SKI DE FOND – Les pays scandinaves ont organisé ce week-end des coupes nationales pour permettre aux athlètes de se tester à une semaine de l’ouverture de la coupe du monde à Ruka. Norvège, Suède et Finlande ont livré leurs lots d’enseignements.
Beitostølen (Norvège), Bruksvallarna (Suède) et Taivalkoski (Finlande) ont ce week-end officiellement lancé la saison hivernale de ski de fond. Sur chacune des épreuves qui ont été disputées, presque tous les cadors nationaux ont chercher à se rassurer à une semaine de l’ouverture de la coupe du monde de Ruka. Cela n’a pas toujours été le cas.
C’est dire que l’hiver s’annonce palpitant.
Johaug-Andersson-Karlsson : le ski de fond féminin a le vent en poupe
S’il est bien une chose qui est indéniable depuis l’hiver dernier, c’est que le ski de fond féminin fait belle figure. Avec l’émergence des nouvelles stars Ebba Andersson et Frida Karlsson du côté de la Suède, Therese Johaug a du mouron à se faire quant à sa suprématie exceptionnelle sur le circuit.
D’ailleurs, les deux jeunes Suédoises Andersson, 23 ans, et Karlsson, 21 ans, ont d’ores et déjà envoyé un message clair et simple à leur rivale norvégienne : il faudra compter sur elles cette saison.
Le samedi sur un individuel classique, c’est la médaillée olympique du relais suédois de PyeongChang Ebba Andersson qui s’est offerte une victoire à Bruksvallarna, quelques secondes devant sa meilleure ennemie Karlsson.
Mais la réponse fut instantanée le lendemain lors du dix kilomètres en style libre. La pépite du ski de fond suédois, vainqueure du 30 km d’Oslo devant Johaug en février dernier, Frida Karlsson, a pris sa revanche sur sa compatriote avec une avance de 10 secondes à l’arrivée.
En bref, les deux leaders sont d’attaque. Qu’en est-il de Therese Johaug qui, au même moment, portait le dossard à Beitostølen ? Elle a tout simplement été impériale. Voilà le terme qui désigne sa prestation dans le comté d’Oppland.
Quasiment une minute le samedi en classique et une trentaine de secondes le dimanche en skating. : c’est l’avance qu’elle a infligée à Helene Marie Fossesholm d’abord, puis Heidi Weng.
Alors, si Therese Johaug a éclaté de sa superbe sur ses terres et si les deux Suédoises se sont tirées la bourre dans le comté de Jämtland, le premier voyage de l’hiver en Finlande promet déjà d’être intense et la rivalité suédo-norvégienne plus forte que jamais.
Johannes Hoesflot Klaebo déjà bien en jambes
Autre enseignement de la rentrée des fondeurs, le retour de Johannes Hoesflot Klæbo. Le sprinteur star, quadruple tenant du titre du petit globe de la spécialité et en quête d’une seconde victoire au classement général après l’hiver 2018/2019, a déjà montré belle figure.
Le vendredi, il a d’abord remporté sans trop de souci un sprint en classique, se payant même le luxe de réaliser un grand-chelem dont il a le secret.
Puis, le samedi, est venu un individuel, toujours en classique. Cette fois-ci, Klæbo a fait face à une discipline qui le met en difficulté depuis l’hégémonie Bolshunov la saison dernière. Mais la force de caractère et le talent brut de la star norvégienne ne se laissèrent pas attendre. La mèche blonde et les bâtons roses devaient cependant faire face à une tempête soudaine mettant fin à tout espoir de victoire.
Klæbo est battu dans les bourrasques par un Mikael Gunnulfsen surprise. La leçon à retenir reste que, cet hiver, le dénommé Johannes va avoir soif de revanche après avoir été largement déchu par le géant Bolshunov.
À Beitostølen, le Norvégien a même décidé de ne pas prendre part au dernier individuel libre le dimanche, afin de se préserver pour le sprint classique de vendredi, à Ruka. L’objectif : aller chercher le premier dossard jaune de leader de la coupe du monde de ski de fond.
De grands noms sans sensations
Emil Iversen, Martin Johnsrud Sundby, Krista Pärmäkoski, Calle Halfvarsson ou encore Linn Svahn n’ont pas démontré de leur superbe d’antan en ce premier week-end officiel de compétition. Ils sont même, pour la plupart, passés complétement à côté de cet événement pré-hivernal décisif.
À commencer par Emil Iversen. Lui qui espérait revenir au plus haut après un hiver 2019/20 plutôt délicat, n’a pas pu redresser la barre à Beitostølen.
Seulement 30e du sprint, discipline où il se débrouille habituellement bien, le natif de Meraker, 29 ans, a totalement échoué sur l’individuel dantesque du samedi. À l’arrivée, une 51e place, deux minutes 30 de débourre et des doutes plein la tête jusqu’à zapper la course du dimanche.
Pour Martin Johnsrud Sundby, l’occasion de prouver l’erreur aux sélectionneurs norvégiens est manquée. Une 41e place le samedi et une course non terminée le dimanche, voilà le bilan du barbu, qui explique ces échecs par des douleurs insoutenables au dos qui persistent.
En Finlande, Krista Pärmäkoski n’a presque pas existé. Elle qui domine habituellement – et assez largement – les débats en Finlande, a été battue à la régulière par la vétérane Kerttu Niskanen. Elle termine troisième le dimanche à trente secondes de sa compatriote. Même problème pour Calle Halfvarsson, quatrième du dernier individuel de Bruksvallarna, et absent de Ruka.
Du côté du sprint, c’est une grande inquiétude qui ronge la Suède. Linn Svahn, meilleure sprinteuse de la coupe du monde la saison dernière, est passée à côté de son sprint, samedi, à Bruksvallarna. Elle qui a gagné la qualification, n’a pu se qualifier ensuite en finale, seulement quatrième de sa demi-finale et non repêchée au temps.
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Le temps de la relève approche
Ce premier week-end où les bruits de glisse et de bâtons dans la neige était de retour, a aussi donné l’occasion à la jeunesse de s’approcher un peu plus près de l’Olympe, l’élite du ski de fond national.
Il y a évidemment Frida Karlsson et Ebba Andersson. Mais du côté des « inconnus », c’est d’abord le cas de Jon Rolf Skamo Hope. Un nom atypique pour des performances exceptionnelles.
À 22 ans, le jeune fondeur du ski-club de Hyen, magnifique bourgade des fjords norvégiens, s’est révélé aux yeux de son peuple… et des sélectionneurs nationaux sans doute. Avec deux quatrième place sur les deux individuels, en classique puis en skating, Hope porte plus que jamais bien son nom. Son fait d’arme restait jusqu’alors une sixième place sur le 30 km des Mondiaux U23 d’Oberwiesenthal.
Le champion du monde U23 du 30 km d’ailleurs, Harald Oestberg Amundsen, a signé un podium fantastique dimanche en style libre. Il s’est intercalé entre un immense Hans Christer Holund et le spécialiste Sjur Roethe. À 22 ans, il confirme tout son potentiel.
Du côté des dames, Helene Marie Fossesholm est évidemment l’avenir du ski de fond norvégien. À 19 ans, la multiple championne du monde d’Oberwiesenthal et médaillée de bronze des mondiaux de VTT de Mont Saint-Anne en 2019, s’est illustrée avec deux podiums en deux courses. Une deuxième place d’abord, derrière Johaug (évidemment) et devant Heidi Weng, puis une troisième, derrière Weng cette fois-ci.
William Poromaa en est un autre. En Suède, le jeune fondeur de 20 ans – par ailleurs compagnon de Frida Karlsson – a remporté l’un de ces succès qui lancent une carrière au plus haut niveau. En devançant dimanche Johan Heggström et Björn Sandström, Poromaa a marqué les esprits.
Un peu moins jeune, mais néanmoins talentueux, Mikael Gunnulfsen a, à 27 ans, décroché son plus beau succès en carrière à Beitostølen devant des certains Klaebo et Holund. Le vendeur de GPS et entraîneur d’apprenti-fondeurs s’est affiché en plein centre des radars des staffs norvégiens.
Pour citer d’autres performances remarquables de jeunes prospects du ski de fond mondial, citons Karoline Simpson-Larsen, au pied du podium dimanche à Beitostølen et âgée seulement de 23 ans.
Cet hiver nous dira si les performances de ces jeunes prospects sur les épreuves de pré-saison auront été un coup d’éclat ou la révélation de grands talents.
Les Suédois sans leader, Jonï Makï meilleur second de Niskanen
En Suède, les leaders du côté féminin n’ont pas besoin d’être citées de nouveau. En revanche du côté des hommes, un vrai leader se fait attendre. Calle Haflvarsson en plein doute et irrégulier voire mauvais sur les dernières saisons, aucun de ses compatriotes n’arrive à s’afficher comme tête d’affiche de l’équipe.
Le vendredi sur le premier individuel, Max Novak l’emportait devant William Poromaa, futur vainqueur le dimanche. Ce dernier a donc été le plus régulier sur le week-end de Bruksvallarna, mais à 20 ans, il s’affiche encore trop frêle pour le moment pour endosser un rôle de leader.
En Finlande, en l’absence de Iivo Niskanen qui s’est testé face aux Russes notamment, c’est Jonï Makï qui s’est offert deux beaux succès à Taivalkoski. Une victoire sur un sprint pour le moins particulier et un autre succès sur l’individuel de clôture font de lui le meilleur coéquipier aux côtés d’un Niskanen très en jambes.
Rendez-vous ce week-end sur le site et l’application Nordic Magazine pour suivre le lancement d’une saison de ski de fond qui s’annonce excitante, palpitante et plein de rebondissements, on l’espère.
Photos : Nordic Focus, captures d’écran NRK/SVT, Instagram.