SKI DE FOND – C’est le grand jour. Après de longues semaines d’attente, la coupe du monde de ski de fond 2020/2021 se lance ce vendredi à Ruka, qui accueille le traditionnel mini-tour d’ouverture de l’hiver. Pour Nordic Magazine, Cyril Burdet pose les enjeux du week-end.
Le protocole sanitaire, indispensable à la tenue des compétitions, est strict pour entrer dans le stade de Ruka : « On a été testés dans un délai de 72 h avant de partir en France puis à notre arrivée à Muonio et de nouveau en arrivant à Ruka où il y a un grand drive par lequel il faut passer pour subir un test nécessaire pour obtenir l’accréditation », explique Cyril Burdet.
C’est que ce vendredi, la saison internationale de ski de fond 2020/2021 débute à Ruka, en Finlande. L’occasion pour le coach des sprinteurs et responsable du groupe coupe du monde, de revenir, pour Nordic Magazine, sur le stage de Muonio et de fixer les objectifs de ce mini-tour scandinave d’ouverture. Entretien.
- La semaine passée, vous étiez à Muonio pour terminer la préparation pour la coupe du monde de Ruka : à tête reposée, quel bilan faites-vous des chronos effectués là-bas ?
L’objectif était, quoi qu’il arrive, de prendre des repères de vitesse de déplacement en basse altitude et d’aller chercher de la confrontation de très haut niveau avec les courses de sélections russes. C’est ce qu’on a eu et, pour la majorité des athlètes, c’est plutôt très satisfaisant et dans le bon ton. C’est source de confiance pour le week-end qui arrive. Pour ceux qui ont réalisé des performances en deçà du niveau espéré, c’était l’occasion de peaufiner les réglages et de réajuster sur le stade de Ruka avant les compétitions.
- Dimanche, Delphine Claudel a terminé troisième du 10 km skate, devant notamment Yulia Stupak et Natalia Nepryaeva. C’était une bonne surprise ou dans la logique de ce que vous voyez ?
Ce n’est pas vraiment une surprise parce que c’est une performance qui correspond au niveau qu’elle a démontré l’an dernier tout au long de la saison. C’est plutôt une satisfaction de la voir déjà à ce niveau de performance dès le début de l’hiver. Mais il faut garder la tête froide pour être en capacité de reproduire cela dès ce week-end.
« Depuis le début de la semaine, on compte les heures jusqu’à ce premier sprint »
- Tous les fondeurs sont-ils en forme à l’aube de lancer cette saison de coupe du monde 2020/2021 ?
Tous les signaux sont au vert, il n’y a pas de pépins physiques ni d’alertes. Tout a l’air de bien fonctionner. Mardi, on a fait une dernière grosse journée d’entraînement avec des intensités au programme pour tout le monde. Avec Alexandre [Rousselet, le coach du groupe distance, ndlr.] on est très contents de ce qu’on a vu.
- Quelles sont les conditions sur place ?
Il a neigé en début de semaine, donc a vraiment des conditions hivernales avec une piste sur neige artificielle plus quinze centimètres à peu près qui se sont ajoutés. Tout est blanc autour, ça fait vraiment paysage d’hiver. Il ne fait pas trop froid encore, moins trois, moins quatre degrés à peu près. Les conditions sont vraiment parfaites avec une piste compacte et impeccablement préparée.
- Le groupe sprint a également pu se tester à Muonio face à Gleb Retivykh, Federico Pellegrino ou Alexander Bolshunov : où en sont-ils alors que leur premier rendez-vous de l’hiver se profile ce vendredi ?
Il y avait quand même trois belles pointures face à eux. Les essais ont été plutôt concluants : ils sont dans les mêmes chronos que Bolshunov sur la qualification alors que Pellegrino, impressionnant, a mis un peu plus de quatre secondes à tout le monde. Mais ça reste des écarts corrects d’autant qu’on était en semaine de volume, sans trop de fraîcheur physique. Depuis le début de la semaine, c’est sûr qu’on compte les heures jusqu’à ce premier sprint [à suivre en direct sur Nordic Magazine]. On en a profité pour bien récupérer et emmagasiner de l’énergie.
« Jean-Marc, Maurice et Jules ne sont pas du tout en vacances ! »
- Globalement, sur la totalité des groupes, quel sera l’objectif recherché sur ce premier week-end ?
On est là essentiellement pour chasser les étapes. Delphine aura sans doutes des prétentions pour le classement général mais, pour les autres, on va sans doute chercher à réaliser une bonne performance sur le format qui leur convient le mieux.
Pour les sprinteurs, cette journée du vendredi est clairement la cible. Richard Jouve y avait fait podium la saison dernière, l’objectif est de renouveler cela aujourd’hui. L’ambition est élevée parce que je pense sincèrement que les quatre éléments [Renaud Jay, Lucas Chanavat, Hugo Lapalus, Valentin Chauvin, ndlr.] sont capables d’aller, au moins, en demi-finale.
Sur la distance, enfin, le but est de réaliser de bonnes performances pour bien lancer la saison. Il n’y a pas vraiment de pression majeure sur cette ouverture parce que, pour tout le monde, l’objectif se trouve en février avec les Mondiaux.
- Jean-Marc Gaillard, Maurice Manificat et Jules Lapierre devaient faire l’impasse sur Ruka pour débuter à Lillehammer : ce ne sera pas le cas avec le report du week-end norvégien… Que vont-ils faire jusqu’à Davos, où ils entreront en lice les 12 et 13 décembre ?
Ils ne sont pas du tout en vacances [rires] ! Depuis le départ, leur objectif était de préparer Davos dans les meilleures conditions possibles avec pas mal de travail en altitude, une partie à Bessans et l’autre dans les chambres à hypoxie de Prémanon. On trouvera le moyen de leur faire faire des chronos de préparation sur le week-end précédant Davos. L’idée est de tenir le cap et de leur proposer un programme pour qu’ils soient les plus performants possible dans les Grisons.
Welcome to Kuusamo ! En place pour peaufiner la préparation de cette saison qui s’annonce épique ! pic.twitter.com/JlCryjYoqK
— Cyril Burdet (@CBurdet) November 24, 2020
- Enfin, cet hiver, en plus de votre poste d’entraîneur des sprinteurs, vous devenez responsable du groupe du monde : que cela change-t-il ?
C’est quelques missions complémentaires à ce que je faisais avant. C’est un rôle de coordination entre les groupes sprint, dames et distance. Sur les responsabilités, chaque entraîneur [lui pour le sprint, Alexandre Rousselet pour la distance et Thibaut Chêne pour les féminines, ndlr.] a son domaine de compétence et son champ dans lequel il exerce pleinement ses missions.
Mon rôle est plutôt de faire en sorte qu’on travaille les trois avec une ligne de conduite similaire pour que ça se passe le mieux possible. J’ai quelques contraintes administratives en plus mais je faisais déjà ces choses-là sur les coupes du monde 100% sprint donc je ne suis pas déboussolé.
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Photos : Nordic Focus, Natalia Novikova/Russian Ski Team et Nordic Magazine.