Ski de fond : premiers Mondiaux pour Juliette Ducordeau
Même si les championnats du monde de ski de fond de Planica (Slovénie) ont déjà débuté il y a quelques jours avec les sprints classiques et le skiathlon masculin, les distanceuses tricolores font leur entrée sur le skiathlon ce samedi. De retour dans cette équipe de France en cours de saison, Juliette Ducordeau s’est fait une place au fil des étapes de coupe du monde. Avant de prendre le départ de ses premiers Mondiaux, la Villardienne s’est entretenue avec Nordic Magazine.
Un stage dans de superbes conditions
« Le stage à Toblach s’est très bien passé. Nous avions de très bonnes conditions de ski et c’était un stage de préparation très qualitatif. Nous avons bien bossé certains aspects et fait du volume. C’était important d’en faire car j’ai pas mal enchaîné les courses depuis janvier et je commençais à être un peu sur la pente descendante concernant ma forme à Toblach. J’ai ensuite eu quelques jours plus tranquilles avec un peu moins d’entraînement. On a refait un cycle de quatre, cinq jours de travail plus important avant l’arrivée à Planica lundi. Je pense que tout cela va m’aider à retrouver une bonne forme. On verra ce que cela donnera en course mais j’ai l’impression que cela va mieux ! »
Une période difficile pour mieux rebondir
« J’ai été blessée lors de la saison 2020/2021 et j’avais donc fait une saison blanche. Je suis revenue à la compétition l’an dernier mais je manquais d’entraînement, d’intensité… C’est vrai que cette saison avait été très compliquée. Ensuite, je suis sortie des équipes de France au printemps mais j’étais toujours aussi passionnée et j’aime toujours autant la compétition. »
« Je savais que j’avais des choses à faire dans ce sport que j’aime du plus profond de mon cœur. J’ai donc décidé de continuer même si cela est plus compliqué comme je n’étais plus en équipe de France et qu’il fallait retrouver une structure. Je pense que c’était un mal pour un bien car cela m’a vraiment permis de sortir de ma zone de confort. Cela m’a fait réagir [Rires] ! J’ai pu trouver des solutions, faire des stages toute seule en plus de ceux que j’avais avec le Team Vercors Isère. Cela s’est très bien passé aussi avec mon nouveau coach Robin [Duvillard]. On a évolué ensemble, il m’a apporté beaucoup de choses. »
« Je pense avoir beaucoup évolué mentalement par rapport aux années précédentes »Juliette Ducordeau à Nordic Magazine
« Je pense avoir beaucoup évolué mentalement par rapport aux années précédentes. Je pense tout de même que le physique a toujours été là. Mentalement, il fallait que j’évolue et j’ai encore beaucoup de travail là-dessus. Il ne faut pas se mettre de barrières. Je n’avais pas assez la hargne et je la retrouve aujourd’hui. J’ai vraiment envie d’atteindre mon plein potentiel et d’être la plus forte possible avec les armes que j’ai. Le cap est surtout là pour moi. »
De la fatigue accumulée durant le mois de janvier
« Le Tour de Ski est un gros morceau. On ne s’en rend pas compte mais pour récupérer, il faut vraiment beaucoup de temps autant physiquement qu’émotionnellement. Ce sont beaucoup d’émotions aussi car j’y ai fait les meilleures courses de ma vie jusque-là ! C’était incroyable et tu as forcément envie de continuer sur cette lancée là. Mais il faut des moments pour se préparer à nouveau pour réussir à être forte. J’étais fatiguée après Toblach mais pas uniquement à cause de la coupe du monde des Rousses. Je pense que cela a joué tout de même un peu. Tu es à la maison, tu as un peu plus de « sollicitations » et c’est assez intense émotionnellement parlant. Mais je pense que c’est plutôt l’enchaînement de janvier qui m’a fatigué. »
Une densité importante
« La densité, je pense que c’est ce qu’il y a de plus important dans une équipe ! C’est cela qui t’obliges à augmenter ton niveau. Cela tire vers le haut dans tous les cas. C’est important pour moi de pouvoir partager tous ces moments avec ce groupe également. Quand on voit la médaille de Jules [Chappaz, sur le sprint classique, NDLR], on se dit que tout est possible et qu’il ne faut pas se fixer de limite et rêver ! Il ne faut pas avoir peur de briser ce plafond de verre chez les dames comme chez les hommes.
« Ce qui compte dans notre sport, ce sont les actes »Juliette Ducordeau pour Nordic Magazine
« Ce qui compte dans notre sport, ce sont les actes. Ce que Jules a fait, c’est hyper inspirant. Cela donne trop envie. Ce que fait Delphine [Claudel] à l’Alpe Cermis et aux Rousses, Léna [Quintin] sur les sprints, Flora [Dolci] qui fait de belles performances sur les courses en skate et Mélissa [Gal] en sprint donne aussi envie. Je pense qu’on a toutes de belles qualités et cela nous pousse toutes à augmenter notre niveau. »
« Je ne veux pas avoir de complexes »
« Je ne me mets pas d’objectifs chiffrés pour moi car je pense que c’est une erreur. Pour moi, cela me met une forme de pression qui est délétère d’un point de vue psychologique. Mon but est d’aller chercher le même genre de course qu’au Tour de Ski où je joue devant, où je me sens sereine et au contact des meilleures. Je ne veux pas avoir de complexes. Il y a de belles choses à faire. Je pense que cela est jouable et qu’il ne faut pas avoir peur d’y aller. »
« Nous sommes cinq filles donc l’objectif sera d’aligner un relais. Nous n’avons pas pu le faire à Toblach pour diverses raisons. Je pense que nous avons quelque chose de beau à faire en classique comme en skate sur cette course. Je pense que l’on peut, là aussi, aller jouer devant. Il ne faut pas que l’on se pose de question. On est outsider mais l’être parfois est aussi bien ! J’espère que je pourrais prendre part à ce relais car c’est quelque chose d’important. Cela montre aussi que nous ne sommes pas là pour faire de la figuration ! »
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