Ski de fond : Alexandre Rousselet détaille le programme de l’équipe de France cet été
Alexandre Rousselet est l’entraîneur des distanceurs de l’équipe de France de ski de fond. Alors que la préparation estivale va battre son plein, dès le 20 juin prochain à Tignes (Savoie), le coach se livre, pour Nordic Magazine, sur le retour à l’entraînement attendu des Bleus et leurs ambitions pour l’hiver prochain.
- Quel va être votre programme de reprise en ce mois de juin, Alexandre Rousselet ?
On va commencer notre préparation à Tignes, pour quinze jours de stage. On sait que les conditions d’enneigement ne sont pas les mêmes que les années précédentes, mais on va s’adapter en conséquence. Au-delà de la reprise sportive, c’est toujours bien d’accumuler une dizaine de journées en altitude, c’est important selon moi pour la suite de notre préparation estivale. Les infrastructures sont bonnes, on connaît bien les lieux et on va arriver avec une certaine sérénité. Ca va être sympa avec le nouveau staff qui plus est.
- Vous êtes désormais accompagné de Thibaut Chêne, pour les sprinteurs, et d’Alexandre Pouyé, pour les dames, au poste d’entraîneur de l’équipe de France. Est-ce que cela change beaucoup de choses pour vous ?
On va fonctionner comme on faisait ces dernières années avec Cyril [Burdet, NDLR] et Thibaut [Chêne, à ce moment-là entraîneur des dames]. On forme un véritable trinôme. Certes, on a des groupes identifiés, mais chacun intervient sur les séances selon nos compétences. C’est un vrai travail d’équipe. Alexandre Pouyé [le nouveau coach des filles] va pouvoir s’intégrer très rapidement au groupe. On va aussi pouvoir l’épauler s’il le faut. Les filles vont rester avec nous pendant toute la préparation. On aura donc les dix gars avec les quatre filles à gérer. C’est le bon dosage en terme d’effectif. Comme chaque période post-olympiade, on va aussi avoir de nouvelles têtes dans le staff, un préparateur physique, un cuisinier et même des techniciens.
- Par rapport aux années précédentes, vous reprenez l’entraînement une bonne semaine plus tard. Pour quelles raisons avez-vous décidé de prolonger ces vacances ?
On a fait une reprise assez cool, c’est vrai. Il y avait besoin, pour tout le monde je pense, de faire une belle coupure après ces deux dernières saisons handicapées par la crise sanitaire et marquées par les Jeux olympiques de Pékin. On a fait un petit regroupement fin mai pour remettre tout le monde dedans, ils se sont déjà remis à l’entraînement depuis le début du mois dernier. Mais la pression du stage est bien différente et je pense que les athlètes ont aussi mérité ce repos.
- Quel va être le principal axe de progression des tricolores pour cet été ?
On veut continuer à poursuivre ces entraînements collectifs entre les sprinteurs et les distanceurs. L’ossature du groupe est très polyvalente, on a envie que chacun puisse se battre sur tous les formats. On fait le bilan chaque année de nos lacunes et on essaie de gommer au maximum ces défauts. Dans les résultats de cet hiver, il y a des choses qui paient grâce au travail fourni.
- Vous avez l’habitude de cibler les événements pour baser vos entraînements. Quels vont être les gros rendez-vous de l’hiver prochain pour vous ?
En effet, je raisonne beaucoup en fonction des grands événements qui nous attendent prochainement. A l’inverse de Pékin, Planica [les Mondiaux auront lieu en Slovénie du 22 février au 5 mars 2023, NDLR] n’est pas en altitude, donc il va falloir s’adapter et construire notre préparation différemment par rapport à l’année dernière. Ce qui compte, c’est d’arriver en pleine forme dans ces moments-là. Il y aura aussi en janvier la coupe du monde aux Rousses, qui sera une très belle fête, ou même le Tour de Ski quelques semaines avant.
- Après les très bons résultats de l’hiver dernier, on sent que l’équipe de France va être plus attendue au tournant. C’est la saison de la confirmation quelque part, Alexandre Rousselet…
On a des athlètes qui deviennent de vrais leaders sportifs. Richard Jouve est allé chercher un globe, il a travaillé aussi sur sa polyvalence la saison dernière et on va essayer de poursuivre dans cette dynamique. Lucas Chanavat l’accompagne dans ces performances et ils se battent ensemble face à la crème des sprinteurs. Delphine Claudel s’affirme de plus en plus, elle va avoir de beaux objectifs avec le 20 km de Davos et le 50 km en Norvège. Hugo Lapalus a encore fait un pas incroyable en classique cette année, en faisant partie des huit meilleurs mondiaux dans la spécialité. Il progresse énormément.
- Sans parler du double champion de France en 2022, Clément Parisse…
Clément a manqué quelques fois d’un petit coup d’accélération en fin de course cet hiver. Mais il a aussi montré que c’était quelqu’un de très solide, avec des tops 10 réguliers et de superbes résultats aux JO. Après, en ce qui concerne Maurice Manificat, on est obligés de cibler par rapport à ses fragilités. A chaque fois qu’il est sorti, il a fait de très bons résultats et a même fait partie du relais médaillé aux Jeux. Mais il est évident qu’on ne pourra plus jouer le classement général avec lui désormais, il n’a plus les organismes pour lui permettre de disputer une saison entière au haut niveau.
- Vous aviez mentionné des nouveautés dans le staff, mais il y en aura aussi en ce qui concerne les athlètes pour cette préparation estivale…
Ca va faire bizarre de pas avoir Jean-Marc Gaillard avec nous. Je l’ai toujours connu en équipe de France en tant qu’athlète puis en tant qu’entraîneur. Il y a des jeunes qui vont monter en coupe du monde, comme Théo Schely, Jules Chappaz ou encore Mélissa Gal, qui sont des polyvalents. Ils amènent de la fraîcheur dans les groupes et une bonne confrontation. Ca va être intéressant de suivre leur progression, on a un très bon groupe B dans son ensemble.
- Quelle va être la suite et fin de votre préparation avant le retour de la coupe du monde ?
On va aller en juillet et en août en Norvège. On va avoir deux stages importants à Sirdal, avant de s’aligner sur le Blink Festival [du 3 au 6 août 2022, NDLR]. Ensuite, on fera la Toppidrettsveka fin août et on enchaînera avec le Martin Fourcade Nordic Festival en France. Enfin, on complètera avec un stage avec du dénivelé entre autres, on repartira sur des préparations plus classiques avant l’hiver.
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