SKI DE FOND – Adrien Backscheider est un des piliers de l’équipe de France de ski de fond. Après un début d’hiver en coupe du monde plutôt compliqué, le Vosgien s’est rassuré en remportant la mass-start de Val Formazza en OPA Cup. Il a répondu à nos questions.
Ski de fond | Adrien Backscheider, “Back” is back !
- Adrien Backscheider, pouvez-vous nous raconter cette victoire obtenue ce week-end à Val Formazza en OPA Cup ?
C’était le deuxième jour de compétition en Italie. La veille, nous avons disputé un individuel classique en altitude à presque 1800 mètres, donc dans des conditions spéciales. Certains étaient déjà bien plus acclimatés que nous. L’Espagnol (Imanol Rojo) et l’Andorran (Irineu Esteve Altimiras) étaient là depuis le lundi. Le dimanche, tout le monde était débridé.
Du coup, j’étais un peu déçu du samedi [il a terminé 4e, ndlr]. Mais je savais que dimanche allait me convenir. C’était une mass-start. Certes, la piste n’était pas large et ce n’était pas évident. D’ailleurs, il y a eu pas mal de chutes. Mais j’ai l’expérience, j’en ai fait pas mal des mass-starts. J’ai donc pris du plaisir. Tout au long de la course, j’ai essayé de partir, mais il y avait toujours un gars.
Adrien Backscheider (FRA) sur l’individuel libre de Davos – Modica/NordicFocus
Il a alors fallu attendre le dernier moment. Il y avait une grosse bosse à un kilomètre de l’arrivée, j’ai fini la course devant.
On ne va jamais en OPA à contre-cœur. J’étais le dernier distanceur de la coupe du monde de Davos. S’il y avait quelqu’un d’autre qui gagnait en OPA, il pouvait prendre ma place. Le choix d’y aller, c’était aussi pour me sélectionner pour le Tour de ski. Après ce n’est pas parce que j’ai gagné que je serai sélectionné. On attend encore de savoir. L’année dernière, Jean Tiberghien avait le maillot jaune, ce qui lui avait permis d’y aller. Celui qui est leader à la fin de la première période a sa place pour le Tour de ski.
- Vous avez gagné dimanche la mass-start. Préférez-vous ce format à d’autres courses individuelles contre-la-montre ?
C’est sûr que ce n’est pas ce que l’on fait la majorité du temps. Ça change et c’est vrai que j’aime bien. Il y a le côté tactique et je suis à l’aise. Mais parfois, c’est l’inverse. Il y a aussi des mass-starts dans lesquelles il faut gérer car on est parti hyper vite.
Adrien Backscheider (FRA) s’est rassuré en remportant la mass-start de Val Formazza en OPA Cup – Modica/NordicFocus
- Aller sur le circuit d’OPA Cup signifie aussi rencontrer les nouvelles générations des équipes de France…
Oui, c’est sûr. Je ne dis pas que je connaissais tout le monde mais, à la fin du week-end, on a fait connaissance et passé des bons moments.
En coupe du monde, jouer devant, c’est dur. Après, la coupe d’Europe, il faut la gagner. Ce n’est pas automatique. Quand j’avais leur âge, les « grands » de coupe du monde venaient déjà en OPA.
- Pour en revenir à la coupe du monde et notamment Davos, vous avez été le moins bien classé des distanceurs. Comment l’expliquez-vous ?
C’est ma pire performance à Davos. L’année dernière, je ne suis sorti qu’une fois du top 15 en skate. J’étais parti pour faire mieux mais je me suis brûlé les ailes. Cela a été un enfer. J’ai eu une mauvaise gestion de course, je voulais trop en faire.
Adrien Backscheider (FRA) a terminé 30e de l’individuel de Davos – Modica/NordicFocus
Si j’avais été un cran en dessous, j’aurais peut-être mieux fait. C’est frustrant.
Le bilan, même sans les Scandinaves, c’est qu’on a déjà fait mieux. Cela a été bien, mais pas exceptionnel. Etre à vingt secondes du top 15 change tout. Après, ma victoire en OPA me remet sur les roues.
- Est-ce à dire que la forme est bonne ?
Je me sens bien. La forme monte tranquillement. Et puis, côté technique, matériel et staff, tout roule. Nous avons une belle équipe, très forte.
- Pour la suite de l’hiver, quelles sont les dates que vous avez coché dans le calendrier ?
L’objectif principal reste les Mondiaux (à Oberstdorf en février 2021, ndlr.). Je garde le cap, je fais mon boulot. Sinon, il y a quelque chose que l’on fait pas beaucoup et que j’adore : les 50 km skate. Il y aura Oslo et les Jeux olympiques l’année prochaine. Je n’oublie pas non plus le skiathlon de Lahti. Ce sont des courses atypiques qu’on n’a pas non plus l’habitude de faire mais elles me conviennent bien.
Je veux être à la bagarre sur les mass-starts et après, bien évidemment, sur les 15 km skate.
Maurice Manificat (FRA) avec Adrien Backscheider (FRA) après leur médaille de bronze au relais de PyeongChang – Modica/NordicFocus
- Vous en avez parlé, les Scandinaves n’étaient pas de la partie à Davos. Que pensez-vous de leurs décisions ?
Je pense qu’il y a certains athlètes qui ont envie de courir. Au final, il y a quand même les classements nations avec des quotas à obtenir, c’est pourquoi ils reviennent.
Après, avec le virus, il y a certaines choses qui vont dans le bon sens. Quand on allait en Scandinavie, on faisait une fois la Suède, une fois la Finlande pour ensuite revenir en Suède. Là, les étapes suédoises ont été regroupées.
Adrien Backscheider (FRA) lors de la première étape de coupe du monde à Ruka (Finlande) – Modica/NordicFocus
En France, tous les juniors ont eu le virus. Et leur forme va être de mieux en mieux. Gaspard Rousset l’a attrapé et il a gagné. C’est nous qui sommes dangereux pour eux et pas eux pour nous. De l’avoir eu, ça apporte de la sérénité. Après, nous ne vivons pas dans la peur. On fait avec le maximum de précautions.
- Et les règles sanitaires en vigueur. En quoi elles affectent votre quotidien d’athlète et vos habitudes sur les courses ?
Les règlementations sanitaires nous prennent du temps. En Italie, sur l’OPA Cup de ce week-end, on devait passer des tests 48 heures avant l’arrivée sur territoire. Il suffit d’un empêchement, d’embouteillages et le test ne compte pas. C’est à l’heure près. On fait au maximum et, pour l’instant, ça se passe bien.
J’espère que ça ne va pas se dégrader.
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Photos : Nordic Focus.