Ski de fond : beaucoup de déception chez les Français
Défaits au bout d’une dernière ligne droite irrespirable, les relayeurs français ont laissé filer la médaille qu’ils avaient pris l’habitude de conquérir sur des grands évènements. Quatrièmes du relais masculin des championnats du monde de ski de fond de Planica (Slovénie), Hugo Lapalus et Jules Lapierre sont revenus sur cette cruelle épreuve pour Nordic Magazine.
Jules Lapierre a tenté jusqu’au bout
« C’est une belle course d’ensemble quand même mais nous n’avions pas trop envisagé ce scénario. On pensait que les Suédois allaient skier et faire la course et notamment [William] Poromaa. Mais il n’a pas skié et fait ce qu’on avait imaginé. Clément [Parisse] ne voulait pas prendre les devants car il savait qu’il n’était pas le meilleur et que Poromaa pouvait le lâcher à la fin. Les Allemands et les Canadiens en ont donc profité pour revenir. Une fois ce petit groupe formé, c’était trop tard. »
« J’étais dans les skis et c’était compliqué de les lâcher. J’ai tout tenté. J’ai mis une grosse et longue attaque à la fin pour essayer de me débarrasser de tout le monde. [Friedrich] Moch est le meilleur des Allemands et il est toujours dans le top 10 des courses en skate et c’était donc compliqué de le décramponner. Il était dans mes skis et il avait cet avantage psychologique de voir qu’il pouvait me tenir. Cela m’a mis un petit coup quand il est passé devant. Je ne l’ai pas lâché mais cela n’a pas suffi pour le gratter sur la ligne. »
« J’avais une belle forme et cela m’a permis de décrocher le Suédois et le Canadien. Heureusement car je n’avais pas d’intérêt à ce que ça arrive au sprint. Les coachs m’ont mis à cette place car l’idée était vraiment de faire craquer les autres avant. Je n’ai pas de regrets là-dessus car j’ai tout fait pour. Si l’Allemand n’était pas rentré avant, cela aurait été compliqué pour Moch de revenir après. Mais c’est comme ça, cela s’est passé comme ça et on apprend. »
« Nous avons montré que nous étions là quand même. C’était souvent nous qui prenions les initiatives. J’étais assez déçu que Moch ne prenne pas plus d’initiatives pour tenter de jouer la médaille d’argent. Avec deux bons skieurs qui se relaient, cela pouvait éventuellement revenir sur lui. Au moins, nous aurions essayé. J’ai trouvé cela dommage mais il ne voulait pas s’user et misait sur le bronze. Je me suis dit que si je skiais seul en emmenant tout le monde, ils allaient me passer à la fin. »
Hugo Lapalus : « Je pense que nous avons tous réalisé de très beaux relais »
« Pour ma part, je suis dans le match. Je n’ai pas sorti la course de l’année, j’en ai déjà fait des mieux. Je suis un peu déçu de ne pas avoir pu suivre Iivo [Niskanen]. Je pense qu’il a retrouvé un niveau en classique où il est le meilleur. Je me demandais s’il allait pouvoir le faire et il l’a très bien fait. Cela nous aurais mis dans de meilleures dispositions pour la suite si je l’avais accroché mais c’est le jeu. Quand nous avons écarté l’Allemagne, le but était de lâcher la Suède. Sauf que [Jens] Burman était au rendez-vous aujourd’hui et il a fait un gros relais. Nous avons vraiment tout essayé. C’est une semaine où il est difficile de faire des écarts même si les bosses sont longues. Il me manquait encore un peu de raideur pour pouvoir vraiment faire la différence. C’est dommage mais c’est aussi le jeu. »
« Nous avions imaginé plusieurs scénarios et c’est un autre qui s’est déroulé. C’est décevant de la part des autres équipes car sur tous les relais, c’est nous qui faisions la course. Malheureusement, cela ne paie pas alors qu’on se retrouve avec les Suédois qui ont une très belle équipe et qui ne font rien. Nous sommes des prétendants à la médaille donc c’est normal que les autres nations fassent en fonction de nous et que l’on travaille mais des équipes l’étaient aussi et ne l’ont pas fait. L’Allemagne a très bien joué aussi en restant au contact tout le long. C’était cette règle pour nous pendant des années et à la fin [Friedrich] Moch a fait ce qu’il fallait et un super sprint. »
« Cela ne sourit pas et c’est encore plus terrible pour nous car on savait qu’on avait les moyens de faire quelque chose de beau aujourd’hui. Si l’un de nous passait au travers et que l’on se retrouvait loin, la course était faite. Mais là, ce n’était pas le cas. Je pense que nous avons tous réalisé de très beaux relais. Pour autant, nous ne sommes pas récompensés car nous avons été les seuls à mettre les cartouches et personne n’a joué le jeu. On va tout faire pour revenir dans deux ans et récupérer ce qui nous appartient [Rires] ! »
« Nous étions les quatre à être dans le match pour figurer parmi les trois meilleures nations. Si cela se jouait au mérite, je pense qu’elle était pour nous cette médaille mais cela ne passe pas comme ça dans le ski et on le sait très bien. C’est frustrant aujourd’hui car nous faisons le travail et nous ne sommes pas récompensés de ce que l’on a fourni. C’est dommage car c’était un peu une tradition de ramener une médaille sur un relais. On recommence à zéro et c’est ce qui rendra la prochaine plus belle ! »
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