SKI DE FOND – À seulement 22 ans, la fondeuse hautelucienne Laura Chamiot-Maitral a mis un terme à sa carrière de sportive de haut niveau. En exclusivité pour Nordic Magazine, elle revient sur les raisons qui l’ont poussée à brutalement arrêter le ski de fond, à moins d’un mois du début de la saison.
Ce lundi, la (surprenante) nouvelle est tombée comme un couperet : Laura Chamiot-Maitral arrête sa carrière de fondeuse. Médaillée de bronze lors des Jeux olympiques de la jeunesse 2016 de Lillehammer en cross, la skieuse des Saisies, qui aura disputé son ultime course internationale le 19 janvier 2020 à Pragelato (Italie) en coupe des Alpes, s’explique.
- Vu de l’extérieur, votre choix de mettre un terme à votre carrière de fondeuse est brutal : pouvez-vous l’expliquer ?
C’est vrai que ça peut faire un peu brutal, mais ça fait déjà un petit moment que j’y pense. L’hiver dernier a été un peu compliqué pour ma part, j’ai dû arrêter ma saison fin janvier, blessée. Après je suis repartie sur de bonnes bases au printemps mais j’ai eu un vrai coup de moins bien à partir de septembre.
- Pour quelles raisons ?
Je ne pourrais pas trop l’expliquer… C’est une baisse de motivation, de l’envie d’aller m’entraîner, de partir en stage. C’était très compliqué pour moi. Je me suis accrochée en me disant que ça allait passer…
- En début de semaine dernière vous étiez à Davos pour un stage sur neige : c’est à ce moment-là que vous avez compris que c’était terminé ?
Je n’avais pas très envie de partir et, voilà, ça ne s’est pas passé comme je l’aurais souhaité. Ça ne m’a pas forcément fait plaisir de remettre de skis et de skier sur la neige. Je me suis dit : « Ça ne va plus et ça ne sert plus à rien de continuer. » L’envie n’est plus là.
« C’est vraiment au niveau mental et de la tête que ça ne suivait plus »
- Aucun autre facteur que la motivation n’est entré en jeu dans votre décision de mettre un terme à votre carrière ?
Non, non. C’est de la motivation pure et dure parce que, juste de faire des séances, ça passait très très mal.
- À vous écouter, vous partez le cœur léger, sans regrets…
Absolument, je n’ai aucun regret. C’est sûr que quand on fait du haut niveau, on a toujours le rêve de performer, de faire les Jeux olympiques, les championnats du monde. C’est vrai que j’ai toujours voulu participer à ces compétitions internationales [elle a pris part aux Mondiaux de ski nordique de Seefeld en 2019, ndlr.] mais, en aucun cas, ça reste une frustration. Au contraire, j’ai l’impression d’avoir donné le meilleur de moi et d’avoir fait du mieux que je pouvais pendant toutes ces années. Là, c’est vraiment au niveau mental et de la tête que ça ne suivait plus.
- Comment vos coachs ont-ils accueilli votre annonce ?
J’ai eu Olivier Michaud [le directeur du ski de fond à la FFS, ndlr.] au téléphone il y a quelques jours. J’ai bien discuté avec lui et je lui ai dit que ce n’était pas sur un coup de tête ni une envie subite du moment de faire autre chose. Je ne prenais plus de plaisir à faire de ce que je faisais depuis des années. J’ai toujours fait du ski pour moi et personne d’autre. Je ne veux pas me forcer à continuer pour faire plaisir aux autres.
« Je ne me fais aucun souci pour elles, je sais qu’elles en claqueront de belles pour la suite »
- Vous laissez une équipe de France féminine en reconstruction mais en progression constante : vous êtes optimiste pour le futur ?
Bien sûr ! On était un bon groupe de filles qui commençait vraiment à élever le niveau. Je n’ai aucun doute qu’elles le feront dans le futur, Delphine Claudel l’a déjà prouvé cet hiver sur les coupes du monde. Flora Dolci et Léna Quintin l’ont montré sur les championnats du monde U23 d’Oberwiesenthal. Ce ne sont pas des podiums mais c’est juste énorme, ce sont des résultats qu’on n’aurait jamais espéré cinq ans en arrière. Je ne me fais aucun souci pour elles, je sais qu’elles y arriveront et qu’elles en claqueront des belles par la suite. Ça ne fait aucun doute [sourire].
- Globalement, que retenez-vous de votre carrière ?
Beaucoup de choses [rires]. Le sport de haut niveau est une grande école de la vie, ça nous fait grandir, mûrir et nous prendre en main très tôt. J’ai passé d’incroyables moments avec l’équipe de France de ski de fond, avec mon groupe et même ceux des garçons. J’ai appris énormément de choses, que ce soit sur le plan personnel ou collectif avec la vie de groupe. Tout cela me servira par la suite, c’est sûr.
- Vous prenez votre retraite sportive à 22 ans seulement : avez-vous une idée de ce que sera la suite ?
J’ai deux, trois projets en tête pour l’instant. Je vais déjà terminer mon DE [diplôme d’État, ndlr.] de ski que j’ai attaqué il y a deux ans. Sinon, je suis en Licence STAPS à Grenoble : il me reste deux années pour la finir.
Photos : Nordic Focus.