SKI DE FOND – La fondeuse de Pontarlier Anouk Faivre-Picon souhaite participer aux mondiaux de ski nordique à Seefeld l’an prochain. Elle compte sur son team et l’entraîneur Arnaud Durand pour y parvenir.
- Anouk Faivre-Picon, dans un premier temps, comment s’est passé l’après Jeux olympiques de Pyeongchang ?
Le retour des JO a été un peu compliqué pour moi avec ma blessure, ma déchirure qui m’a privé de la fin des JO. J’ai dû me soigner, faire un break et repartir un petit peu à zéro pour être la plus performante possible sur la fin d’hiver car j’avais vraiment à cœur de bien finir sur les chpts de France.
Après coup, je pense que cette blessure m’a été bénéfique sur la durée d’une saison. Bien sur, ce ne fut pas facile à encaisser sur le coup mais finalement cela m’a permis d’être bien en forme et fraîche mentalement sur la fin d’hiver.
- Pour la première fois de votre carrière, vous avez participé fin avril à la Fossavatnsgangan en Islande avec deux beaux podiums à la clé. Pourquoi avoir voulu participer à ces courses ?
Qu’on se le dise, ça aurait été difficile de faire moins bien, puisque l’on était seulement trois filles internationales. Je fais 2 et 3e des deux courses derrière Selina Gasparin et Maria Graefnings. Contrairement à moi, elles ont eu la chance de pouvoir continuer à bien skier sur la fin d’hiver ce qui leur a permis d’arriver plus en forme que moi.
C’était super ! Je me suis dit que c’était l’année ou jamais pour le faire parce que l’on a eu de très bonnes conditions sur la fin d’hiver et le fait que l’Etoile des Saisies soit arrivée un peu tard dans la saison m’a permis d’avoir une course relativement proche de l’événement.
Finalement, il a quand même fait très chaud au mois d’avril et malgré une semaine d’entrainement en ski après les Saisies sur Pontarlier, la neige est partie très rapidement j’ai donc dû adapter mon entrainement pour me rendre à la course dans les meilleures conditions possibles. Pour cela j’ai fait de la course à pied, du vtt et un peu de ski alpin. Je suis ravie de l’expérience malgré que sportivement les courses n’aient pas été les plus relevées de l’hiver.
Je pense que j’aime ce que je fais
- Pourquoi avoir souhaité continuer votre saison de ski de fond jusqu’à fin avril quand vos collègues d’équipes ont stoppé sitôt l’Etoile des Saisies terminée?
Parce que j’aime ça ! Après la course, les organisateurs m’ont donné un petit clip vidéo de la course. A l’intérieur, on voit que je passe la ligne exténuée mais après 50 km j’ai un énorme sourire.
Je pense que j’aime ce que je fais et c’est pour ça que j’ai voulu continuer jusque-là.
Ce sont des expériences et des souvenirs super intéressants dans une carrière et puis j’avais l’occasion de pouvoir la faire cette année, alors je me suis dit « j’y vais ».
- Pourquoi avoir choisi l’Islande et pas la Norvège et la Skarverennet, comme ont pu le faire les skieurs du Team Grenoble Isère nordique, pour terminer la saison de ski de fond ?
En fait, ça faisait longtemps que je voyais cette course, mais à chaque fois on faisait le choix de partir en vacances avec Mathias [Wibault] pendant la course. Cette année on avait prévu de partir en vacances plus tard, j’en ai profité pour aller là-bas.
J’étais déjà partie en Islande avec mes parents et j’ai adoré ce pays. Et là, c’était super, l’ambiance qu’il y avait avec les gens dans un petit village qui étaient tout contents d’avoir une Worldloppet, des paysages fantastiques, de la neige, tout était réuni.
En plus, bien que l’Islande soit un pays viking, les paysages sont totalement différents des paysages scandinaves que l’on rencontre tout l’hiver. Là-bas, on est sur des plateaux taillés par les glaciers, sans arbre et sans végétation, c’est magnifique.
Même au niveau des rencontres avec les deux filles et les trois garçons internationaux c’était super sympa. C’est même eux qui m’ont pris en charge pour le fartage ainsi que pour le ravitaillement parce que j’étais toute seule.
- Quand avez-vous réellement repris le chemin de l’entraînement ?
J’ai arrêté la saison le 1er mai, le jour de la fête du travail (rire), alors que d’habitude je reprends l’entrainement au 1er mai. Je suis ensuite partie en vacances en famille jusqu’au 21 mai quand j’ai ensuite repris le chemin de l’entrainement. Au final, j’ai juste décalé ma préparation sur un mois.
C’était très bizarre pour moi parce que chaque année on a des petits automatismes pour la reprise, reprendre par le vélo, ensuite la course à pied… Dans cette situation, il faut savoir rester calme et se dire que l’on a simplement skié plus longtemps et qu’au final ça ne sera qu’un plus pour la saison suivante. Cela me permettra aussi d’en avoir encore un peu sous le pied mentalement lorsque la saison arrivera.
- Emmanuel Jonnier a été nommé ce printemps entraineur du groupe filles. Que pensez-vous de ce choix ?
Dans un premier temps, ce qu’il faut savoir c’est que je ne vais absolument pas m’entraîner avec Manu, ni avec les autres entraîneurs fédéraux, cette année.
Je vais garder ma bonne dynamique en continuant à m’entraîner avec Arnaud Durand et le Team Franche-Comté Crédit Agricole.
C’est lui qui après ma grossesse et mon accouchement a bien voulu me faire confiance en travaillant avec moi sur des programmes aménagés pour me permettre de retrouver le haut niveau et à nouveau briller aux JO avec une belle 13e place sur le skiathlon qui vient confirmer ma 5e place obtenue aux mondiaux à Falun en 2015.
Manu, c’est un ami, je le connais très bien, j’ai plusieurs fois fait appel à lui en tant que conseiller au niveau sportif mais également au niveau de ma carrière et l’année dernière il a aussi fait coach du team (pendant l’absence sur blessure d’Arnaud Durand). Chaque année avec le team, on fait un stage chez lui à la Chaux-des-Crotenay et il nous accueille chez lui.
Je trouve qu’il est vraiment super, il apporte quelque chose en plus que ce soit au niveau technique ou au niveau humain. C’est un discours différent qui va faire du bien aux filles. Il va leur apporter son expérience du haut niveau et de la coupe du monde ainsi que sa légèreté, sa bonne humeur et sa détente qui leur feront le plus grand bien.
Avec Arnaud Durand, l’athlète est au centre du projet
- Anouk Faivre-Picon, que vous apporte aujourd’hui une structure comme le Team Nordique Crédit Agricole ?
C’est avant tout deux volets avec un même but : ma carrière et le groupe.
J’ai l’impression de me retrouver au centre du projet, la façon de travailler d’Arnaud est super, ça faisait longtemps que je n’avais plus travaillé comme ça.
Avec lui, l’athlète est vraiment au centre du projet. Quand j’étais enceinte que les entraineurs fédéraux ne voulaient plus m’entrainer, c’est lui qui m’a récupéré et on a fait un super travail pour la fin de ma grossesse et la reprise de l’entrainement derrière.
J’ai tout de suite vu ses qualités et ses connaissances dans le management d’un athlète et dans l’entrainement pour le haut niveau. Ensemble, on a réalisé de belles performances jusqu’aux JO alors qu’il y avait beaucoup de choses à reconstruire après la naissance de mon fils, avec l’allaitement, les départs en stage et je suis très contente de la saison que j’ai faite. Je suis donc super contente de reprendre avec Arnaud pour continuer le bon travail que l’on a fait ensemble, j’ai vraiment confiance en lui.
L’autre volet c’est le groupe, ça fait du bien de se retrouver entourée à l’entrainement. On a un groupe très varié avec l’intégration des U20 post bac, qui viennent s’entrainer avec nous et vu que je ne suis pas tout le temps très mature on s’entend donc très bien et on rigole tous ensemble.
On a aussi un groupe mixte avec beaucoup de filles mais aussi des garçons ce qui me permet sur chaque séance de me retrouver avec quelqu’un de mon niveau.
J’aime aussi ce côté où je dois gérer un peu ma barque, dans une structure où il y a tout à faire. C’est à nous de nous prendre en main et même si c’est très prenant et qu’avec ma vie de maman je n’ai pas forcément du temps à donner à droite à gauche, ça reste quand même super intéressant de monter une petite structure, de gérer son planning, les repas, les réservations trouver des techniciens, de l’argent. C’est super au niveau de la prise en main et de l’expérience pour nos vies futures.
Même les plus jeunes arrivent à s’investir et c’est aussi un peu ça le but, que tout le monde donne au groupe ce que le groupe lui donne en retour
- Quels seront vos objectifs de l’hiver 2018-19 ?
Mes objectifs sont clairs et seront tournés sur la Coupe du monde et les championnats du monde à Seefeld avec un beau 30 km skate et un skiathlon qui me font rêver. J’ai été très performante sur ce format aux JO et ça me donne envie de concrétiser là-dedans surtout avec les progrès que je fais en classique.