Ski de fond : Maurice Manificat est éternel
Maurice Manificat revient de loin. Pas assez performant l’hiver dernier, ne parvenant pas à entrer une seule fois dans le top 10 en coupe du monde, le fondeur haut-savoyard avait été relégué au printemps en équipe de France relève. Un défi s’ouvrait alors pour la légende du ski de fond tricolore aux quatre médailles olympiques : regagner sa place au plus haut niveau international en repassant par les cases coupe de France et FESA Cup.
Vendredi matin, en gagnant l’individuel classique de St. Ulrich am Pillersee (Autriche) dans des conditions dantesques, Maurice Manificat a validé son pari en validant son ticket pour le Tour de Ski. Avec son habituelle générosité, le plus grand skieur de fond de l’histoire raconte à Nordic Magazine comment s’est effectué son retour au premier plan… qui, il l’espère, ne fait que commencer.
Un été idéal avec le groupe… relève
« C’était un beau défi qui se présentait à moi avec cette préparation passée dans un nouveau groupe et avec un nouvel entraîneur. Comme je l’ai déjà dit dans l’été, c’était quelque chose de génial. J’ai pris ce défi à bras le corps en restant concentré à la tâche et en étant bien drivé par Mathias Wibault. Le groupe était super ! Cette ambiance du ski de fond français que je connais depuis plus d’une décennie avec du travail dans la bonne humeur était bien présente. »
« Ces derniers temps, on avait vraiment hâte de mettre les dossards ! Pour la plupart, on sentait qu’on voulait entrer dans le combat parce qu’on avait les armes pour jouer une montée en coupe du monde. Il y a donc eu beaucoup d’impatience d’en découdre, surtout en novembre. Autant l’automne passe super vite, autant c’est plus long dans les dernières semaines. Pour ma part, ça répondait super bien avec une très bonne régularité tout l’été dans les sensations. Je sentais que ça montait en puissance dans les premières courses fin novembre. »
Un rhume deux jours avant la course la plus importante de son début d’hiver
« Les coupes de France et les FESA Cup, ce sont week-ends pièges. La densité au niveau français est forte, comme en coupe des Alpes, et c’est vrai que ça peut vite basculer du mauvais côté. On a beau tout mettre, c’est possible que ça ne fasse pas. A Goms, en décembre, c’était frustrant parce que c’était bien, mais pas suffisant. Il y avait l’ouverture possible d’aller en coupe du monde à Trondheim qui ne s’est pas faite. Il a donc fallu prendre son mal en patience et continuer de bien bosser avec Mathias [Wibault], avec qui j’ai vraiment une bonne complicité. On a pris les bonnes décisions à chaque fois. »
« Mardi soir, en arrivant à St. Ulrich am Pillersee, j’ai par exemple eu un petit rhume. Pas de stress parce que ce n’était pas bien méchant, mais on a décidé de ne pas faire le sprint pour mettre toutes les chances de mon côté sur l’individuel classique, mon point fort où je peux performer. Cela fait tellement longtemps que je ne me suis pas senti aussi bien et régulier sur une si longue période. A chaque fois, il faut le petit détail pour faire la différence. »
Direction le Tour de Ski
« Ce week-end était crucial et je le savais, mais je ne me mettais pas la pression. J’étais serein en contenant mon impatience. Beaucoup de sentiment se bousculaient dans ma tête parce que ce n’est pas facile pour moi depuis un an et demi. Je suis donc content parce que je suis parvenu à faire les choses dans l’ordre ! Dans le groupe, on se soutient tous et on est super contents que Rémi [Bourdin] et moi montons sur le Tour de Ski. »
« Dans ce défi de revenir en coupe du monde, c’était clairement le Tour de Ski qui était dans ma tête. C’est, je trouve, ce qu’il y a de mieux depuis quasiment vingt ans dans notre sport. Le Tour de Ski, hors championnats, c’est l’événement qui apporte au ski de fond une vraie plus-value. C’est donc satisfaisant de retourner en coupe du monde, mais l’étape suivante est de ne pas s’arrêter là. Le chemin a été long, difficile et piégeux, mais j’ai réussi à franchir les obstacles. Notre sport est un combat et, pour le comparer au rugby, j’ai marqué un essai et, maintenant, il faut le transformer. »
« J’ai fait le plus dur, mais il y a encore du très dur qui arrive ! »
« L’objectif, comme je l’avais dit, n’était pas de revenir pour revenir. Ce n’est pas un aboutissement de revenir parce que je ne veux pas faire que revenir. Je veux surfer sur cette vague de bonnes sensations, contribuer aux bons résultats de l’équipe de France et que mon retour soit qualitatif. On verra si cela s’inscrit dans la durée, mais je veux faire les choses bien, en professionnel. Le ski de fond est ma passion, mais surtout mon métier. J’ai fait le plus dur, mais il y a encore du très dur qui arrive ! Le voyage continue et c’est super enrichissant. Je suis très content, mais je me contiens. »
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