Ski de fond : les confidences de Léonie Besson
Le week-end passé, la fondeuse Léonie Besson, 20 ans, a réalisé l’exploit de battre la Bornandine Léna Quintin dans un sprint des championnats de France de ski-roues. Sacré lors des trois dernières éditions, cette dernière a donc été battue à Arçon (Doubs) par la sociétaire du Féclaz Formation Longue Distance. Senior première année, la Haut-Alpine aux longs cheveux bruns bouclés qui pourrait bien devenir la nouvelle pépite du sprint français, par cette performance, est entrée dans le grand monde en fracassant la porte d’entrée.
Quelques jours plus tard, une fois revenue à la maison et la tension retombée, l’ancienne biathlète du comité de Savoie avouait à Nordic Magazine ne pas parvenir à y croire. « Je suis toujours sur mon petit nuage, lançait-elle d’abord dans un grand éclat de rire. Même si je réalise, il y a toujours une part de moi qui se dit : « Wow, c’est moi qui a fait cette course ! » C’est vraiment cool ! » Après cela, elle s’est longue confiée sur sa victoires, ses objectifs à venir et son bel été.
La journée en or de Léonie Besson racontée par Léonie Besson : « Toutes les petites planètes se sont alignées »
« On a fait une semaine de stage là-bas avec des intenses et je n’avais pas des sensations incroyables qui auraient pu me mettre la puce à l’oreille. Elles étaient normales d’autant qu’on faisait la transition avec le volume de l’été. Cette journée du samedi a donc commencé de manière totalement banale avec un petit déjeuner, un départ en course dans une hyper bonne ambiance avec le FFLD puis un échauffement classique. Ensuite, je savais qu’il ne fallait pas réfléchir sur les qualifications et y aller ! »
« A l’arrivée, j’étais un petit peu dans les vapes, je me concentrais déjà sur la suite et je n’entendais pas que j’étais deuxième… J’ai bien entendu que quelqu’un était à 4 centièmes de Léna Quintin, mais je ne me disais pas que c’était moi. Beaucoup de personnes m’ont félicité et c’est à ce moment-là que j’ai compris que j’étais deuxième. Je me suis étonnée moi-même et j’ai compris ce que j’allais devoir faire par la suite ! J’ai paniqué [rires] ! J’étais paniquée d’être parmi les meilleures avec des filles en équipe de France depuis toujours alors que je suis un peu personne. Même si j’ai de bonnes qualités et que j’ai pu parfois le montrer par le passé, rien ne disait que je pouvais gagner ou faire quelque chose. »
« Derrière, toute l’équipe m’a donné des conseils, que ce soit mes collègues plus expérimentés à mon petit soin ou Pierre [Belingheri, son entraîneur]. Il m’a surtout dit de faire ce que je savais faire. Lors des phases finales, toutes les petites planètes se sont alignées et, quand c’est le cas, tu as l’impression que tout fonctionne trop bien et tu profites du moment. Lors des deux premiers tours, le but était d’être dans les quatre premières pour accéder à la grande finale tout en ne consommant pas trop d’énergie. Sur la finale, ensuite, c’était trop beau ! »
« Au début, ce sont Liv Coupat et Cloé Pagnier qui sont parties. J’avais beaucoup pensé à la stratégie de course et je me suis dit que ce n’étais pas grave parce que ce n’était pas la bonne stratégie sur cette piste. J’étais toujours hyper sereine même en étant cinquième avant le virage très serré à 180°. J’ai pu prendre l’intérieur et je me suis retrouvée dans les skis de Léna Quintin quand Mélissa Gal a commencé à déboîter. Pour moi, c’était comme une porte qui s’ouvrait et le fait d’avoir pris ses skis m’a aidé ! C’était le moment ou jamais d’y aller. Je sentais que je pouvais le faire. J’ai mis toute l’énergie possible et, quand j’ai vu que cela ne revenait pas, je me disait : « Wow, je vais gagner ! » Je gagne et je n’en reviens pas… Je suis personne et je viens de nulle part, je n’étais pas celle que l’on attendait et je ne m’y attendais pas du tout moi-même… »
L’importance de devant les filles de l’équipe de France : « Dans ma tête, et c’est ça qui est beau, c’est toujours une surprise »
« C’est quand même quelque chose de spécial parce que j’ai toujours un peu idéalisé ces filles-là ! Ce sont forcément des références. Quand on a la chance de pouvoir courir contre elles, on observe et on analyse. L’hiver dernier, lors du premier sprint de coupe de France à Bessans, Mélissa [Gal] courrait et gagnait avec une longueur d’avance avant d’aller en OPA, où elle gagne, puis en coupe du monde. Savoir que j’ai réussi à la battre montre que je peux aussi le faire. Pas forcément dans les mois qui arrivent, mais dans le futur. »
« Léna [Quintin], aussi, c’est une fille qui est allée aux JO, qui a fait une finale en coupe du monde… Moi, je le répète, qui ne suis personne, je suis parvenue à terminer devant la fille qui est la référence ! Mon rêve et mon but sont d’être la meilleure en sprint, cela prendra le temps qu’il faut même si j’aime bien griller des étapes et arriver par surprise ! Dans ma tête, et c’est ça qui est beau, c’est toujours une surprise. Je ne me lasse jamais, je m’impressionne et me rends fière. »
Une victoire qui lui ouvre des portes : « Il faut essayer de voir grand et peut-être que je ne voyais pas assez grand par rapport à ce que j’étais capable de faire »
« Mon objectif ce n’était pas forcément de briller sur les championnats de France de ski-roues, mais lors de la saison hivernale ! Je ne savais rien de mon niveau et je n’ai pas fait les choses pour montrer que j’existais et que j’étais là. Le but était plutôt de les faire avec le cœur. Tant mieux si des personnes arrivent à voir mon potentiel et ce que je peux faire plus tard. »
« Pour pas que cela n’influence mon choix, j’avais écrit mes objectifs de l’hiver avant ce week-end-là, mais, forcément, cela me rassure. Il faut essayer de voir grand et peut-être que je ne voyais pas assez grand par rapport à ce que j’étais capable de faire. C’est hyper bien d’avoir des rêves parce que j’avais rêvé de cette victoire et je suis finalement parvenue à l’avoir. J’espère le refaire ! »
Ses objectifs pour l’hiver à venir : « Je suis toujours le petit poussin parmi les grandes poules ! »
« Même si je prends de nouveau des sélections en OPA Cup, j’ai toujours du retard. C’est bien aussi parce que si je bosse encore et que je prends de l’expérience, cela ne pourra qu’être mieux. Je suis toujours le petit poussin parmi les grandes poules ! Si j’arrive à prendre ma place en OPA, le but sera d’y faire des résultats, d’y rester et on verra si c’est possible de prendre une place pour les Mondiaux U23. Si ce n’est pas moi, c’est que les autres l’auront mérité ! »
La vidéo Nordic TV des championnats de France de ski de fond d’été 2023 d’Arçon (Doubs)
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