Ski de fond : dans les coulisses de la Birkebeinerrennet avec Laurie Flochon Joly
Pour Laurie Flochon Joly, participer à une course de ski de fond longue distance en Norvège était un rêve. Il faut dire qu’avec Benoît Carrara, membre de l’équipe de France dans les années 50 ayant terminé quatrième du relais olympique en 1952 dans le temple d’Oslo-Holmenkollen (Norvège), comme grand oncle, l’histoire était toute tracée.
« Je ne l’ai pas connu, mais c’est lui qui a animé les histoires de famille autour du ski de fond. La Norvège m’a donc toujours attiré pour cela », explique-t-elle. Ainsi, lorsqu’elle découvre la Birkebeinerrennet, cette course reliant Rena à Lillehammer avec un sac de 3,5 kg sur le dos, Laurie Flochon Joly se met en tête d’y participer. « J’ai eu envie de la faire par le défi qu’elle représentait et l’histoire qu’il y a derrière. Pour moi, c’est important de faire des choses qui ont du sens. Je me suis donc mise ce défi ! »
Au début de l’hiver, un coup de téléphone de Maxime Grenard pour lui demander si elle était intéressée par disputer certaines longues distances au sein du TNE Coste – Fromageries Marcel Petite accélère les choses. L’Aindinoise accepte et finance sa participation avec une cagnotte en ligne. « C’était un rêve et, en plus de cela, j’ai emmené avec moi plein de personnes », estime-t-elle, reconnaissante.
Le reste, elle le raconte à Nordic Magazine avec ses mots dans un carnet de bord touchant.
Mercredi 15 mars : arrivée en Norvège… sans skis
« Journée voyage ! Cela s’est plutôt bien passé malgré les grèves. Nous avons résisté et avons réussi à avoir nos avions sans trop d’encombres. Enfin presque… parce que les housses de Brice [Milici], Matis [Leray] et moi sont restés a Paris. On croise les doigts pour les avoir aujourd’hui ! Heureusement, le team avait laissé un bus après la Vasa donc tous les autres ont leurs matos ! Nous sommes logés prêt du départ à Rena dans une auberge de jeunesse sympathique. Je suis excitée de découvrir les pistes ! »
Jeudi 16 mars : découverte de la piste
« Repérage des 15 premiers kilomètres ! Petit -8 °C, mais on s’est vite réchauffés vu les bosses qu’il y’a !! Je savais que cela allait être dur, mais là, attention les bras 😱. Le paysage, lui, est époustouflant. Cela fait presque oublier le dénivelé digne d’une montée à la Dôle 😁 ! J’ai skié 2h30 en 30 minutes tellement c’était incroyable ! Je n’ai pas arrêté de me dire que j’avais une chance de dingue de pouvoir skier ici. Bonne nouvelle de la journée : on a récupéré nos housses grâce aux bons contacts de Camille Laude à Oslo ! »
Vendredi 17 mars : veillée d’armes
« Birken J-1 😱 !!! Aujourd’hui, tests des skis sous une tempête de neige. Petite séance cool, puis manger et sieste. Finalement, la meilleure chose avant une course c’est manger 😋 ! Cette aprèm, forcément, on a été obligés d’aller acheter des spécialités norvégiennes… enfin, perso, du chocolat parce que le maquereau voilà quoi… 😅 ! Toute l’équipe est prête à en découdre avec 3,5 kg sur le dos comme de vraies tortues ninja ! Départ à 7h45 pour les hommes, 8h00 pour les femmes. Avec un invité de marque : Gaspard Rousset 🏆 ! »
Samedi 18 mars : jour de course
« Birkebeinerrennet jour J ! Je n’ai pas beaucoup dormi à cause du trop-plein d’excitation et du réveil à 5 heures… Par où commencer le récit de cette journée ? J’ai envie de décrire l’ambiance au bord de la piste, mais aussi celle présente dans ma tête. Je voulais profiter de cette course mais aussi d’en être actrice parce que, quand je mets un dossard, c’est pour être performante tout en me prenant un maximum de plaisir. Parfois, c’est difficile d’associer ces deux mots, mais, aujourd’hui, c’était plus que jamais l’objectif. »
« La Birken, c’est déjà deux grosses montée (le première d’environ 15 km dès le départ et la deuxième du km 30 au 40). Je me sens bien dès le départ et j’essaye d’emmener Jennifer [Lambert] avec moi car j’aime beaucoup le fait de faire une course d’équipe. Malheureusement, Jenni était un peu moins en forme. Les groupes se dessinent très vite et je suis aux alentours de la vingt-cinquième place en haut du premier climb. J’ai géré mon effort sans trop en mettre. Je suis satisfaite, maintenant il faut récupérer et pousser à plat. »
« Autour de nous, cela sent le barbecue, le feu de bois, parfois l’alcool car c’est jour de fête, et cela crie « Heia heia » sur tous les participants et parfois des « Allez allez » quand les Norges voient le drapeau 🇫🇷 sur mon bandeau. J’ai le smile, des frissons. Les gens passent leur samedi en famille ou entre amis sur ce magnifique plateau décor carte postale. Je suis très émue par moments, surtout quand cela commence à devenir dur physiquement. Mais ce n’est pas le moment de craquer et je m’aide des encouragements extérieurs. Je pense beaucoup à mes sœurs, cela me donne de la force. »
« La fin du deuxième climb m’entame bien le dos, les bras et les abdos ! Purée, ce sac quelle idée j’ai envie de le poser au bord et repartir sans 😅 (je comprends mieux l’expression de poser un sac 🤷♀) !!! Je suis encore avec un bon groupe de filles, certaines sont en classique, d’autres en poussée. Cela me motive d’être avec toutes ces filles tellement fortes ! Mais, là, je vis une passe difficile. Je sens que l’énergie ne revient pas, je commence à avoir la vision qui se trouble, les bras en coton. Petit coup de boost cependant quand j’entends Camille Laude, Jules Pessey et Jimmy Hudry m’encourager et me tendre un ravito ! »
« J’ai rempli ma mission, j’ai réalisé un rêve de gosse et c’était incroyable, je suis fière de moi ! »
« Les 10 derniers kilomètres sont horrible !! Je n’en peux plus, mais je repousse encore mon corps dans ses retranchements car je ne veux plus perdre de places. Je veux tout donner et ne rien regretter ! Je passe la ligne avec un sentiment de satisfaction. Très émue, j’ai rempli ma mission, j’ai réalisé un rêve de gosse et c’était incroyable, je suis fière de moi ! En plus de cela, Thomas Joly (quinzième) et Jérémy Royer (dix-septième) réalisent une sacrée perf sur une course très très relevée ! »
« Je veux aussi souligner le travail de dingue que font Maxime Grenard, Antoine Tarantola et Clément Poncet pour nous. Cette course est super chouette, mais c’est une logistique sans nom… (plus rapide de faire le trajet Rena.Lillehammer en ski qu’en bus) et face aux grandes équipes nous ne sommes pas vraiment à égalité. Grâce aux coachs et technos nous arrivons à performer ! Merci aussi à Laurent Leteroin et Antoine Marceau qui nous ont accompagné, ravitaillés, testé et fait nos skis sur ce week-end. »
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