Ski Classics : les attentes de David Nilsson pour la saison à venir
En tant que chef de file de la Ski Classics, le circuit longue distance du ski de fond mondial, David Nilsson est un homme plus qu’occupé. Alors que la première étape de la saison se présente dans quelques jours en Autriche, le Suédois a accordé un long entretien à Nordic Magazine.
- Il s’agit de la quinzième édition de la Ski Classics cet hiver : préparer chaque nouvelle édition doit être quelque peu stressant, n’est-ce pas ?
On s’y habitue. C’est la quinzième saison pour la Ski Classics, donc c’est évidemment beaucoup de travail de préparer cela, mais aussi beaucoup d’excitation. Nous sommes prêts pour cette première étape et nous avons hâte que la saison débute.
- La saison dernière, Emil Persson avait surdominé chez les hommes, tandis que la bataille avait eu lieu jusqu’au dernier week-end entre Ida Dahl et Magni Smedaas pour le titre chez les dames. Comment avez-vous vécu cette année de l’intérieur ?
En ce qui concerne Emil Persson, sa performance était absolument extraordinaire. Je serai vraiment surpris de revoir une telle domination dans les prochaines saisons. Gagner toutes ces courses (dix des quatorze au programme, NDLR), qui sont vraiment difficiles car il ne faut pas seulement être un champion pour le faire, il faut aussi avoir de bons skis, la bonne tactique… C’était impressionnant. Il a aussi remporté la Vasaloppet, qui est une course mythique que tout Suédois rêve de gagner dans sa vie. Ce n’était jamais arrivé auparavant qu’un athlète soit assuré du dossard jaune trois courses avant la fin de la saison.
Du côté des filles, c’était vraiment une grosse bataille entre Ida Dahl et Magni Smedaas. Cela n’a finalement pas compté, mais la différence aurait pu se faire sur des performances en Challengers, comme Les Belles Combes, La Transju’ ou encore le Marathon de Bessans. Toutes les deux ont gagné une Challengers, mais si Ida Dahl ne s’était concentrée que sur le Pro Tour, elle n’aurait peut-être pas remporté le classement général. C’est notre volonté d’attacher autant d’importance à ces épreuves, que de plus en plus d’athlètes aillent sur ces plus petits événements afin de promouvoir notre sport.
- Comme quoi, il n’y a pas que le Pro Tour à disputer…
Le Pro Tour est assez court, il dure seulement de décembre à avril. Si on prend l’exemple du football, les joueurs n’ont qu’une période de trois mois sans compétition. Nous, c’est en quelque sorte l’inverse pour schématiser. Donc nous cherchons des idées pour agrandir la saison de Ski Classics. Les Challengers comprennent des petits événements comme des énormes, comme l’American Birkebeiner, où on a plus de 13 000 inscrits. Il y en a également certains qui se disputent en ski-roues pendant l’été. Nous n’avons pas encore de Challengers en France en ski-roues, mais c’est ce vers quoi nous voulons tendre si nous voulons que la saison dure plus longtemps.
- Quinzième saison, quinze courses au programme… était ce un choix symbolique pour fêter cet anniversaire ?
La saison dernière, il y avait bien quatorze courses pour la quatorzième saison ! (rires) Non, ce n’est pas vraiment symbolique, on regarde surtout le nombre de week-ends de compétition dans la saison. On vise entre dix et douze week-ends, avec des courses aussi le dimanche. C’est plus difficile pour nous d’enchaîner les longues distances que pour le biathlon ou le ski de fond traditionnel, mais nous cherchons aussi à bien répartir les épreuves à travers l’Europe. C’est un gros travail de parvenir à constituer un calendrier sans trop voyager également.
- Vous avez d’ailleurs cherché à innover cette saison, avec l’intégration d’un grand final. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet événement ?
Nous nous sommes beaucoup inspirés du Tour de France, mais aussi d’autres sports. Ce grand final ressemblerait en quelque sorte à l’arrivée aux Champs-Elysées, nous allons faire plusieurs boucles à l’occasion de la Janteloppet et ainsi atteindre les 100 kilomètres. Peut-être que le dossard jaune sera déjà décidé avant la course, mais nous allons faire différemment en ce qui concerne le nombre de points distribués et les coureurs autorisés à y participer. Il y aura certaines restrictions qu’il faudra remplir dans la saison pour que l’athlète en question puisse être qualifié pour ce grand final. Evidemment, tout le monde pourra s’inscrire pour la Janteloppet, mais c’est pour le 100 kilomètres qu’il faudra se qualifier.
- Quel va être le système de points pour ce grand final ? Les points seront-ils doublés ?
Pas vraiment, non, ce seront ce qu’on appellera des « Grand Finale Points ». On part du principe que tout athlète qui sera qualifié pour ce grand final obtiendra automatiquement 100 points. Au lieu d’avoir un vainqueur avec 200 points et un deuxième avec 180 points, le gagnant remportera toujours 200 points mais le deuxième 199 points. Tout le monde décrochera beaucoup de points donc, et si le dossard jaune sera déjà joué, alors on assistera plus à une sorte de course collective principalement pour le classement général par équipes.
- Quelles seront vos attentes pour ce nouvel exercice 2023/2024 ?
C’est toujours difficile à prédire. Il y a chaque saison quelques skieurs qui peuvent créer la surprise. Il faut attendre quelques courses avant de se faire une idée des possibles grands gagnants de la saison, on devrait avoir une bonne tendance d’ici la mi-janvier. Donc c’est toujours intéressant de voir comment les choses vont tourner. Ida Dahl est la championne en titre, mais il y a beaucoup de filles qui arrivent comme Magni Smedaas, qui dispute sa troisième saison en Ski Classics par exemple. Chez les garçons, toutes les attentions vont être tournées vers Emil Persson. On a hâte de voir s’il va reproduire cette même performance.
- La période des transferts a vu quelques noms circuler, comme Thomas Joly vers le Team Næringsbanken. Que pensez-vous qu’il soit capable d’aller chercher cette année ?
C’est un jeune athlète qui est encore en lice pour le classement du meilleur jeune. Il a gravi des paliers cet été en remportant l’Alliansloppet en ski-roues. Il sera vraiment très intéressant à suivre et il peut aller chercher un podium cette saison. Si je devais citer un autre non-Scandinave à surveiller, ce serait probablement Thomas Bing, qui va se concentrer à 100% sur les longues distances cet hiver. Il a remporté un Challengers cet été, en République tchèque, devant Andreas Nygaard. J’ai vraiment hâte de voir les deux Thomas performer cette saison.
- Vous avez lancé un programme pour les pays émergents cet été : pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?
Les quinze premières années, nous nous sommes focalisés sur l’idée d’avoir un calendrier pour les hommes, comme pour les femmes, et que ces dernières soient bien intégrées dans chaque Pro Team. Au début, nous avions 15 % de femmes sur le Pro Tour. Nous sommes désormais à 40 %, ce n’est toujours pas 50-50 comme on l’espèrerait mais on continue de travailler dessus. Maintenant, notre nouveau projet est consacré à l’implémentation et l’intégration des athlètes non-Scandinaves sur le Pro Tour. Après avoir fait des recherches, on a vu qu’il n’y avait que deux nations bien établies sur le circuit : la Norvège et la Suède. Dès lors, nous voulons que chaque team ait au moins un athlète non-scandinave dans leur équipe. Le but est que nous ayons au moins cinq nations bien établies dans un futur proche.
- Comment les équipes ont-elles réagi à cette nouvelle ?
En général, je dirai que tout le monde a compris l’importance d’introduire ces nouvelles règles. Nous leur en avons parlé dans le courant de la saison dernière et nous l’avons mise en place cet été, donc on leur a laissé le temps de s’adapter. Mais les équipes sont suffisamment intelligentes pour comprendre les enjeux que cela représente, sur beaucoup d’aspects (les valeurs, l’intérêt des médias étrangers, le prize money…). Cela étant, nous avons 35 équipes à gérer cette saison et elles ont chacune des idées différentes pour leur développement. Mais cela fait partie du jeu.
- Est-ce qu’il y a une chance pour que la France accueille dans les années à venir une étape du Pro Tour ?
Claire [Moyse], qui vient de Lamoura, et Roxane [Lacroix], qui est de Chapelle-des-Bois, travaillent avec nous, donc nous voudrions évidemment avoir la possibilité de créer une course qui rallient ces deux endroits. Je serai surpris si, dans quelques années, nous n’aurons toujours pas réussi à établir un Pro Tour en France. Nous sommes aussi très intéressés à l’idée de créer une course dans les Pyrénées, peut-être plus du côté espagnol mais nous verrons.
La saison XV de la Ski Classics débutera ce samedi, à Bad Gastein (Autriche), pour un contre-la-montre par équipes. Un 35 km suivra ensuite le dimanche pour clôturer ce premier week-end de compétition.
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