SKI DE FOND – Cette saison encore, le team Jobstation-Rossignol visera les circuits longues distances mais pas seulement à l’international. Entretien avec le manager Stéphane Mouton qui passe en revue d’actualité du premier team professionnel de ski de fond en France.
- Quel a été le programme de l’été pour le team Jobstation-Rossignol ?
Comme chaque année, les athlètes ont fait un gros travail foncier, avec des mois de 90 heures en moyenne. Plusieurs stages ont été programmés pour qu’ils puissent se retrouver et s’entrainer ensemble. Le niveau de l’équipe est bon mais comme dirait quelqu’un de proche « avion l’été, planeur l’hiver » ! Nous espérons bien faire mentir ce dicton.
Les coureurs sont sérieux et savent que pour être performant, il faut s’entrainer dur. Nous avons choisi de ne pas prendre d’entraineur pour l’équipe car ils sont tous capables de s’auto-gérer. Chacun a une vie personnelle et nous voulons aussi en tenir compte : enfants, études, travail ….
- Vous avez effectué un stage en Scandinavie en marge de l’Alliansloppet. Vous êtes aussi allé en Italie. Est-ce important pour une équipe de s’entraîner à l’étranger entre deux saisons ?
On a tout ce qu’il faut en France pour s’entrainer dans les meilleures conditions, mais pour casser la routine, les déplacements à l’étranger sont plutôt sympathiques. Cet été, l’équipe a été en Suède et en Italie, principalement pour les courses de skis roulettes afin de se frotter aux meilleurs du circuit hivernal Visma Ski Classics.
Le stage en Suède s’est programmé naturellement car l’équipe a été invitée pour participer à l’Alliansloppet . Sur cette semaine scandinave il y avait la possibilité de faire plusieurs courses : à pied, en sprint, en ville et pour finir, la course majeure : le 48 km classique avec les meilleurs coureurs de la discipline.
L’Italie allait dans la continuité du circuit estival de longues distances avec la Fiemme Rollerski Cup. La semaine de stage dans les vallées de la Marcialonga leur a fait un bon bol d’air frais. Cet automne, cela continuera avec un stage sur Davos en Suisse puis un second avant de monter sur Livigno pour participer aux 2 premières courses du circuit ski classics.
- Cet été, vous avez même suivi un stage commun en Suède avec Haute-Savoie Nordic Team (aujourd’hui e-liberty Ski Team). Que recherchiez-vous ?
S’entrainer ensemble permet à tous de progresser dans une bonne ambiance, c’est très bon pour l’émulation. On passe tout l’hiver ensemble, sur les mêmes courses, les mêmes objectifs, les athlètes sont sociables, ce sont des êtres humains! Lorsqu’ils ont un dossard sur le dos, leur but est de gagner, mais cela ne les empêche pas de partager de très bons moments en dehors, dès que le chrono est arrêté.
- Une des particularités de votre team, c’est de comporter en son sein des Français et des Suisses. Avec le recul, la différence de mentalités est-elle un atout ou un inconvénient ?
L’équipe est ouverte à toutes les nationalités… Avec les coureurs Suisses cela s’est fait naturellement car Toni Livers et Candide Pralong skiaient déjà sur Rossignol, et étaient friands de longue distance. Il était aussi important pour nous d’avoir une présence féminine dans l’équipe, et nous avons eu la joie d’accueillir Sereina Boner, qui avait jusqu’alors gagné les plus grandes courses au monde en classique.
Ils n’y a pas vraiment de différences de mentalités, pas plus qu’entre des coureurs d’une même nation. Bien sûr, on a beaucoup à leur apprendre (sourire), je peux comprendre qu’ils nous envient notre beau pays (sourire). Nos amis Suisses ont un super état d’esprit et adorent apprendre de nos conversations « patoises »…et nous de leurs rigueurs (Paraît qu’on est un peu Olé Olé….) Non, sincèrement, pour nous il n’y a pas d’atout ou d’inconvénient, les coureurs sont avant tout là pour représenter les couleurs de l’équipe.
- Durant l’été, on a vu plusieurs de vos athlètes remporter des compétitions à ski-roues ou lors de courses à pied. Quel enseignement en tirez-vous ? Ces victoires estivales ont-elles un sens une fois l’hiver arrivé ?
La préparation estivale est axée sur le volume mais il ne faut pas oublier que l’intensité doit faire partie de la préparation. Mettre un dossard donne plus de motivation, de dépassement de soi, que ce soit en ski roue, cross, trail, KV ou vélo.
Les résultats nous permettent de voir où en sont les athlètes dans la préparation mais, encore une fois, cela reste une simple préparation.
- Y a-t-il des départs ou des arrivées au sein du team Jobstation-Rossignol ?
Le team JOB STATION évolue pour avoir une communication avec plus d’impact et pour cette nouvelle saison, il y aura plusieurs axes :
1. La longue distance avec l’équipe Jobstation Rossignol (Seraina Boner , Bastien Poirrier , Adrien Mougel, Benoît Chauvet , Thomas Chambellant , Nicolas Berthet , Jérémie Millereau et Didier Roy.)
2. Un team ambassadeurs avec 2 coureurs sur le circuit international fond (Candide Pralong et Adrien Backscheider)
3. Un team ambassadeur avec 2 coureurs sur le circuit international biathlon (Emilien Jacquelin et Simon Fourcade)
4. Un team ambassadeur avec1 coureur sur le circuit international ski joering (Karoline Conradi Øksnevad).
Ils porteront les couleurs Job Station sur l’ensemble des courses auxquelles ils participeront et notons que tous skient sur Rossignol. Il y a eu le départ de Toni Livers qui repart sur le circuit fond avec une autre marque de ski.
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- Quelles sont vos ambitions pour cet hiver ? Sur quels circuits de ski de fond serez-vous présents et avec quels objectifs ?
Les objectifs sont donc multiples maintenant. Les ambassadeurs qui seront sur le circuit international auront pour objectif les championnats du monde et pour ce qui est de la longue distance, l’objectif principal sera de grimper sur les plus hautes marches du podium et porter haut les couleurs de l’équipe et de ses partenaires.
Le circuit FIS Worldloppet sera bien entendu l’un des grands objectifs mais la Foulée Blanche ou encore l’Engadine resteront aussi des incontournables.
- Marathon Ski Tour, FIS Wordloppet Cup, Ski Classics… Les circuits de ski de fond sont très nombreux. Trop nombreux, selon certains. Qu’en pensez-vous ? Cette richesse ne se fait-elle pas au détriment de la visibilité ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup de circuits et il est certain que cela disperse la visibilité mais au moins il y en a pour tout le monde. Le circuit français est intéressant mais les courses les plus réputées sont en dehors de nos frontières.
Le circuit FIS est intéressant car il y a autant de courses en style classique que de course en style skating. Un classement général qui récompense le plus polyvalent…
Le circuit ski classic est prometteur mais selon notre vision des choses, il devrait continuer de se développer dans l’esprit 50% skating 50% classique. Pour nous, il ne fait aucun doute que dans ces conditions, nous nous présenterons plus facilement sur ce circuit. Le ski de fond englobe les deux styles, c’est dommage d’en négliger un, d’autant plus que, en terme de notoriété et de participants, hormis la mythique Vasaloppet, de nombreuses longues distances en skate (Transjurassienne, American Birkebeiner, Engadine) n’ont pas à rougir de leurs homologues du circuit classic.
L’objectif de chaque « team » est d’avoir la meilleure équipe possible
- Quel est le programme jusqu’aux premières compétitions ?
Il va falloir skier et reprendre les sensations techniques sur la neige. Les coureurs sont justement cette semaine en stage sur neige du côté Suisse à Davos . Ils y retourneront dans 15 jours avant de monter quelques jours sur Livigno pour la première course.
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La saison sera ensuite lancée et il ne restera plus qu’un stage sur Bessans avant le marathon de Bessans.
- Il y a encore peu de temps, les teams étaient régionaux en France. Il y avait les Haut-Savoyards d’un côté, les Jurassiens de l’autre, etc. Aujourd’hui, les talents passent d’un massif à l’autre. Qu’est-ce que ce mouvement traduit ?
Tout le monde est libre d’aller d’un côté ou d’un autre, et c’est l’objectif de chaque « team » désormais d’avoir la meilleure équipe possible. Le team Jobstation s’est focalisé sur la longue distance uniquement, jusqu’à cette année. Les jeunes coureurs «sénior» n’intégrant pas la fédération pensent à ces teams mais choisissent en fonction de ce qu’ils veulent faire.
La longue distance n’est pas l’objectif principal d’un jeune sénior… Certains teams peuvent proposer une structure pour les faire remonter et c’est certainement cela qui peut amener un coureur savoyard dans un team jurassien ou inversement. Mais globalement, le plus important est que les athlètes puissent continuer à vivre leur passion dans les meilleures conditions possibles, et en cela l’ouverture des teams est primordiale.
En France on a ce qu’il faut pour réussir
- Par rapport aux teams privés d’autres nations, que manque-t-il à la France ?
Je pense qu’en France on a ce qu’il faut pour réussir et on ne doit pas penser que les teams scandinaves sont meilleurs. On a les structures, les coureurs aussi … Peut-on penser qu’ils ont de meilleurs coureurs ? Peut-être, peut-être pas. C’est vrai que sur le circuit longue distance ski classic ils sont très fort …mais quand ils viennent sur les courses de skating ils ne sont pas forcément meilleurs.
Il ne faut pas oublier que les coureurs du circuit classic ne font que de la poussée, alors que nous avons choisi de travailler les deux disciplines. Nos coureurs sont capables de rentrer dans les 10 premiers d’une course en poussée, après, pour jouer le podium, il ne faudrait faire que ça.
Photo : Nordic Magazine, team Jobstation-Rossignol et athlètes