SKI DE FOND – Vendredi 12 février 2021 fera date dans la famille Lapalus, plus particulièrement pour Hugo. Le jeune fondeur de 22 ans a remporté le titre de champion du monde U23 de l’individuel libre. L’occasion pour lui de revenir pour Nordic Magazine sur cette performance extraordinaire.
Ski de fond : la ruée vers l’or d’Hugo Lapalus
Pour Nordic Magazine, Hugo Lapalus revient sur sa victoire d’hier dans le 15 km skate des Mondiaux U23 de Vuokatti, en Finlande, son nouveau statut sur l’échiquier mondial du ski de fond et, évidemment, sur la suite du programme. Entretien.
- Vous avez remporté hier votre premier titre de champion du monde. Vous êtes le meilleur distanceur mondial chez les U23. Quels sentiments prédominent ?
Ça fait super plaisir de faire un résultat comme celui-ci et de gagner cette course. J’avais vraiment envie de bien faire. À la vue du début de saison, il y avait moyen d’aller chercher quelque chose de bien. Je ne sais pas trop si je réalise encore la perf’ que j’ai faite. Je suis trop content. Je suis hyper fier d’avoir fait ça. Cela n’arrive pas tous les jours mais je ne pense pas encore réaliser.
- Justement cette course sacrée, pouvez-vous nous la raconter. Comment s’est-elle passée pour vous ?
J’avais prévu de partir sur un bon tempo, d’être tout de suite dans le match. J’avais envie de jouer directement devant et ensuite, je ne me souviens plus trop, mais j’ai pris le lead très rapidement après trois bornes. Je ne savais pas vraiment si c’était une bonne chose et j’ai mis tout ce que je pouvais. Du quatrième jusqu’au douzième kilomètre, j’avais l’impression que l’écart avec l’Allemand [Friedrich Moch, 2e, ndlr.] ne se faisait pas alors que j’avais l’impression de tout mettre.
Après le treizième kilomètre, j’étais dans la même seconde que lui alors je me suis dit de bien skier, de ne pas m’exciter. Dans le dernier kilomètre et demi, je me suis vraiment fait mal, j’ai mis tout ce que je pouvais. Avant la dernière descente, on m’a dit que j’avais huit secondes d’avance, je savais que c’était bon.
Hugo Lapalus – Tomi Mäkipää / JWSC2021
- Vous partiez tout de même favori, vous qui portez le dossard vert en coupe du monde. Ressentiez-vous de la pression par rapport à ce statut ?
Ouais, c’est sûr que le maillot vert, ça rajoutait quelque chose en plus. A Falun par exemple, [Harald Oestberg] Amundsen et Gus [Schumacher] sont devant. Et il y a ceux qui même s’ils ne montent pas en coupe du monde, jouent devant sur les courses de sélection comme Skamo [Hope]. Ça rajoute un peu une pression supplémentaire c’est sûr.
Après je me suis dit : « c’est une course d’un jour, fais ce que tu sais faire. » Ce n’est pas parce que je pars en dernier que fallait se mettre plus de pression. Mais c’est sûr que j’avais un peu d’appréhension quand même.
« Personne n’est au-dessus du lot, on se tire tous vers le haut »
- L’année dernière, vous remportiez une médaille mais aujourd’hui, le métal est en or. Ça a meilleur goût ?
Oui, le goût est différent. L’année dernière, c’était fort quand même car c’était ma première en individuel. Aujourd’hui, de savoir que c’est le plus beau métal comme on dit, ça fait super plaisir. J’avais cette course dans la tête sur tout le début de saison. Il restait encore à le faire et je savais qu’il y avait du beau monde à craindre. J’en craignais vraiment beaucoup à commencer par mon pote [Tom] Mancini car il peut faire vraiment très mal sur une course comme ça. Il n’a pas forcément eu le résultat qu’il attendait mais n’a démérité non plus.
Après évidemment il y avait les Russes qui peuvent sortir des pépites à tout moment, les Norvégiens restent des Norvégiens et je savais que l’Allemand [Friedrich Moch] était super rapide. C’était vraiment la bagarre, il y avait vraiment du monde. C’est bien que ce soit dans ce sens où personne n’est au-dessus du lot car on se tire tous vers le haut.
- Et maintenant ? Les championnats du monde de Vuokatti se poursuivent et il peut vous rester une épreuve : le relais. Serez-vous de la partie ?
Je ne prendrais pas le départ parce que c’était convenu comme ça étant donné que la suite arrive assez vite, notamment la coupe du monde. J’avais envie de faire les choses bien sur l’individuel d’abord, mais c’est sûr que ça aurait été quelque chose de courir avec les copains. Mancini sur un 5 kilomètres, ça va envoyer. Ils vont mettre la machine en route. Je serai au bord de la piste pour donner toute mon énergie à les encourager.
Hugo Lapalus – Tomi Mäkipää / JWSC2021
- Alexandre Rousselet a dit à Nordic Magazine qu’il adorerait vous voir gagner le dossard vert. Et pour vous, c’est l’objectif maintenant ?
C’était déjà un objectif de début de saison. Il faisait partie des points que je voulais aborder sur l’hiver. L’année dernière, j’étais le meilleur U23, mais je n’avais pas de dossard. Toute la saison, j’ai ce dossard en tête. Après, ce que je veux c’est surtout gagner des courses ou faire des podiums. Je l’ai sur les épaules avec pas mal de points d’avance donc si je continue à me placer devant les autres U23 ou pas loin ça devrait le faire.
- Bientôt, vous vous frotterez sans doute aux cadors à Oberstdorf sur les mondiaux seniors. Avez-vous déjà un objectif en tête ?
Je ne sais pas encore ce que je vais courir mais ce seront mes premiers championnats du monde seniors. Je vais prendre beaucoup d’expérience et engranger tout ce que je peux. L’objectif, c’est toujours la gagne et aller chercher les médailles. Je ne lâcherai pas la cagette (sic.) et on va se faire mal.
« J’en rêve et je ferais tout pour y arriver. »
- Vous en êtes à deux hiver de progression phénoménale, voire plus si on regarde les catégories jeunes. Jusqu’où ira donc le moustachu Hugo Lapalus ? Le gros globe carrément ?
Je ne serais pas contre du tout d’aller chercher ce gros globe (rires). Pour le moment, j’ai la chance de m’améliorer chaque année. C’est super cool, mais je sais qu’il y a un moment dans ma carrière où ça ne va pas se passer comme ça. Je dois surtout rester le mec que je suis à côté, continuer de fonctionner comme je le fais. Après, l’objectif sera d’être régulier sur la coupe du monde et à plus long terme viser le globe de la distance et pourquoi pas le gros globe.
Les médailles mondiales et olympiques restent évidemment de gros objectifs. Il faudra avant cela faire des passages par des podiums en coupe du monde, avec de la régularité et du travail. J’en rêve et je ferai tout pour y arriver.
- Ce titre mondial ne signifie donc toujours pas rasage de moustache pour le mousquetaire ?
Non, ce n’est pas prévu. Je vais continuer à la remplir de bave, de neige et de tout ça. J’aime bien me baver dessus et puis si ça fait marrer les gens alors tant mieux. [rires]
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Photos : Tomi Mäkipää / JWSC2021.