Ski de fond : Jessie Diggins espère une grande ferveur pour sa première à domicile
Alors que Jessie Diggins va fêter son 300ème départ en carrière sur la coupe du monde de ski de fond à Canmore (Canada) ce week-end, l’Américaine retrouve son continent avec beaucoup d’attentes et d’espoirs. La fondeuse de 32 ans, qui disputera l’étape de Minneapolis (Etats-Unis) dans son fief, a hâte de concourir pour ce qui sera sa toute première course à domicile en carrière dans l’élite.
Une sensation qu’elle n’a jamais encore connue et qu’elle est impatiente de découvrir. En conférence de presse, à laquelle Nordic Magazine était convié, la leader du classement général de la coupe du monde se confie sur cette tournée nord-américaine.
- Comment avez-vous été accueillie à Canmore ?
C’est absolument incroyable d’être ici au Canada, c’est vraiment magnifique. Je n’étais plus venue à Canmore depuis le Tour en 2016, donc c’était amusant de revenir sur ce superbe terrain. Je suis impressionnée par le travail que les organisateurs ont fait. J’ai l’impression que Canmore et Minneapolis ont tous les deux été touchés par des températures très élevées et c’est fabuleux de voir comment ils se sont démenés pour nous permettre de concourir ici. J’avais milité pour que la coupe du monde vienne à Minneapolis il y a six ans, et je peux vous dire ce n’est pas une tâche aisée, c’est un travail colossal ! Je me sens vraiment chanceuse d’avoir l’opportunité de concourir ici.
- Vous avez connu jusqu’à présent un début de saison exceptionnel. Est-ce que vous vous considérez comme dans la meilleure année de votre carrière ?
Oui, absolument ! Cela a été une surprise pour moi, et, vous savez, quand vous avez un cadeau comme celui-là qui se présente à vous, vous devez le prendre. Je ne me questionne pas plus que cela sur le pourquoi du comment, je pense que c’est principalement dû au fait que je me suis sentie très soutenue [en parlant de ses troubles alimentaires rencontrés de nouveau pendant l’intersaison, NDLR]. L’été a été très difficile pour moi, mais depuis, dès qu’une course approche je me sens bien et cela me procure du plaisir. Courir, c’est l’environnement où je me sens en confiance, je me sens forte et je sais ce que je fais. Vous ne ressentez pas cela tous les jours de votre vie. C’est quelque chose que je ne considère jamais comme acquis et j’essaye de profiter de chaque course du mieux possible.
- Qu’est-ce que cela signifie pour vous et votre équipe de pouvoir concourir chez vous, à Minneapolis ?
C’est juste incroyable. Quand j’étais plus jeune, on avait une télévision dans notre sous-sol et des cassettes vidéo d’étapes de coupe du monde qui avaient eu lieu des années auparavant. Et c’est tout ce que j’étais en mesure de pouvoir regarder du ski de fond, j’étais toujours excitée à me demander qui allait gagner alors que la course s’était déroulée trois ans avant. C’était le seul accès que j’avais pour suivre la discipline, à l’époque où Bjoern Daehlie courait. Maintenant, les enfants, les familles, les personnes de la communauté qui m’ont appris à aimer le ski et à pratiquer… tout le monde sera là. A vrai dire, à peu près tous ceux que j’ai connus dans mon enfance seront sur place à Minneapolis. Cela va être formidable de pouvoir partager cet événement avec ces gens-là, qui vont enfin avoir l’opportunité de voir les meilleurs skieurs du monde. J’ai réalisé que j’allais fêter mon 300ème départ en coupe du monde à Canmore, donc cela m’aura demandé 300 courses pour avoir une étape à domicile. C’est fou en y pensant. Et cela rend la chose encore plus spéciale je pense.
- Pourquoi était-ce si important pour vous d’avoir cette coupe du monde aux Etats-Unis et au Canada ?
Eh bien d’abord parce que, pour de nombreux jeunes athlètes, cela leur offre un tout premier départ en carrière en coupe du monde, étant à la maison. C’est ce qui va se produire pour nous, on va avoir un nombre important de fondeurs qui vont célébrer leurs débuts dans l’élite. Et aussi parce que cela va nous aider à inspirer les jeunes générations. C’est difficile à expliquer cet enthousiasme que l’on a, parce que quand on veut montrer aux enfants que le ski de fond est un sport magnifique, ils ne peuvent que le supposer parce qu’ils nous voient que très peu sur la coupe du monde. Donc d’avoir cet événement à domicile, c’est une vraie chance pour nous de leur donner envie de continuer à pratiquer ou de se lancer dans la discipline. On essaye toujours de se développer et cette étape pourrait être un vrai boost pour nous.
- Que pensez-vous du choix de certaines nations qui n’amèneront pas une délégation entière pour cette tournée nord-américaine ?
Tout ce que je sais, c’est que la plupart de nos athlètes doivent collecter de nombreux fonds pour leur permettre de passer toute la saison en Europe. Cela représente beaucoup d’argent. Une partie de mes coéquipiers ont un second travail à côté pour financer leur hiver et courir sur la coupe du monde. Ils font beaucoup de sacrifices parce qu’ils aiment ce qu’ils font. C’est une triste réalité mais vous ne pouvez pas voyager à travers le monde gratuitement. C’est une situation que nous, que le Canada, que l’Australie par exemple… que tous ceux qui ne sont pas d’Europe centrale sont confrontés au quotidien. Je vois des familles, des clubs, des sponsors qui sacrifient de leur temps et de l’argent pour que ces étapes comme Minneapolis voient le jour.
- Qu’est-ce que vous attendez de cette tournée nord-américaine ?
Que tout le monde dise à quel point c’était génial ! Je pense que ce sera très intéressant à suivre en tout cas, je serai curieuse de voir ce que les Européens vont penser de l’événement. De le voir à travers leurs yeux, c’est vraiment excitant, surtout pour une première fois [les Etats-Unis n’ont plus accueilli de coupe du monde de ski de fond depuis 2001, NDLR].
- Est-ce que c’est l’excitation qui prédomine à l’approche de l’étape de Minneapolis ou il y a de la pression également ?
Evidemment, j’attends avec impatience d’y être, mais bien sûr je veux à tout prix performer ici. C’est la première fois que mes grands-parents viendront me voir depuis mes 19 ans, donc je veux donner mon meilleur pour eux. Mais mon objectif reste de me faire plaisir et de donner tout ce que j’ai. Je veux vraiment apprécier l’atmosphère incroyable et ne pas me laisser prendre par l’enjeu.
A lire aussi
- Une coupe du monde à la maison pour Jessie Diggins
- « C’est comme si je recommençais de zéro » : après avoir rechuté de ses troubles alimentaires cet été, Jessie Diggins débarque à Ruka sans pression
Les cinq dernières infos
- Biathlon | L’Ukrainien Vitalii Mandzyn, sensation de l’individuel court avec sa quatrième place : « J’espère que ce n’est que le début »
- Biathlon | « Avec le plein, ça pouvait jouer devant… » : de la satisfaction, mais aussi de la frustration pour Quentin Fillon-Maillet et Eric Perrot, dans le top 6 de l’individuel court de Kontiolahti
- Biathlon | Kontiolahti : la liste de départ de l’individuel court féminin, Julia Simon est présente
- Biathlon | « Ma meilleur course de tous les temps » : Endre Stroemsheim et les Norvégiens ont mis tout le monde d’accord à Kontiolahti
- Biathlon | Kontiolahti : pour la première fois de sa carrière, Endre Stroemsheim va revêtir le dossard jaune de leader de la coupe du monde