Ski de fond : au cœur de la plus longue course du monde avec le Jurassien Antoine Auger
Samedi dernier, Antoine Auger participait à la Red Bull Nordenskiöldsloppet à Jokkmokk, en Suède. Deux semaines après la Vasaloppet et une semaine après un enchaînement de deux autres courses de la Visma Ski Classics, le Jurassien du Team Decathlon Experience s’offrait un dernier morceau de bravoure cet hiver sur la plus longue course de ski de fond de la planète.
« Ça faisait trois ans que les organisateurs me demandaient de venir. Je disais oui, mais ça n’avait pas pu se faire à cause d’une blessure, puis de l’annulation l’hiver passé à cause du coronavirus, explique-t-il à Nordic Magazine sur la longue route du retour en France. En cette année un peu étrange, je me suis donc dit que faire une course un peu étrange était une bonne chose. »
« Je savais que ça allait être dur mais je ne pensais pas à ce point-là » Antoine Auger, cinquième de la Red Bull Nordenskiöldsloppet, à Nordic Magazine
C’est que le Franc-Comtois a dû effectuer un choix cornélien puisque le circuit de la Visma Ski Classics vivait son dénouement au même moment également en Suède. « Ça a été difficile », avoue celui qui avait battu le record du monde du 100 kilomètres en Skierg il y a un an lors du premier confinement.
Ce samedi à 5 heures du matin, donc, Antoine Auger s’est élancé à l’assaut des 220 kilomètres de la Red Bull Nordenskiöldsloppet : « C’était une découverte au niveau de la distance, souffle-t-il. Je savais que ça allait être dur, mais je ne pensais à ce point-là. C’était long… »
Sa copine sur le bord de la piste
Ravitaillé tout au long de la course par sa petite amie Pauline Reiller, kiné dans la vie et pour qui c’était une grande première, le Haut-Jurassien avait pour stratégie de suivre le plus possible le groupe de tête et de répondre aux attaques avant d’être ensuite offensif. Le tout sans savoir exactement comment son corps allait réagir à un effort s’étalant sur quasiment un tour de cadran. « Je ne savais pas ce que mon estomac allait être capable de tolérer, ce que mes jambes pourraient endurer, rappelle-t-il. J’ai été plutôt agréablement surpris de finir cinquième. »
Après 110 premiers kilomètres passés dans le groupe de tête, « avec le temps de se ravitailler parce que l’allure n’était pas encore maximale », Auger a lâché du temps sur le duo de tête composé du Suédois Klas Nilsson et du Tchèque Jiri Pilska, finalement battu au sprint. À 40 secondes des leaders pendant 50 kilomètres, le fondeur du Team Decathlon Experience, voyant qu’il ne pourrait pas recoller, s’est résigné à jouer la troisième place.
« Je casse une canne au pire des moments » Antoine Auger, cinquième de la Red Bull Nordenskiöldsloppet, à Nordic Magazine
Le final est raconté par le principal intéressé : « J’étais en train, entre guillemets, de cuisiner le fondeur qui était avec moi. Je voyais dans ses mouvements qu’il était un peu fatigué. Je préparais vraiment une attaque dans le dernier kilomètre et je n’ai pas eu de bol en cassant une canne au pire des moments. Il n’y avait plus personne pour m’en donner… J’étais seul avec mon bâton et j’ai fait comme je pouvais pour aller le plus vite possible jusqu’au kilomètre où ma copine m’a donné une canne de rechange. C’était trop tard, même si j’ai fait le dernier kilomètre à fond. »
Des larmes de déception
Cinquième à l’arrivée de cette course de déglingos, il a fondu en larmes dans les bras de son amie une fois la ligne passée. « J’ai pleuré parce qu’après 11h47 de course, j’échoue à 40 secondes du podium à cause d’un bâton cassé… Le job avait été fait, je suis quasiment certain que j’aurai terminé troisième au sprint », regrette-t-il.
Surpris par la réaction de son corps tout au long de la journée, Antoine Auger, qui voulait participer à ce super-marathon du ski de fond au moins une fois dans sa carrière, termine donc l’hiver sur cette immense performance, la meilleure d’un Français dans cette course de tous les records. Avant de se lancer une nouvelle fois dans un 100 kilomètres en Skierg ce printemps ? « J’ai trouvé plus beau de faire 220 kilomètres en ski de fond que 100 kilomètres en Skierg dans le garage, rigole-t-il. La vue est plus belle. »
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