Monté en coupe du monde à la fin de l’hiver passé, le Cluse Hugo Lapalus (21 ans) a passé le plus clair de sa saison sur le circuit principal. Une surprise pour le Haut-Savoyard qui a accepté de replonger, pour Nordic Magazine, sur les grands moments de son exercice 2019/2020, stoppé plus tôt que prévu à cause du virus Covid-19.
- Dès la première saison où vous participez à des épreuves de la coupe du monde, vous finissez meilleur moins de 23 ans : c’est important pour vous ?
Finir meilleur U23, pour moi, ça ne veut pas dire grand chose parce que tous les moins de 23 ans ne sont pas sur la coupe du monde tout au long de l’année. Mais c’est toujours bien, ça fait vraiment plaisir. Ce n’était pas un objectif, mais c’est un plus. Ça montre que l’hiver a été bon.

Hugo Lapalus (FRA) – Modica/NordicFocus
- Vous avez débuté en coupe du monde à Davos (Suisse) au mois de décembre. Comment ça s’est passé ?
J’ai fais Davos avec beaucoup d’envie. Mais je pensais que j’allais redescendre sur la coupe d’Europe [OPA Cup, ndlr.] et essayer de me requalifier pour la suite en prenant le dossard jaune. Après la course, François Faivre m’a directement dit : »tu repars avec nous pour le Tour de Ski ». C’était juste énorme, que du bonheur. J’étais là, je prenais tout ce qui venait. J’avais envie de courir toutes les courses. Ça s’est super bien passé parce qu’on a été supers bien accueillis [avec Jules Chappaz, ndlr.] par les plus grands et l’encadrement. J’avais l’impression que ça faisait deux ans qu’on étaient ensemble. C’était vraiment top.
« J’ai encore franchi un cap »
- Pendant ce Tour de Ski, vous prenez la dixième place de la montée finale de l’Alpe Cermis…
Je l’avais coché, ça me trottait dans la tête depuis le début de la semaine. Mais je savais que l’enchaînement des courses faisait que ça allait être très compliqué. Avec les coachs, on a décidé que j’allais faire les sprints sans être à fond pour économiser du jus et puis la mass-start de la veille dans la Val di Fiemme je ne l’ai pas joué en entrant juste dans les délais. Je savais que je pouvais faire quelque chose d’intéressant mais de là à aller chercher le top 10, je savais pas trop. C’était une agréable surprise.
- Vous enchaînez ensuite avec une onzième place à Nove Mesto : la fatigue ne se faisait-elle pas ressentir après tant d’efforts ?
En rentrant du Tour de Ski, j’ai passé deux jours sans pouvoir marcher à cause de la fatigue ! Pour Nove Mesto, je me suis dis que ce n’était pas si grave si ça se passait mal, que c’était de l’apprentissage. Et puis je fais onzième… J’étais tellement content parce que j’ai fais la course tout seul, à la différence de la montée. Faire onzième à un peu plus d’une minute d’Alexander Bolshunov en faisant la course tout seul, je me suis dit ça c’est vraiment bien, c’est du bon boulot.

Hugo Lapalus (FRA) – Modica/NordicFocus
- Vos mois de décembre et de janvier ont vraiment été sans repos…
J’ai enchaîné les coupes du monde avec Davos, le Tour de Ski, Nove Mesto, le skiathlon d’Oberstdorf puis Falun. C’était vraiment intense, mais tellement riche en expérience. Ça me donne encore plus envie de travailler pour la suite, encore plus envie de me faire mal à l’entrainement, sur les courses. J’ai l’impression que j’ai encore franchi un cap.
« Je sais maîtriser les deux styles, c’est ce que je cherchais »
- Après les coupes du monde, vous participez aux Mondiaux U23 d’Oberwiesenthal où vous décrochez la médaille de bronze sur l’individuel classique : pensiez-vous être sur le podium de cette épreuve ?
On ne savais pas trop… Pour la petite anecdote, c’était le premier individuel classique de ma saison et le quatrième de ma carrière. Sur les coupes du monde, je sais que ce n’était pas encore ce que je voulais, notamment à Oberstdorf où j’ai fait un classique vraiment compliqué dans les sensations. Je savais qu’il y avait de belles choses à jouer, je visais au moins un top 5. Les conditions ont fait que c’était compliqué mais j’aime vraiment quand c’est un peu la galère pour tout le monde. J’étais dans un bon état d’esprit. Dès le matin ça allait bien, le décrassage s’est bien passé. Ça m’a vraiment fait plaisir. Ça m’a aussi montré que ma saison ne se résumait pas seulement au skate, que je savais maîtriser les deux styles. C’est ce que je cherchais.

Hugo Lapalus (FRA) – Studio2media | Marko Unger
« Les France, c’est un état d’esprit différent »
- Vous deviez aller au Canada pour terminer la saison de coupe du monde, il y avait aussi les France des clubs et de ski de fond : quel est votre état d’esprit par rapport à ces annulations causées par la pandémie de coronavirus ?
Les France, c’est un état d’esprit complètement différent du reste de la saison avec beaucoup de supporters, des grosses températures. Tout le monde est content, plus du tout stressé. Et puis, partir au Canada faire les finales de la coupe du monde, c’était aussi un de mes rêves, une case que je voulais cocher. Mais je me dis que je ferais en sorte que ça se fasse dans les années à venir. Sur le papier, la fin de saison qui s’annonçait était juste parfaite. C’est hyper frustrant… mais pour tout le monde pareil.
- Que faites-vous pendant cette période de confinement ?
On s’occupe… Ils ont arrêté de damer, donc c’est un peu compliqué pour skier, surtout qu’on est confiné. J’habite à 1 500 mètres d’altitude donc il y a encore de la neige, ce n’est pas évident pour courir. Ils ont aussi interdit le vélo. Je fais la coupure maintenant et je reprendrai peut-être un peu plus tôt. On verra selon l’évolution de la situation sanitaire.
Photos : Nordic Focus, Studio2media | Marko Unger.
