Ski de fond : une longue rééducation pour Delphine Claudel
Fin décembre, quelques jours avant Noël, Delphine Claudel révélait sur son compte Instagram être touchée par une fracture de fatigue au pied droit. Depuis, la pensionnaire des équipes de France de ski de fond poursuit sa rééducation où elle travaille main dans la main avec le centre de réathlétisation d’Albertville (Savoie).
Toutefois, blessée au deuxième métatarse du pied, la Vosgienne avance toujours à tâtons. Une lente et prudente reprise qui ne lui permettra pas de retrouver les rangs de la coupe du monde cet hiver. Pour Nordic Magazine, la fondeuse de 28 ans a pris le temps de détailler ses occupations ainsi que l’évolution de sa guérison. Entretien.
- Pour commencer, comment allez-vous de manière globale ?
Cela commence à devenir un peu long, j’avoue. Après, je suis bien entourée et je suis actuellement à la cellule de réathlétisation d’Albertville. Je gère bien le truc grâce à ça aussi. Je ne suis pas très patiente en temps normal donc il faut faire avec. Dès que je force un peu trop, la douleur revient assez vite. Finalement, je ne peux pas faire grand chose. C’est difficile de savoir comment cela va avancer dans les prochaines semaines.

- Quelles sont les activités sportives possibles avec votre blessure ?
Je fais de la musculation, un peu de home-trainer et du ski-erg pour m’entretenir. Il n’y a en revanche pas de notion de développement. Au niveau du moral, cela va bien quand même mais ça commence à être un peu long. Durant la réathlétisation, on voit comment cela évolue et si je peux remettre des charges ou pas. Je ne sais pas encore si je peux essayer d’aller skier ne serait-ce que dix, quinze minutes. Je vais reprendre progressivement et je laisse parler le pied.
« Cela m’embête forcément de ne pas pouvoir skier cette année »Delphine Claudel à Nordic Magazine
- Etes-vous en avance ou en retard sur les temps de passage que vous espériez à l’annonce de votre blessure ?
Dans les temps de passage que j’avais imaginé, je pensais être sur les skis en ce moment [Rires] ! Après, je n’y connais pas grand chose sur ces fractures mais c’était dans mes espérances de reprendre à ce moment. C’est beaucoup, beaucoup plus long que ça. Je ne sais même pas si je vais pouvoir remettre les skis en fin de saison. Cela m’embête forcément de ne pas pouvoir skier cette année. Je sais que l’endroit où je suis blessée, c’est assez compliqué parce que c’est en charge tout le temps. Ce n’est pas le meilleur endroit pour que ça se rétablisse rapidement de ce que j’ai compris. Il y a de l’amélioration certains jours mais dès que tu fais un faux pas, ça te rappelle à l’ordre. Cela reste très fragile.

- Comment vous occupez-vous en dehors du sport ?
Il y a beaucoup de repos et disons que ça va jusque là. J’ai parlé avec pas mal de monde. Je suis aussi retournée à La Féclaz pour la réathlétisation donc je fais des voyages entre ici et Albertville. J’arrive quand même à trouver des occupations et je ne tourne pas en rond. Mais en fait, ce qui m’agace le plus, c’est de ne pas pouvoir marcher normalement et faire des activités sans me poser de questions sur la charge que je mets sur le pied. Je lis beaucoup et je fais des puzzles. Je regarde aussi pas mal le ski à la télé.
- N’est-ce pas trop difficile de suivre vos coéquipiers derrière votre écran ?
Non pas du tout ! C’est même hyper cool de pouvoir les suivre. Dans un premier temps, je suis aussi contente quand ils réussissent. Je pense que cela m’aide presque plus de les voir. Je veux que ça marche pour eux donc je suis à fond derrière le groupe. Cela ne me fait pas du tout de mal.

- Comment gardez-vous contact avec votre équipe ?
C’est un peu compliqué de les voir en ce moment car il y a la préparation pour les Mondiaux. J’ai croisé Mélissa [Gal] à La Féclaz et ça m’a fait plaisir. J’ai souvent Flora [Dolci], Léna [Quintin] et Maëlle [Veyre] par message. On s’appelle aussi souvent avec Alexandre [Pouyé, coach de l’équipe de France féminine, NDLR]. Cela se passe super bien de ce côté.
« J’ai le temps et je sais aussi que ma saison est terminée »Delphine Claudel à Nordic Magazine
- Après avoir évoque l’aspect physique, comment vous sentez-vous mentalement ?
Je pense que ça va peut-être devenir compliqué si à chaque fois que je fais quelque chose, la douleur revient assez vite ou des choses comme ça parce que je vais avoir l’impression de stagner un peu. Et là, je ne comprendrai pas si je n’arrive pas à m’en sortir d’ici les prochaines semaines. Je pense que ça pourrait me stresser. Mais pour le moment, je fais confiance à la cellule. Ils disent que c’est quand même assez normal et que l’endroit est sensible. Il ne faut pas trop réfléchir et être patiente en me faisant confiance. J’ai le temps et je sais aussi que ma saison est terminée. Donc maintenant, l’idée est de me remettre comme il faut pour ne plus avoir de souci.
- Pensez-vous aussi à la future préparation estivale ?
C’est possible que je ne puisse pas faire une préparation à 100%. Une fois que ce sera guéri, il faudra toujours faire attention car ça sera fragile. En plus, ça va mettre des mois et des mois à se resolidifier. Il faut donc que je me prépare aussi à peut-être ne pas pouvoir courir comme j’aurais aimé cet été. Ce sont des choses qu’il faut que j’accepte et j’espère pouvoir quand même bien travailler pour les Jeux olympiques.

- Quelques jours après l’annonce de votre blessure, vous confiez dans nos colonnes qu’une blessure rendait souvent plus forte. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
Je reconsolide vachement mon corps [Rires]. En faisant beaucoup de muscu, je prends des bras et des cuisses. Même si c’est à petite échelle, je sens que mes t-shirts me serrent un peu plus. Ce sont des petits détails mais il faut travailler autre chose. C’est intéressant parce que je reconstruis quelque chose en partant presque de zéro. J’espère ne pas avoir trop besoin d’adapter ma préparation mais je sais que j’ai très envie et je serai à fond quand tout ira mieux.
- Quelles sont vos envies concernant la reprise de votre sport ?
Dans l’idée, ce serait même de reprendre en avril. Après, c’est dans un mois et demi donc il faut voir si mon pied sera encore douloureux. La programmation se fera vraiment en fonction du pied. Nous n’avons rien prévu pour le moment. On aimerait bien pouvoir reprendre des choses d’endurance pour le mois d’avril. En attendant, je fais quelques activités car j’ai aussi besoin de me dépenser. Je ne m’avance pas trop sur la suite car tu peux vite être déçue.
« Il y a de quoi jouer là-bas »Delphine Claudel à propos des chances françaises aux Mondiaux de Trondheim
- Vous allez aussi suivre les Mondiaux de Trondheim (Norvège) derrière votre écran pour la première fois…
Ca va me faire tout bizarre. J’avoue que là, j’ai quand même bien les boules [sic]. Ça fait quelques jours que j’y pense et je me dis que les Mondiaux en Norvège dans une carrière, ça doit être un délire à vivre. Ça m’embête de manquer cette ambiance-là. Moi, c’est ce qui me fait vibrer aussi. Ce mood qu’il y a autour de la compétition quand c’est sur les skis et qu’on se bataille toutes pour la même chose. C’est quelque chose d’assez particulier qu’on ne trouve que dans le sport. Et je pense qu’en Norvège, ça va être unique.

- Quel regard portez-vous sur la saison du groupe tricolore ?
Jusque-là, c’est plus que correct. Il y a quand même de super performances. Je pense que du côté des filles et selon les retours que j’ai eu, cela va bien. Elles ont eu du mal en début de saison avec des maladies ou des coups de moins bien. Mais là, j’ai l’impression que les trois sélectionnées ont réussi à faire un petit break. Elles se sont repréparées à la maison. Elles ont fait un petit stage à Prémanon aussi et ça leur a permis de repartir un petit peu à zéro et de couper un peu avec cette compétition tous les week-ends. La forme va continuer de monter avant les Mondiaux et ça va les mettre en forme. Il y a de quoi jouer là-bas.
Pour les garçons, le début de saison a aussi été un peu compliqué en Scandinavie. Mais on a toujours les solides. Hugo [Lapalus] est présent, Mathis [Desloges] aussi ou encore Victor [Lovera] qui s’est bien révélé sur les dernières semaines et qui tient bien la barraque. Moi, je mettrais toujours une pièce aussi sur un Jules [Lapierre] ou un Clément [Parisse]. Ils ont tellement l’esprit d’équipe que sur ces Mondiaux, en relais et puis même individuellement, je pense qu’ils peuvent aller très loin et aller chercher de beaux résultats chez les Norvégiens et devant les Norvégiens.
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