Ski de fond : Maurice Manificat a suivi de près les Mondiaux de Trondheim
Dimanche 9 mars, c’est avec le 50 kilomètres skate féminin que se sont clôturés les championnats du monde de ski de fond de Trondheim (Norvège). Et pour la première fois depuis plusieurs années, c’est derrière son écran que Maurice Manificat assisté à cette échéance planétaire.

Aux commentaires des deux skiathlons au micro d’Eurosport, le Haut-Savoyard a ensuite suivi les performances de ses anciens coéquipiers depuis son domicile du Vercors. Pour Nordic Magazine, il a d’ailleurs accepté de revenir sur cette quinzaine et d’en dresser un bilan complet avec ses impressions personnelles.
Une véritable fête populaire durant plus de dix jours
« Ces Mondiaux étaient très prometteurs sur le papier. Pour y avoir été plusieurs années de suite lors du tour de Scandinavie en hiver, mais aussi sur la Toppidrettsveka, on avait bien vu que c’était un endroit où les gens du coin sont très sensibles aux skis de fond. Ils viennent voir les courses et ce n’est pas partout en Norvège. »

« Cela promettait des Mondiaux qui rappelaient ceux d’Oslo en 2011. Et ça a finalement été le cas. En voyant les premières images, c’était incroyable. Tout ce qui est du stade ou des gradins, ça a toujours été rempli. Mais quand on voyait le monde dans la forêt et autour des pistes de distance, c’était incroyable. Il y avait une ambiance où l’on ressentait vraiment la vibration. Je n’étais pas sur place mais tous les athlètes en ont témoigné. J’avais connu ça en 2011 à Oslo et ça me rappelait vraiment cette édition. »
« Ça te porte et ça donne des sensations incroyables. Au-delà des performances, il y a aussi le plaisir de courir avec du monde dans une ambiance pareille. Je pense que les athlètes ont dû se régaler rien qu’avec ça. Ca faisait vraiment plaisir de voir ces images-là à la télé. »
« Il y a eu du spectacle »Maurice Manificat à Nordic Magazine
« Les conditions avaient l’air compliquées. C’est vrai que les championnats du monde se déroulent souvent début mars. On est parmi les derniers championnats des disciplines d’hiver. Et on tombe sur des périodes où le climat est assez doux. Ça favorise des conditions très printanières. La dernière fois où il faisait frais, c’était peut-être à Lahti en 2017. Et on voyait que ça rendait les courses difficiles. »
« Malgré tout, il y a eu du spectacle. Il y a eu des rebondissements et c’était incroyable. J’ai rarement vu des Mondiaux avec des courses aussi intéressantes aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Déjà sur la coupe du monde, il y a de plus en plus de courses féminines très intéressantes à suivre. Il y a vraiment du suspense. Là, il y avait de l’enjeu avec ce match entre la Norvège et la Suède et l’attente autour de Therese Johaug. Personnellement, je me suis régalé et je pense que je ne suis pas le seul. »
Johannes Hoesflot Klæbo a marqué les esprits
« Après, nous n’avons que le mot [Johannes Hoesflot] Klæbo à la bouche. On l’attendait et selon moi, il avait de très grandes chances de faire le grand chelem. Même sur le 50 km, je le mettais favori. Il a rempli toutes les cases. Je ne parle pas qu’en termes d’objectifs mais aussi physiquement, mentalement, techniquement et stratégiquement. »

« Il lui manquait des choses sur les longues distances. Il y’avait donc un peu cette inconnue où il pouvait craquer physiquement. Et là, même ses compatriotes monstrueux n’ont pas réussi à le lâcher. Même malmené sur le 50 km, il a offert un récital de A à Z. Il a été en maîtrise et encore une fois, très malin. C’était magistral et un vrai régal à suivre. C’est un très beau skieur et il a écrit l’histoire. Faire ça chez lui, c’est dingue. »
« C’est important de souligner l’importance de ses coéquipiers »Maurice Manificat à Nordic Magazine
« Il a aussi pu compter sur ses compatriotes pour le grand chelem. Il est aussi dans une équipe de Norvège qui est XXL. Sur le team sprint, il est avec le deuxième sprinteur du monde. Et forcément, ça marcher et ça décroche l’or. Le relais masculin, c’est la même chose. Il n’avait plus qu’à finir le travail. C’est important de souligner l’importance de ses coéquipiers. »

« Après, on a Therese Johaug qui a aussi fait son retour. Et elle a pu voir depuis le début de saison que ce ne serait pas si simple de tout gagner. Même sur le 50 km, ce n’était pas fait. Oui les conditions étaient difficiles, mais c’est aussi notre sport. On skie dans toutes les conditions et il n’y a jamais d’annulation dans notre discipline. Il faut s’adapter à toutes les conditions. Après, on a pu voir qu’elle était contente de faire toutes les médailles en distance. Elle n’a pas gagné mais en tout cas, elle était là à chaque fois. Elle a répondu présente. »
Un bon bilan pour les Français malgré le manque de médaille
« Pour les Français, c’est quand même de beaux Mondiaux. Ils ont répondu présent pour ce qui est du collectif masculin. Il y a une équipe dense et on voit qu’ils faisaient des résultats qui correspondaient aux attentes par rapport à toute la saison et celles d’avant. Jules Chappaz a prouvé que ça répondait aussi sur les grands évènements. Il y avait le cocktail pour tout faire, mais ça ne marche pas toujours pour les médailles. »

« C’est dommage parce qu’ils méritaient des breloques. Sur la coupe du monde, c’est la deuxième nation chez les hommes. Mais ce n’est pas parce que, sur le papier, c’est écrit quelque chose, que la course se joue comme ça. C’est dommage et je suis triste pour eux. Mais ce sont aussi des moments où l’on apprend. On peut se ressaisir et en tirer des enseignements. Il faut encore être patient. Il y a les JO l’an prochain et ce sera aussi un objectif. Là, il ne faut pas oublier qu’on était chez les Norvégiens et des terres d’entraînement qu’ils connaissent par cœur. »
« Dans notre sport, ça aide beaucoup d’avoir la piste dans les jambes. On est tombé sur plus fort que nous, mais il y avait des belles émotions quand même. On a vibré devant les courses et ça, c’est le plus important. Oui, il n’y a pas de médaille pour les Français, mais c’était des championnats magnifiques. »
« Je trouve ça scandaleux »Maurice Manificat à propos de l’absence d’un relais féminin tricolore
« Chez les filles, c’est sûr qu’avec Delphine [Claudel, NDLR] qui n’était pas là, on comptait beaucoup sur Flora [Dolci, NDLR] qui a répondu présente. Quand on voit les performances dans le top 10, c’est assez incroyable. Je suis juste déçu de ne pas avoir vu de filles de relais féminin. C’est quelque chose que je ne cautionne pas du tout. Je trouve ça même scandaleux. Je trouve ça inadmissible qu’il n’y ait pas d’équipe féminine sur les championnats du monde. »

« Si toutes les nations faisaient ça, en tout cas toutes celles qui ne jouent pas de médaille, il n’y aurait que cinq ou six nations au départ. Et petit à petit, il n’y aurait plus rien pour notre sport et le CIO ferait une croix aussi. Je ne trouve ça pas normal. On a beau avoir des jeunes femmes qui ne sont peut-être pas au niveau de faire des médailles, mais qu’est-ce que l’on cherche ? Je ne comprends pas et je n’approuve pas, mais j’ai tout de même kiffé ces Mondiaux. »

« Il y a eu aussi d’autres faits marquants comme l’équipe suisse qui a fait de très beaux championnats avec les dames et puis le relais masculin qui faisait vraiment penser au relais français à l’époque où l’on arrivait en outsider. Et grâce à une stratégie bien établie sur le relais, ils ont réussi à tirer leur épingle du jeu. C’était beau aussi pour nos voisins suisses. »
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