Ski de fond : un déclic durant l’été pour Maëlle Veyre
En 2023/2024, Maëlle Veyre a connu un hiver riche en rebondissements. Sélectionnée sur la coupe du monde de ski de fond pour la première fois de sa carrière, double-médaillée aux championnats du monde U23 de Planica (Slovénie) mais aussi au cœur d’un improbable imbroglio après sa victoire sur le Marathon de l’Engadine, la Haut-Alpine est passée par toutes les émotions.
Pour Nordic Magazine, la fondeuse de vingt-et-un ans a accepté de revenir sur son excellente saison après un exercice 2022/2023 tronqué par une longue blessure.
- Quel est votre premier ressenti quelques semaines après la fin de saison ?
C’est un hiver où j’ai énormément appris et notamment durant la préparation estivale. Au-delà des résultats qui ont été très bons, je pense que cela découle d’une appréhension mentale que je n’avais jamais réussi à avoir auparavant. J’ai beaucoup travaillé là-dessus. Je me suis sentie bien dans mes pompes toute la saison et c’était agréable.
- Y’a-t-il eu un déclic à un moment de la préparation ?
Suite à mon TCA [trouble du comportement alimentaire, NDLR], j’avais consulté. Et il y a eu un déclic. Je savais que c’était un travail profond et personnel. Cela a découlé sur ma pratique du haut niveau et sur ma vision de moi-même. J’attendais ce déclic et il a fini par arriver.
- Votre hiver 2022/2023 avait été quasi blanc, appréhendiez-vous la reprise ?
Comme je n’avais pas de repères, je me disais que si j’arrivais en pleine forme sur la première course en décembre, cela marcherait. En fin de préparation, la forme continuait à monter petit à petit. À l’international, je n’avais vraiment aucun repère. Ce n’était peut-être pas plus mal au final puisque cela m’a permis de me concentrer sur ce que j’avais à faire de mon côté sans connaître le niveau de mes adversaires. Je pense que cela a pu aider à appréhender les courses de manière plus intelligente et construite.
- Vous avez découvert la coupe du monde durant cette saison? Qu’est-ce-que cela vous a-t-il apporté ?
Il y a eu plein de moments forts mais surtout énormément d’apprentissage. Quand tu abordes une course en étant concentré sur toi et ce que tu veux faire du mieux possible, tu apprends toujours. La coupe du monde m’a apporté des déclics mentaux. Sur ce circuit, tu sens que c’est plus professionnel et que l’approche est différente. Tu sens aussi que tu peux être pro tout en gardant cette fougue, cette motivation et l’amusement qui vont avec. Cela a appuyé mes volontés de faire du haut niveau.
- Cette montée à l’étage supérieur était-elle un objectif ?
On en parlait et c’était clairement un objectif. Mais, encore une fois, je n’avais pas de repères et je ne savais pas où j’allais. Après, d’avoir cet objectif, cela m’aidait à voir sur le long terme et prenant chaque course comme une construction. Quand tu arrives en coupe du monde, tu n’as plus rien à perdre. Etre dans la peau de l’outsider est un sentiment que j’aime bien.
- Viennent ensuite les Mondiaux U23 où vous décrochez une incroyable médaille de bronze au bout d’une course à suspense…
J’avais quand même fait des coupes du monde avant et je voyais bien le niveau. Aux Mondiaux, je ne me sentais pas outsider. Je savais que si je mettais tout en place et que tout était aligné, cela allait fonctionner. Après, sur les dernières mètres de l’individuel, je fais quelques erreurs de placement qui sont peut-être dues à un manque de confiance. C’était un peu comme le syndrome de l’imposteur [Rires] ! Mais je me satisfait pleinement de ces performances. En début d’hiver, si on m’avait promis tout cela, j’aurais signé direct !
- Le 10 mars dernier, vous avez remporté le Marathon de l’Engadine avant d’être disqualifiée puis reclassée après réclamation. Comment avez-vous géré cette période ?
J’avais vraiment à cœur de bien faire sur la dernière coupe du monde. J’essayais de me persuader que cela n’allait pas jouer sur ma forme et l’énergie que je pouvais avoir. Au final, je sentais que cela avait quand même pris du jus. Mais tout est bien qui finit bien. J’ai eu la chance d’être super bien soutenue par tous les partis.
- Selon vous, quels sont vos axes de travail à développer ?
J’ai encore des axes de travail et notamment en classique où je n’ai pas trop réussi à conclure cette année. Après, le plus gros enjeu pour moi sera de faire les choses simplement. Il faut que je me fasse confiance et que je ne perde pas de vue que le but est d’arriver en pleine forme au mois de décembre. Je compte bien me servir des apprentissages de cette année pour l’an prochain.
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