Ski de fond : Léonie Besson, les coulisses de l’exploit
Le mardi 17 septembre, la fondeuse haut-alpine Léonie Besson s’est lancé un défi inédit : gravir ski-roues aux pieds les cols Agnel, d’Izoard et du Galibier (par le Lautaret) dans la même journée.
Lancé il y a un an et demi dans son esprit, ce projet a donc pris forme cet automne grâce au soutien d’Atomic, son équipementier. Plusieurs semaines plus tard, la sociétaire du i3 Ski Team, alors que la vidéo de son exploit a été publiée sur ses réseaux sociaux, a accepté de faire le récit de sa folle journée pour Nordic Magazine.
Un début de journée marquée par une casse mécanique… et le froid glacial au sommet du col Agnel
« Déjà, j’avais trois garçons juste pour moi, à mes petits soins, ce qui était un luxe non négligeable ! Il y avait mon copain [Glenn MacArthur, NDLR], Léo Gruber, le vidéaste, et Thomas Chambellant. Ce dernier conduisait le camion Atomic, s’occupait des ravitos et cadrait le projet. Il était la voix des Autrichiens ! On avait aussi une voiture, conduite par mon copain, pour que le vidéaste puisse faire ses plans comme il voulait. C’était d’autant plus pratique que mon copain connaît bien la région et pouvait lui donner des coins sympas à se mettre pour filmer ou prendre des photos. »
« Pour faire le déroulé de la journée, on a mis le réveil hyper tôt, aux alentours des 4 heures du matin ! Je petit-déjeune beaucoup, mais, en même temps, je n’ai pas faim parce qu’il est 4 heures… Comme je sais que la journée va être longue, je me force un peu. On part depuis Chianale, en Italie, je commence à me diriger vers le début de la montée du col Agnel, et là, la voiture de mon copain lâche, turbo mort [rires] ! C’était le seul truc qui pouvait mal se passer. Heureusement que ses parents étaient là puisqu’ils ont pu nous prêter leur voiture. Je me disais que ça commençait super mal ! »
« Finalement, je pars, en classique, à 6h30, dans la nuit ! C’était hyper beau et c’est un côté que je n’avais jamais fait, étant plus habituée à la face française du col. Je m’attendais à mettre 1h45 et j’ai mis 1h30 à monter le col Agnel et ses 1 000 mètres de dénivelé. Je suis donc arrivée à 8 heures au sommet, où il faisait super froid, avec un ressenti à -10°C ! Le lendemain, il a neigé là-haut et ils ont fermé la route donc j’ai eu de la chance [rires]. Je me suis changée puis on est redescendus au pied du col d’Izoard, le temps de bien manger et boire dans la voiture. »
« J’ai pris des bonbons parce que j’étais sur la pente descendante »
« Pour le col d’Izoard, en skate, j’ai mis 1h45 alors que j’attendais 2h15 ou même 2h30. Forcément, j’avais prévu large parce qu’on ne sait jamais la condition physique qu’on va avoir. Jusqu’à Arvieux, j’étais toute seule puis Thomas Chambellant est allé poser le camion à La Casse Déserte pour redescendre à vélo afin de m’accompagner. »
« En général et globalement, les garçons s’arrêtaient souvent et je n’avais jamais l’impression d’être toute seule. J’ai toujours vu du monde et ça me faisait du bien psychologiquement. En haut de l’Izoard et ses 1 200 mètres de dénivelé, il était hyper tôt, il était 11 heures ! On a fait quelques plans, notamment devant la pancarte, je me suis de nouveau changée puis il a fallu trouver un endroit pour manger. »
« J’avais plein d’idées en tête, mais rien n’était ouvert à ce moment-là ! On a finalement trouvé un restaurant où ils proposaient des pâtes. On a pu prendre notre temps et je suis repartie l’après-midi vers 13h00/13h30 pour monter le col du Galibier, par le Lautaret. Jusqu’à celui-ci, j’ai mis les skis de poussée avec des roulettes un peu plus rapides que la normale. »
« À partir du Pont de l’Alpe, qui se trouve à peu près à la moitié du Lautaret, j’ai cependant senti que ça commençait à devenir dur. C’était la première fois de la journée ! J’ai pris des bonbons parce que j’étais sur la pente descendante [rires]. Il a même commencé à pleuvoir, c’était un temps typiquement montagnard, très incertain. Cela n’a fait qu’alterner entre pluie et soleil jusqu’au sommet. »
6h33 de ski-roues pour 60 km et 3 364 mètres de dénivelé positif
« J’arrive au sommet au col du Lautaret, depuis Briançon, en 2h05. J’y ai fait ma dernière pause, assez longue, et je me suis mis en tête que la fin jusqu’au col du Galibier allait être difficile. Je me suis bien ravitaillée et je suis repartie en skate pour faire un finish un peu cool ! C’était vraiment dur. J’avais moins d’énergie pour aller aussi vite que ce que j’ai pu faire plus tôt dans la journée. J’y suis allée à mon rythme, plus tranquillement. J’ai moins regardé le chrono parce que le but était tout simplement d’arriver en haut. J’ai des copains qui sont venus, c’était trop cool ! Ils m’encourageaient tous les 500 mètres, je me croyais dans une course alors que j’allais à deux à l’heure [rires]. C’était trop bien et hyper sympa. »
« J’ai fait la fin en mode sprint, c’était trop cool de pouvoir faire ça ! Le temps total de la journée, c’est 6h33 de ski-roues pour 60 kilomètres et 3 364 mètres de dénivelé positif. J’étais trop contente de pouvoir finir la journée et couper la ligne au sommet du Galibier. »
« Quand tu y as toujours pensé pendant des mois et que tu le fais, t’es super heureuse de l’avoir fait, d’autant que j’étais la première, mais j’étais hyper déçue parce que je n’avais plus de projet… J’ai organisé ça toute seule, j’ai fait toutes les démarches pour mener cela à bien et, là, c’est terminé. J’étais même un peu triste et j’imaginais mes prochains projets ! J’ai pensé à mille autres choses et, finalement, je me suis calmée, j’ai soufflé, je me suis changée et j’ai collé un logo Atomic sur la pancarte du Galibier [rires]. »
Un bilan plus que positif
« Le soir, on est allés dans un restaurant à Briançon avec plein de potes. On a bu des coups et mangé des pizzas, mais on n’est pas rentrés tard parce que j’étais super fatiguée. Je m’endormais au restaurant alors qu’il était 22h30… Au début, d’ailleurs, je n’avais pas du tout faim. Mon corps ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait. »
« Pour résumer, je me suis rendu compte que j’étais bien préparée ! J’ai été étonnée de bien enchaîner les deux premiers cols, je ne m’y attendais clairement pas. Cela montre que la préparation estivale a bien marché et que je suis capable de faire des sorties très longues, avec beaucoup de dénivelé. Cela confirme aussi la justesse de mes protocoles de nutrition et ma capacité d’adaptation. »
Tous les chiffres de la journée de Léonie Besson
- col Agnel : 10 km, 1h30, 1 000 m de dénivelé positif
- col d’Izoard : 14 km, 1h45, 1 026 m de dénivelé positif
- col du Lautaret : 28 km, 2h06, 820 m de dénivelé positif
- col du Galibier : 8 km, 1h10, 560 m de dénivelé positif
- total : 60 km, 6h33, 3 364 m de dénivelé positif
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