SKI DE FOND – A l’orée d’une nouvelle saison à la tête de l’équipe de France de ski de fond, François Faivre s’appuiera sur le même staff pour guider les bleus vers les succès.
- François Faivre, la reprise de la saison s’est faite sur neige naturelle dans le Beaufortain, comme l’an passé aux Saisies. En quoi cela est-ce important pour les athlètes ?
Aujourd’hui, il n’y a pas de secrets, il faut faire du ski de fond et du spécifique. On a expérimenté d’autres choses ces derniers années avec des stages vélo au soleil ou autres… il s’avère que le plus important c’est de garder le contact avec la neige comme le font nos adversaires scandinaves.
On a pu le faire en France, c’est l’idéal. Cela permet de travailler sur le technique, le toucher de neige sur une neige molle qui favorise nos progrès en classique. Idem pour la musculature sur le même geste d’autant que les athlètes peuvent aussi se préparer seuls à la maison avant de venir sur les stages.
Le rôle de la FFS est d’apporter une plus-value dans la prépa en trouvant des lieux de stages où le ski de fond peut se pratiquer.
- Le calendrier estival vous amènera ensuite sur le glacier de Tignes fin juin début juillet. Quel y sera le programme de préparation ?
On visera deux logiques : celle de poursuivre le travail spécifique sur neige et développer un travail en altitude sur le glacier. Pour en avoir les bénéfices sur juillet – aout qui sont les deux gros mois de travail foncier.
Le groupe dames doit s’installer sur la coupe du monde
- Au niveau de l’organigramme, le staff s’inscrit dans une continuité avec Alexandre Rousselet (distance) et Cyril Burdet (sprint) à vos côtés. Est-ce important à vos yeux ?
Ce qui est certain, c’est qu’on a une équipe qui fonctionne très bien tant pour les athlètes que pour le staff. Chacun apporte son expertise et son expérience, on est solidaire et complémentaire. Si on obtient des médailles et de beaux tops 10 en coupe du monde, c’est aussi car le staff et l’équipe travaillent bien ensemble.
Le souhait c’était de conserver cette dynamique. Avec deux coachs sur chaque groupe d’athlètes, on échanger et amener deux façons de dire les choses dans une même direction, idem pour les dames avec le tandem Thibaut Chêne et Manu Jonnier.
- L’an passé, outre la médaille du relais des mondiaux de ski de fond à Seefeld, l’hiver a apporté son lot de bons résultats avec les confirmations de Clément Parisse et d’Adrien Backscheider, la révélation de Jules Lapierre… Quel regard posez-vous sur leur saison et qu’attendez-vous désormais d’eux ?
C’est sans doute la nouvelle génération qui fera briller le ski de fond français ces dix prochaines années. Leurs performances nous ont permis de vivre de super mondiaux malgré les maladies de Maurice Manificat ou Jean-Marc Gaillard.
Ils ont pris le relais en répondant présent. Ils affichent une progression constante et on n’oublie pas non plus nos leaders sur le sprint comme sur la distance. Ces trois gars étaient moins de 23 il n’y a pas si longtemps : leur progression peut donner des idées aux filles qui composent le groupe.
- Justement, le groupe dames FFS est tourné vers l’avenir avec Delphine Claudel, Laura Chamiot-Maitral, Flora Dolci ou encore Coralie Bentz. Quelles étapes leur avez-vous fixé dans leur progression ?
C’est un groupe qui doit s’installer sur la coupe du monde avec l’objectif de jouer le top 30. Ça veut dire aussi de monter tous les week-end pour bâtir un relais et envisager des courses par nations. On est comme il y a dix ans avec les gars sur un discours du style « on va au combat. »
On est derrière elles et on y croit dur comme fer. Je reste persuadé que ça va jouer, il n’y pas de raison d’autant qu’il y a de la place entre la 20e et la 30e places. A nous de cibler aussi des objectifs précis en termes de courses.
La Norvège, c’est dix fois le budget du ski français
- De son côté, Maurice Manificat, malgré un début de saison manqué, a surpris son monde dès son retour. Allez-vous particulièrement veiller à son état de forme sur l’automne après cette première alerte l’hiver passé ?
Oui dans le sens où on a eu ce cas de figure. Maintenant, je ne peux pas vivre à côté de lui en permanence. Il a rencontré un ensemble de choses : la prépa olympique, peut-être la déception de manquer la médaille individuelle, les deux médailles décrochées et les sollicitations qui vont avec…
On est vigilant avec lui sur la récupération notamment. Il reste le patron de « sa petite entreprise ». On a levé quelques pistes, à lui de corriger le tir.
- Plus généralement, allez-vous, avec Cyril Burdet, poursuivre le travail transversal entre sprinteurs et distanceurs pour apporter plus de polyvalence aux athlètes ?
Oui, c’est complexe. Je souhaiterais persister dans ce discours et cette vision des choses. Ce n’est pas partagé par l’ensemble des athlètes. Certains adhérent à travailler en transversalité, d’autres un peu moins. On est là pour superviser et apporter des pistes de travail… On met en place des séances communes.
On peut aussi se demander comment le relais des mondiaux se serait passé sans Richard en quatrième relayeur. D’un autre côté, on voit qu’avec Richard Jouve, Baptiste Gros et Lucas Chanavat, on joue les podiums et c’est important de ne pas perdre cette spécificité.
- Cette semaine, la FIS a décidé d’interdire les déplacements des structureuses sur les compétitions pour limiter les écarts de moyens techniques entre les grosses et petites nations. Va-t-on vers plus d’équité avec cette décision ?
Je ne sais pas, ce qui est sûr, c’est qu’en termes de moyens : la Norvège, c’est dix fois le budget du ski français ! Des contournements de cette nouvelle règle, il y en aura. Pour nous, ce sera une réduction des dépenses qu’on mettra ailleurs. On ne peut pas lutter pour l’équité…
A nous de faire avec nos armes et de rivaliser de temps à autre avec les grosses nations sur certaines compétitions. Peut-être qu’en limitant le nombre de techniciens, on irait vers plus d’équité mais la question est très complexe.
Photo : FFS / Agence Zoom