La folle ascension du fondeur andorran Irineu Esteve Altimiras
Depuis quelques saisons, la combinaison jaune, rouge et bleu de l’Andorran Irineu Esteve Altimiras s’est faite une place dans les premières places des pelotons de la coupe du monde de ski de fond. C’est que le fondeur pyrénéen de 25 ans, double médaillé en chocolat lors de l’individuel des Mondiaux U23 il y a quelques hivers, gravit les échelons un à un.
Il sort d’ailleurs d’une saison lors de laquelle il a signé son premier top 10 en coupe du monde. À quelques semaines des Jeux olympiques de Pékin 2022, qui seront ses deuxièmes, il s’est confié à Nordic Magazine depuis La Malmaison, dans le Doubs. Entretien.
- Vous sortez d’une saison accomplie l’hiver dernier, avec un top 10 et plusieurs top 20 : comment expliquez-vous cette belle progression ?
Je pense que mes progrès sont dus au fait que j’ai réalisé beaucoup d’heures et de travail ces deux dernières années. On fait notre maximum chaque jour pour rester top 20, top 30 en coupe du monde. Je crois que c’est pour ça.
- Nos lecteurs souhaitent en savoir plus sur vous : pourriez-vous nous décrire quel skieur vous êtes, quelles sont vos caractéristiques, vos préférences, etc. ?
Je n’aime pas le sprint parce que je n’ai pas le physique pour (rires) ! Après, en distance, je pense que la course qui me correspond le plus est le 15 kilomètres, en classique ou en skating. Je m’adapte à tout, mais je préfère quand même plus le classique pour son côté technique.
Mais bizarrement c’est sur des 15 kilomètres skating que je fais mes meilleurs résultats, alors je ne sais pas trop quoi répondre (rire) ! J’aime bien aussi le skiathlon qui est une course de 30 kilomètres me correspondant bien. Par contre, le 50 kilomètres est bien trop long pour moi.
« Les objectifs seront le Tour de Ski et évidemment les Jeux olympiques »Irineu Esteve Altimiras à Nordic Magazine
- Après ce bel hiver en coupe du monde, quels seront vos objectifs pour la saison olympique ?
Je souhaiterais pouvoir être régulier tout l’hiver en faisant toute la coupe du monde à un bon niveau. Les objectifs seront le Tour de Ski et évidemment les Jeux olympiques. J’espère pouvoir faire de bonnes courses.
- Vous avez découvert les joies de l’olympisme à PyeongChang avec un beau top 30 sur l’individuel : cela vous donne-t-il des idées pour cet hiver ?
À Pyeongchang, tout était nouveau pour moi, c’était de la découverte ! Maintenant que j’ai cette expérience, j’espère faire de belles courses et briller. Je ne sais pas quelle position me fixer mais un joli top 10 sur le 15 kilomètres classique, ça serait super. Après, tout peut se passer sur une course, donc tout est possible.
« Au quotidien ça se passe bien car on a un gros club en Andorre, à Naturlandia »Irineu Esteve Altimiras à Nordic Magazine
- Comment parvient-on à atteindre un tel niveau quand on fait partie d’une petite nation nordique ?
Au quotidien, cela se passe bien car on a un gros club en Andorre, à Naturlandia. Ils ont fait beaucoup de travail pour que nous puissions être en coupe du monde. Nous avons un très bon staff grâce à la Fédération avec trois skimen, un physio et un entraîneur qui est aussi notre manager.
- Parlez nous du ski de fond en Andorre : est-ce un sport beaucoup suivi ?
Pas trop parce que le sport national, c’est le ski alpin. Beaucoup de gens en fond, même si depuis cinq ans, il y a de plus en plus de pratiquants en ski de fond.
- Pensez-vous que ce sont vos belles performances en coupe du monde et avant ça aux championnats du monde juniors et U23 qui attirent de nouveaux pratiquants au ski de fond (il a notamment terminé quatrième de l’individuel aux Mondiaux U23 2017 et 2018) ?
C’est sans doute un peu ça ! Mais je tiens à dire que le club travaille beaucoup pour la promotion du nordique. En cinq ans nous sommes passés d’environ quinze licenciés à plus de quarante. La Fédération joue également un bon rôle en travaillant avec les sponsors parce que c’est très cher pour une petite structure comme la nôtre de pouvoir faire toute la saison sur la coupe du monde.
« On a un niveau similaire avec Jules Lapierre : j’espère qu’on continuera à s’affronter sur les coupes du monde cet hiver »Irineu Esteve Altimiras à Nordic Magazine
- Qu’est-ce que ça vous fait d’être la tête d’affiche d’Andorre ? Est-ce que cela rajoute un peu de pression ou au contraire est-ce que cela vous libère ?
Non, cela ne me met pas de pression parce que je fais ce que je peux. J’espère juste que les résultats vont suivre l’hiver prochain. Après, s’ils ne sont pas là ce ne sera pas grave.
- Vous avez déjà couru de nombreuses fois en France et notamment sur le stade Jason-Lamy-Chappuis des Tuffes dans la Station des Rousses (Jura). Est-ce que cette coupe du monde en France peut également faire partie de vos objectifs, vous qui connaissez parfaitement la piste ?
Je crois que c’est un bon objectif pour aller de l’avant avant les Jeux olympiques ! J’espère que les conditions seront bonnes parce que si ce n’est pas le cas, je ne m’adapte pas très bien quand il pleut…
- Vous êtres de la génération 1996, comme un certain Jules Lapierre. Vous vous êtes affrontés à de nombreuses reprises sur les OPA, les championnats du monde juniors puis U23 et maintenant en coupe du monde : parlez nous un peu de cette petite rivalité…
C’est une rivalité sympa ! J’aime bien Jules et sa façon de courir. Nous nous entendons bien. La première fois que j’ai couru contre lui, c’était aux championnats de France : le premier jour, il gagne en me mettant deux minutes dans la vue et le lendemain c’est moi qui l’emporte. On a un niveau similaire et j’espère qu’on continuera à s’affronter sur les coupes du monde cet hiver.
« Maintenant, j’ai hâte d’arriver aux premières courses sur neige »Irineu Esteve Altimiras à Nordic Magazine
- Vous rentrez d’un long stage en Italie, achevé par une victoire sur le GP Sportful devant des athlètes comme Francesco De Fabiani (quatrième à 1 min 38) et Federico Pellegrino (cinquième à 1 min 42). Parlez-nous de cette course…
J’avais de très bonnes sensations. Je suis très satisfait de ma course parce que je ne savais pas trop comment allaient être mes sensations après un si long stage. Maintenant, j’ai hâte d’arriver aux premières courses sur neige avec les FIS norvégiennes de début de saison.
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