Ski de fond : une saison pleine pour Jules Chappaz
Médaillé de bronze du sprint classique des derniers championnats du monde de ski de fond de Planica (Slovénie), Jules Chappaz s’est installé l’hiver passé parmi les meilleurs fondeurs de la planète. En progression constante tout au long de la saison, le Cluse a effectivement changé de statut.
« Pour moi, la saison dure du 1er mai au 1er avril et ne se dispute pas uniquement sur l’hiver. Je suis donc vraiment content d’avoir fait ces onze mois pleins. Je n’ai pas eu de blessures, de pépins physiques ou de maladies. J’ai plutôt été en bonne forme sur tous ces mois et c’était important pour moi », se réjouit-il pour Nordic Magazine.
Réalisant de belles performances tout au long de la préparation estivale, comme au Martin Fourcade Nordic Festival, le fondeur de 23 ans a rapidement compris qu’il pourrait viser haut. « Je pense que le changement de coach m’a fait du bien, note-t-il. Thibaut [Chêne] nous a apporté de bonnes choses. On se régale tous dans ce groupe. Il y a une certaine alchimie qui s’est créée tout au long de la préparation pour construire une bonne saison. A titre personnel, j’ai senti que je progressais tout au long de cette période de préparation. J’ai revu mes objectifs à la hausse en octobre. »
« Début mai, ils étaient de passer trois qualifications sur quatre, reprend-il. Fin octobre, je voulais être dans le top 20 du général du sprint après la première période de l’hiver pour aller au Tour de Ski. En rentrant du Tour de Ski, je me suis préparé avant les Mondiaux pour essayer d’aller faire un coup là-bas. Je voulais sortir ma meilleure journée de l’année sur le jour le plus important. Cela a plutôt bien marché ! »
Un début de saison tambour battant
En novembre, à Ruka (Finlande), sur la première étape de la coupe du monde 2022/2023, Jules Chappaz frappait déjà un premier grand coup avec une première finale en carrière à la clé.
« Ma saison avait vraiment bien commencé là-bas. J’ai fait un bon sprint skate à Lillehammer puis j’ai gagné la qualification à Beitostølen où je me fait ensuite battre à la régulière. Je ne sortais pas du top 15 donc c’était top, rembobine le Cluse. J’ai ensuite eu la Covid-19 à Davos puis un mois de janvier compliqué, notamment en termes de sensation. Ce n’était pas facile même si je tombe à Val di Fiemme et aux Rousses. J’étais déçu mais je n’avais pas les sensations de l’année. Mais je ne me suis jamais trop posé de questions. J’ai continué à m’entraîner en me disant que je devrais avoir une place aux Mondiaux avec mon bon début de saison. »
« Mon envie de gagner a encore augmenté après les Mondiaux »
Mais la consécration a fini par arriver au meilleur des moments. Le 23 février dernier, à Planica (Slovénie), sur le sprint classique des Mondiaux, il devenait le premier Français de l’histoire médaillé mondial sur ce format en individuel.
« Je suis arrivé en Slovénie avec cette envie de faire une belle journée. Je n’avais aucune pression du résultat. Cela s’est encore mieux passé que ce que je pouvais rêver. J’ai fait une médaille mais je ne pense pas que c’était la meilleure journée de ma vie en terme de sensation quand je vois comment j’ai pu être à Drammen après. C’est une journée qui va changer ma carrière et qui a changé ma saison, estime Jules Chappaz. Il y a eu un avant et un après Mondiaux dans mon hiver en terme de confiance et de légitimité que je ressentais sur la coupe du monde. Avant cette échéance, je découvrais, alors qu’après, j’étais là pour claquer. Mon envie de gagner a encore augmenté après les Mondiaux. Des objectifs qui n’étaient que des rêves avant deviennent réalisables donc cela me donne encore plus l’envie de travailler pour aller en chercher d’autres. »
Un changement de statut que le jeune homme semble appréhender sereinement : « Je ne porte pas du tout attention au fait que je puisse être plus surveillé. Je suis là pour faire mes courses et je ne me soucie vraiment pas de ce qu’il se passe à côté. Au final, là où j’aurais pu avoir plus d’attente et de stress, j’ai eu un énorme coup de boost. Je me suis dit que j’avais, en quelques sortes, réussi ma saison. Si ma carrière s’arrêtait là, elle serait déjà belle. La fin de saison n’était que du plaisir et je me suis régalé à courir sur cette tournée de sprint en Scandinavie. »
Déjà tourné vers la préparation
Même après une saison éprouvante sur le plan physique comme mental, Jules Chappaz n’a pas pour autant totalement stoppé sa pratique sportive durant l’inter-saison. « J’ai fait du ski de randonnée et même une grosse sortie de ski de fond aux Saisies. J’ai repris la course à pied récemment et je fais également un peu d’escalade. Les Scandinaves n’ont pas l’air d’avoir trop arrêter d’après leurs sorties sur Strava, rigole le Montblanais. En arrêtant totalement, je pense que l’on y perd beaucoup. C’est mon intime conviction et je ne sais pas si cela marchera, mais je crois en ce que je fais et c’est déjà une bonne partie du boulot. Le corps ne perd pas l’habitude de faire du sport et je suis prêt à reprendre l’entraînement. »
Chutant à de nombreuses reprises cet hiver sur les sprints après des accrochages, le Cluse veut rapidement rectifier le tir en travaillant d’arrache-pied. « Après les championnats du monde, j’ai beaucoup chuté. Il y en a quelques-unes pour je suis responsable et d’autres où je ne contrôlais pas. Je pense que j’avais vraiment le niveau pour jouer devant en sprint. J’ai été chercher mes premiers points en distance avec mon premier top 30. J’ai surfé sur la vague en fin de saison avec une grosse énergie. Cela me faisait vraiment plaisir et me donne envie de continuer à travailler ces problèmes d’équilibre et parfois ceux de précipitations qui m’amènent à chuter en sprint, indique-t-il. Je repars à l’entraînement avec une énorme motivation. »
Auteur de belles performances en distance en fin de saison, Jules Chappaz veut, désormais, axer son travail vers une progression dans ce type de course : « Je vais rester un peu dans la lignée des autres années. J’ai discuté avec Thibaut [Chêne] à propos de quelques idées pour passer des caps en distance et aller chercher un peu plus de polyvalence. Il va falloir que je travaille sur mon poids car le rapport poids/puissance est hyper important en distance. Je pense que nous nous sommes tous fais un peu surprendre sur le rythme du 10 kilomètres. Je l’ai très vite identifié pour ma part et je pense que l’on va travailler là-dessus pour ne plus être surpris. On gardera des séances où l’on pose aussi notre ski. »
A lire aussi
- « On est hyper contents » : Jules Chappaz et Richard Jouve racontent leur titre mondial militaire du team sprint décroché à Boden
- Boden : Jules Chappaz et Richard Jouve champions du monde militaires du sprint par équipes, Léna Quintin et Flora Dolci en argent
- Jules Chappaz après son podium en coupe de Norvège : « Je suis content de voir que j’ai toujours ce même état d’esprit conquérant »
- Planica : Jules Chappaz a reçu sa médaille de bronze du sprint classique
- Thibaut Chêne sur la médaille mondiale de Jules Chappaz : « C’était son jour et il a su saisir sa chance »
- Jules Chappaz après sa médaille de bronze : « Je n’avais pas envie d’être ici pour découvrir »
- Planica : revivez en vidéo la médaille de bronze mondiale décrochée par Jules Chappaz lors du sprint classique
- Planica : Jules Chappaz, médaillé mondial sur le sprint classique, revient de loin
- Planica : Jules Chappaz dans la légende en devenant le premier sprinteur français médaillé mondial
- Planica : Jules Chappaz médaillé de bronze sur le sprint classique
- Jules Chappaz : « J’ai vraiment envie de faire quelque chose à Planica »
- Jules Chappaz : « Je savais que j’étais en forme, mais pas à ce point »
- Ruka : première finale pour Jules Chappaz, Johannes Hoesflot Klæbo seul au monde
Les cinq dernières infos
- Ski de fond | « Et là, la voiture de mon copain lâche, turbo mort… » : Léonie Besson fait le récit de sa journée marquée par les ascensions des cols Agnel, d’Izoard et du Galibier en ski-roues
- Biathlon | Ski de fond : la piste de snowfarming des Saisies est ouverte
- Ski nordique : Falun obtient l’organisation de l’édition 2028 des championnats du monde juniors et U23
- Biathlon | BD : Beniamino Delvacchio explique comment il a dessiné « Revanche dans les Aravis »
- Biathlon : le programme complet des courses d’ouverture norvégiennes de Sjusjøen auxquelles les Français vont participer