Ski de fond : Hugo Lapalus touché mais pas coulé à Trondheim
Ce mardi, sous la neige de Trondheim (Norvège), Hugo Lapalus a égalé sa meilleure performance en carrière sur les championnats du monde de ski de fond. Mais ce n’est malheureusement pas une onzième place que le Français était venu chercher sur cet individuel classique de 10 kilomètres. En forme, le Cluse envisageait en effet de tutoyer les sommets pour viser une première médaille mondiale en individuel.
Forcément déçu après être passé à côté de son coup, le Haut-Savoyard a toutefois pris le temps de revenir sur sa performance au micro de Nordic Magazine.
- Pour commencer, parlez-nous des conditions dantesques du jour…
Les conditions étaient assez difficiles aujourd’hui. C’était une course compliquée. Il fallait vraiment avoir un ski fin avec cette neige qui était tombée en abondance. On savait que ça allait être une course difficile dès le départ de toute façon. Après, je n’avais pas trop d’inquiétudes là-dessus. J’aime plutôt quand c’est difficile, mais je pense que je n’ai pas réussi à m’adapter aujourd’hui dans ces conditions de neige.

- Que vous-t-a-il manqué dans ce type de neige ?
Je n’ai pas réussi à avoir le ski qu’il fallait. Je me sentais plutôt bien aujourd’hui. Dans la continuité de ces Mondiaux, je me sentais bien et chaud. Et c’était aussi le cas sur les skis pendant la course. Je pense que mon style de ski et ma façon de skier, ça ne va pas du tout sur ce type de neige. Il faut être vachement plus doux et en gestion sans essayer d’en mettre de partout. J’ai une tendance à skier de manière un peu plus électrique. Je pense qu’aujourd’hui, ce n’était pas du tout le bon ski à adopter.
Cela fait que je me retrouve à une minute de la gagne à l’arrivée. Ca fait mal. Je ne cherche pas d’excuses, ni de raisons. C’est juste que je n’ai pas été au niveau. Je n’ai pas réussi à m’adapter correctement à ces conditions. Ça fait une onzième place et ce n’est pas ce que j’étais venu chercher. L’après-course a été difficile.
« Aujourd’hui, je n’ai pas été au niveau sur ce type de neige »Hugo Lapalus à Nordic Magazine
- N’est-ce toutefois pas contre-nature de skier différemment de vos habitudes ?
Il faut aussi savoir s’adapter. Je pense que tu peux faire ton ski, tu peux t’adapter en gardant les basiques de ton ski. C’était possible de courir dans certaines bosses du parcours mais pas sur l’entièreté de la piste. Il fallait que ce soit fluide et long. Il ne fallait pas s’exciter mais plutôt gérer. Je n’ai malheureusement pas su le faire. Aujourd’hui, je n’ai pas été au niveau sur ce type de neige. C’est aussi le jeu de la météo. Les Scandinaves le font très bien, nous un peu moins. C’est dommage car ça donne une course ratée.
- Comment avez-vous géré votre course en étant renseigné sur les écarts grandissants avec la tête ?
Je m’étais quand même dit de partir assez vite. On avait parlé avant. C’est une piste où il faut être au contact tout de suite parce que ce qui est perdu, c’est vraiment difficile de le récupérer. Donc dès la première ascension, il fallait que je sois là et au contact. En haut de la première bosse, j’avais déjà une dizaine de secondes de retard. Je sais que ce n’est pas rédhibitoire, mais je sais aussi que ce n’est pas la bonne dynamique.

Dans la suite de la course, je ne faisais que perdre du temps et notamment sur [Edvin] Anger qui était l’athlète sur qui j’étais renseigné vu qu’il était en train de jouer devant. Je sais qu’au fur et à mesure de la course que la médaille n’est plus jouable. Mais j’essaie de me remobiliser parce qu’il y a du monde qui s’est levé ce matin pour faire des skis. Il y a tout le staff qui est là et je ne peux pas abandonner en me disant que j’étais venu que pour ça. Je ne pouvais pas faire de caprice et arrêter là. J’avais quand même envie de finir cette épreuve de la meilleure des façons possibles.
« C’est hyper frustrant et un peu triste aussi »Hugo Lapalus à Nordic Magazine
- Etes-vous parvenu à vous remobiliser malgré la déception ne plus être en lice pour la médaille ?
Je n’étais pas venu pour ça et comme je le dis souvent, sur les Mondiaux, faire quatrième ou soixantième, je m’en fiche un peu. Mais dans l’état d’esprit, je voulais continuer de me battre. Il y a encore d’autres courses et j’avais envie de garder cet esprit de combativité. Il fallait continuer de ne rien lâcher, d’en mettre et de rester concentré. J’essayais de garder ce focus-là mais ce n’est pas évident quand on place beaucoup d’ambition sur une course. C’est le jeu aussi et c’est la loi du sport. Des fois, il y a des jours avec, des jours sans. C’est dommage d’avoir un jour sans sur des Mondiaux, mais c’est comme ça.
- On sent que ce partage collectif vous tenait à cœur…
C’est une course individuelle, mais on ne court pas que pour nous. Évidemment, je voulais le faire pour moi parce que c’est ce pour quoi je m’entraîne et je voulais montrer que je suis capable. Mais c’est aussi pour tout ce collectif, pour les coachs, les entraîneurs, les techniciens et les autres gars de l’équipe. On s’entraîne toute l’année ensemble et c’est aussi une récompense qu’on peut amener à tout le monde. Du coup, c’est sûr que les sensations d’après-course, elles sont mitigées parce qu’on n’a pas été à la hauteur. Je pense que c’est un peu pareil pour tout le monde. Quand on passe à côté d’une course, et surtout sur des Mondiaux, on a des attentes et quand ça ne répond pas, c’est hyper frustrant et un peu triste aussi.

- Une déception comme celle-ci va-t-elle vous servir pour la suite de votre carrière ?
Des déceptions comme ça, ça fait un petit moment que je n’en avais pas vécu. J’avais la chance de toujours réussir ce que j’avais entrepris ou plus ou moins en tout cas. Ça se passait souvent très bien ces dernières années. C’est sûr que là, je vais me servir de cette contre-performance et de cette course pas à la hauteur de mes attentes. Je pense qu’il faut aussi passer par là pour avancer et grandir. Ça fait toujours mal. Ce ne sont jamais des bons moments. Mais je pense qu’on est obligé de passer par là. Ça n’existe pas une carrière sans ces moments ou à part pour quelques exceptions. Pour nous, j’ai l’impression qu’on est « obligé » de passer par là et d’avoir des hauts et des bas. Et ces bas rendront les hauts bien meilleurs.

- Désormais, le relais pourrait devenir un gros objectif. Est-ce l’occasion de vous relancer sur cette course en équipe qui vous tient à cœur ?
Si je prends part à ce relais, je vais avoir vraiment envie de vraiment donner tout ce que j’ai sur cette piste pour les gars. Après, il faut faire attention non plus de ne pas rentrer dans une mauvaise dynamique. Je ne veux pas me dire que je veux en mettre beaucoup pour me venger parce qu’il y a une grosse équipe et qu’il y a d’autres gars avec moi. Il faut être intelligent, mais c’est sûr que ça va me servir. Je n’ai pas envie de rester là-dessus. Il reste encore des belles courses sur ces Mondiaux et notamment le relais.
« Maintenant, le rendez-vous, il est jeudi »Hugo Lapalus à Nordic Magazine
- La déception est-elle déjà encaissée avec le recul ?
Je vais encore ressasser un petit peu aujourd’hui, mais à partir de demain, je vais passer à autre chose et très vite basculer sur la suite parce que je n’ai pas envie de rester là-dessus. De toute façon, c’est passé. Maintenant, le rendez-vous, il est jeudi.
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