Ski de fond : plus de fluor non plus en Ski Classics pour la saison à venir
La Ski Classics n’y fera pas exception. Comme annoncé conjointement en fin de saison dernière par l’IBU et la FIS, les farts fluorés n’auront plus leur place en compétition dès le début de cet exercice 2023/2024. Une transition difficile pour certains, mais nécessaire pour le bien de l’environnement.
« Depuis trois ans, il y a beaucoup de discussions autour du fluor. Nous faisons partie des institutions qui gravitent autour la FIS et nous entretenons une très bonne relation avec eux. Nous respectons leur décision de bannir le fluor, mais ils n’ont pas pris en compte tous les aspects en ce qui concerne le ski de fond. Dans les courses populaires et les longues distances, qui n’existent pas en saut à ski par exemple, il est impossible de contrôler 60 000 paires de skis », estime le directeur de la Ski Classics, David Nilsson, à Nordic Magazine.
Le dirigeant scandinave poursuit : « Le principal problème ici, c’est qu’il y a un manque cruel de connaissance autour de ce sujet. Les teams, les athlètes, personne n’a vraiment d’informations sur comment cela va se dérouler. »
Certaines nations ont déjà pris les devants concernant cette interdiction. En Suède, un système de détection du fart fluoré a été dévoilé par l’intermédiaire de l’intelligence artificielle. D’autres pays sont en revanche en retard, comme l’Italie qui, d’après le directeur de la Ski Classics, n’aurait pas encore de machine à disposition.
« C’est dans l’intérêt de tout le monde de respecter l’environnement et de ne plus être dépendant du fluor. Ce qui inquiète les équipes, ce sont les éventuelles erreurs de la part de la machine. Nous avons fait des tests et tout fonctionne, rassure-t-il. Si vous utilisez du fluor, vous prenez le risque de vous faire contrôler et d’être sanctionné. C’est le même traitement que pour le dopage. Et le différentiel de résultat avec et sans fluor pourrait même dépasser le potentiel gain de temps grâce au dopage, avec la dégradation des skis sur les longues distances, c’est pour dire. »
« Il faut que la fédération soit vigilante à ne pas trop complexifier ce sport. La FIS doit tout faire pour promouvoir les vertus de la discipline, afin d’attirer le plus de monde possible, et non pas à la rendre inaccessible pour bon nombre d’entre eux », prévient David Nilsson.
« Il est très important pour nous d’être professionnel et de faire les choses correctement. Mais pour le bien de notre sport, nous devons soutenir la FIS et prendre nos responsabilités. Nous respectons évidemment cette décision mais nous attendons aussi que la fédération comprenne les conséquences des règles qui sont mises en vigueur. »
Des préoccupations quant à la tenue des skis
Avec quinze épreuves au programme pour cette quinzième saison de la Ski Classics, qui va se conclure par la Janteloppet (100 km) le 13 avril prochain, David Nilsson reste encore très incertain par rapport aux éventuelles triches dans les longues épreuves.
« Nous sommes dans l’inconnue totale concernant le comportement des skis sur les très longues distances. Nous ne savons pas si, lors d’un 100 km, un athlète utilisant des farts fluorés au départ aura encore du fluor au moment de franchir la ligne et, ainsi, éviter de se faire détecter par la machine. La FIS n’a pas effectué de tests à ce sujet et c’est ce que nous allons devoir apprendre au cours de cette première saison. »
Le patron de la Ski Classics se veut tout de même optimiste : « Les cas de contamination peuvent arriver, quand on skie dans les traces de quelqu’un qui utilise du fluor. Mais les risques de se faire prendre sont très minces, les réglages sont faits pour que la machine ne détecte rien d’anormal dans ce cas précis. On fait des essais depuis trois ans pour définir le taux minimum suffisant pour sanctionner un athlète qui ne respecte pas le règlement. »
La peur des suspicions
Claire Moyse, membre du Team Nordic Expérience Coste – Fromageries Marcel Petite, est aux premières loges pour constater le travail que cela représente d’être dans les règles : « Il y a eu beaucoup de discussions entre nous autour du fluor. Nous devons acheter du nouveau matériel et tout nettoyer pour éliminer le moindre particule qui pourrait trainer, ce qui demande beaucoup d’argent et de temps. Nous le faisons car c’est la règle, mais cela va attirer les suspicions de part et d’autre si un team a de très bons skis et une bonne glisse. »
« Les machines sont prêtes et nous sommes au point concernant les contrôles. On espère désormais que ce ne sera pas une trop grosse contrainte pour tout le monde », conclut le directeur de la Ski Classics.
Dans le courant de la semaine prochaine, David Nilsson réunira les directeurs d’équipes pour les informer des changements à venir. Ensuite, des réunions à titre éducatif seront mises en place afin que tous les teams comprennent comment les contrôles seront effectués et comment arriver à être dans les règles. Un long travail à venir alors que la saison débutera le 9 décembre prochain en Autriche.
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