Ski de fond : un sprint de « cogneur » pour Jules Chappaz et les Bleus en Norvège
Il y a deux ans, sur le site de Planica, en Slovénie, Jules Chappaz marquait l’histoire du ski de fond français. En décrochant la médaille de bronze au bout d’un sprint classique haletant, le Haut-Savoyard devenait le premier tricolore à décrocher une distinction individuelle dans ce format aux Mondiaux.

Depuis, le Cluse a eu le temps de décrocher son premier podium en carrière sur la coupe du monde lors de l’étape de Toblach (Italie) disputée fin décembre 2023. Ce jeudi, sur les pistes de Trondheim (Norvège), le fondeur de 25 ans remet sa breloque en jeu à l’occasion du sprint skate des championnats du monde.
Pour Nordic Magazine, le jeune homme a accepté de revenir sur son difficile début de saison avant d’évoquer ses objectifs pour cette édition 2025 de l’évènement planétaire.
Un passage en Scandinavie dur à digérer
« J’ai eu du mal à lancer la saison en Scandinavie. C’était vraiment dur cette année. Il n’y avait pas de neige donc on n’a fait que des séances sur des snowfarmings. Ce n’était pas vraiment des séances de plaisir. On peut aussi rajouter le manque de soleil et peu de performance auxquelles je pouvais me raccrocher. En rentrant de ces trois semaines, je me suis dis que je n’avais pas beaucoup avancé dans ma vie pendant ce temps. »

« A Davos, je ne passe pas la qualification et on fait quand même un bon team sprint. Mais là, cela m’a mis dans un mauvais « mood ». Je n’étais pas très bien mentalement. J’avais la sensation de ne plus me faire plaisir. C’est là où j’ai décidé de ne pas aller sur le Tour de Ski. »
« J’avais l’impression que j’avais plus à y perdre qu’à y gagner. C’était prendre beaucoup de risques pour pas grand chose. Je n’avais eu que dix jours pour me remettre de Davos et ce n’était pas vraiment le cas physiquement comme mentalement. J’ai préféré prendre le temps et me repréparer pour Les Rousses. »
« Soit ça ne marchait pas et je m’étais déjà dis que j’en profiterai pour passer mon monitorat sur la fin d’hiver » Jules Chappaz à Nordic Magazine
« J’ai vraiment pris du temps à la maison à Noël. Je voulais reprendre du plaisir à skier. Il y avait super conditions et je ne pensais pas trop à l’entraînement. Je suis allé skier quand je pouvais et cela m’a un peu sorti du cadre de sportif de « haut niveau ». »
« Après, je me suis doucement remis dans la préparation pour Les Rousses car je savais que c’était un peu quitte ou double. Soit cela marchait là-bas et ça pouvait m’ouvrir de belles portes, soit ça ne marchait pas et je m’étais déjà dis que j’en profiterai pour passer mon monitorat sur la fin d’hiver. »
Un retour aux Rousses salvateur
« Finalement, ça a quand même bien marché avec un super sprint classique. J’étais vraiment content même si j’ai un peu manqué de réussite la semaine suivante en Engadine. Mais là, je me sentais bien plus dans le coup physiquement et mentalement. J’y mettais beaucoup plus d’intentions et j’étais vraiment heureux. »

« A Cogne, on fait un super team sprint avec Richard [Jouve, NDLR] et je réalise aussi un joli sprint classique même si j’ai été disqualifié par la suite. Après ce week-end , je me suis dis que j’étais enfin de retour au combat. J’étais content de pouvoir m’exprimer et de pouvoir jouer avec les autres avec de bonnes sensations et en retrouvant du plaisir. »
« Ensuite, on a fait un bon stage à Prémanon pendant dix jours où nous étions en hypoxie. J’ai super bien réagi à cet effet d’altitude en arrivant à Falun. J’étais vraiment bien et j’avais coché ce sprint classique car c’était le dernier de la saison dans ce style. D’ailleurs, c’était peut-être ma meilleure journée de l’année en termes de sensations pour le moment. »
« L’objectif de l’année, c’est quand même le team sprint classique »Jules Chappaz à Nordic Magazine
« J’ai ensuite retrouvé les effets de la redescente qui ont fait que ça n’allait pas trop dès le dimanche sur la distance. J’ai préféré arrêter parce que je savais que les Mondiaux arrivaient et que ça ne servait à rien de forcer. Je suis rentré un peu fatigué chez moi mais j’ai pris le temps de profiter du soleil et de faire du « ski plaisir ». »

« Pour moi, l’objectif de l’année, c’est quand même le team sprint classique parce qu’il y a une belle équipe de France et je pense qu’on peut aller chercher une médaille. On veut faire une grosse course en étant acteurs. Sur le sprint skate, je veux faire ma meilleure performance de la saison sur ce format. Je n’ai pas beaucoup de bons repères sur ce dernier depuis le début de saison. »
« C’est un peu dur de me dire que l’objectif est de défendre ma médaille. Je ne suis vraiment pas là dedans. Mon but, c’est de faire mon meilleur sprint skate de l’année et de montrer que ce que j’arrive à faire en classique, je suis aussi capable de le faire en skate. J’ai déjà fait un podium en coupe du monde en skate, donc je pense que, dans une très bonne journée, ça peut claquer. Après, je n’ai pas la prétention de dire que mon objectif est de faire une médaille. »

« J’ai envie de jouer, et de courir à ma façon en étant acteur. Avec ça, je vais me faire plaisir. D’avoir la chance de vivre des Mondiaux en Norvège, c’est assez dingue. On a déjà couru sur les pistes lors des courses estivales de la Toppidrettsveka. On les connaît bien et en sprint, elle sera assez complète. Il y a deux grosses parties physiques et on a ensuite deux belles descentes avec des virages techniques. Il y a également une longue dernière ligne droite. Il faut être puissant mais aussi bon descendeur tout en sachant tourner et en ayant une grosse « giclette ». Thibaut [Chêne, coach de l’équipe de France, NDLR] dirait que ça va être un sprint de « cogneur ». En tant que Français, on aime bien ça donc c’est cool ! »
A lire aussi
- La sélection française pour les Mondiaux de Trondheim
- Le programme complet des championnats du monde 2025 de ski de fond, saut à ski et combiné nordique de Trondheim
Les cinq dernières infos
- Biathlon | « Nouveau pays, nouvelle langue, nouvelle culture » : le Haut-Savoyard Thomas Briffaz devient entraîneur de tir de l’équipe nationale juniors de Suède
- Biathlon : Paula Botet, aussi, a rechaussé les skis sur le glacier de Tignes
- Biathlon | Stage de Corrençon-en-Vercors : la longue sortie en vélo de près de 150 km des Bleus en images
- Biathlon | « Un contretemps que je mets à profit pour travailler différemment » : Julia Simon prend la parole après l’annonce de sa blessure à la cheville
- Vu de Norge #468 : le point commun de Tiril Eckhoff et Heidi Weng
Articles similaires
