cette première partie de l’hiver et c’est ça qui est très important. Il faut arriver sans avoir de doutes, en étant sûr de ses capacités et en ayant quelques certitudes déjà en tête de manière à ne pas trop se poser de questions et se lancer directement dans la saison.
A savoir que cette saison va aller très très vite. Je pense que dès la fin du mois de décembre, la quasi-totalité des prétendants au JO seront fixés. Donc pour moi, il faut vraiment ne pas passer à côté du début de saison pour être performant tout de suite afin de pouvoir prétendre à des bonnes performances aux JO.
Ce sera votre onzième saison internationale avec l’équipe de France : quels sont vos secrets pour durer malgré une concurrence toujours plus rude et l’arrivée de nouveaux talents tricolores ?
Aïe ! Je n’ai même pas compté (rires). J’ai envie de dire que finalement le secret, ce sont les jeunes dont tu parles qui te poussent dans tes retranchements et qui font que tu vas chercher encore plus loin que la saison précédente.
Au cours des deux dernières saisons, j’ai été un peu en difficulté. Mes contre-performances peuvent s’expliquer de deux façons différentes : pour des raisons qui me sont propres d’une part, certainement liées à mon entrainement et à ma préparation pour l’une des saisons et l’an dernier, la toxoplasmose a fortement contrarié ma préparation.
Mais voilà, je crois qu’il n’y a pas de secret. J’aime ce que je fais et je me donne les moyens d’arriver à ce que j’ai envie de faire. Et encore une fois, je trouve cette concurrence positive, j’aime bien le fait que les jeunes montent et viennent nous pousser dans nos retranchements. J’aime bien dire que ces dernières saisons, j’ai été en difficulté, un certain nombre de fois et je n’ai pas forcément obtenu les résultats espérés. Mais n’empêche que sur les sélections, j’ai toujours réussi à tirer mon épingle du jeu pour me sélectionner sur les gros événements comme les JO ou les championnats du monde, même quand j’étais en concurrence, même quand j’étais au fond du trou. J’ai toujours réussi à puiser au fond de moi-même pour aller chercher ces places. Ensuite, certains aléas ne m’ont pas permis d’atteindre mes objectifs, comme sur les championnats du monde. Pour moi, l’envie et la motivation sont des facteurs importants. Se remettre en question est super important, ne jamais rien considérer comme acquis et poursuivre son chemin tant que cela nous plait.
Cette année sera olympique. Après Turin, Vancouver et Sochi, vous pourriez concrétiser, à Pyeongchang, le rêve d’une médaille olympique notamment avec le relais hommes. Est-ce un rendez-vous que vous avez déjà en tête ?
Forcément il y a de très très belles épreuves. Enfin j’ai toujours réussi à réaliser de belles performances sur les championnats du monde, notamment des top 10 en pagaille où j’ai du aller en chercher une vingtaine en 7 participations aux mondiaux, ce qui veut dire que je n’ai jamais été très loin de la médaille. En individuel, j’en ai une. J’ai notamment 4 places de 4ème donc voilà à contrario je n’ai jamais réussi à aller chercher ça sur des jeux. Donc c’est vraiment un challenge pour moi. J’ai vraiment envie de terminer sur une bonne note et de m’exprimer enfin pleinement, ce que je n’ai malheureusement jamais trop eu, hormis sur une course, l’occasion de faire sur des jeux.
C’est important pour moi, je ne sais pas si c’est ma dernière saison. En tout cas ce sont très certainement mes derniers jeux et j’ai envie de finir sur une bonne note pour ce dernier gros événement planétaire.
L’idée d’aller chercher une médaille avec le relais avec votre frère Martin ce serait quelque chose de fort…
C’est aussi une motivation particulière. Faire des podiums avec Martin j’en ai déjà fait en individuel. J’en ai fait aussi en relais. Maintenant, c’est vrai un gros titre en relais, qu’il soit mondial ou olympique, on n’en a jamais eu et forcément il y a cette envie d’aller chercher ça avec les collègues pour l’équipe qui est toujours là pour nous soutenir mais également pour remercier les sponsors qui nous ont toujours suivis.
Vous avez parlé peut-être des derniers JO, comment voyez-vous l’avenir ?
Des idées de reconversion, il y en a déjà pas mal. J’ai entamé une formation d’entraineur ce printemps donc c’est un domaine qui me branche bien. J’ai également créé une boutique de vente en ligne sur internet de matériel sportif et nordique avec un ami : simonfourcade-nordic.com.
Donc voilà, cela fait partie aussi de mes projets de reconversion. Maintenant, si je commence à penser à ma reconversion, c’est car je suis plus près de la fin que du début de ma carrière. Je ne me fixe néanmoins pas de date particulière pour mettre un terme à ma carrière. J’ai envie de dire, tant que la motivation, que les qualités physiques sont là pour performer, ce que je crois être encore capable de faire au vue de mes résultats sur le Blink.
Je ne me fixe vraiment pas de limites, ce sera vraiment la motivation qui mettra un terme à ma carrière. Je sors de deux saisons compliquées et je n’ai vraiment pas envie de finir sur une 3e saison identique. Si cela devait être encore le cas, ma sortie pourrait éventuellement être prématurée mais en tout cas je ne me fixe pas de limites en terme d’avenir dans le biathlon même si je me vois bien continuer jusqu’en 2021 et les mondiaux en Russie.