Ski de fond : des avis mitigés mais positifs à cette nouvelle mesure
Dès la prochaine saison de ski de fond, les hommes et les femmes disputeront les mêmes distances, à savoir 10, 20 et 50 km. Jeudi, la Fédération internationale de ski et de snowboard a officialisé cette nouveauté, lors de son congrès à Milan (Italie).
Or, comme l’a révélé une enquête de la NRK, les compétiteurs étaient majoritairement hostiles à cette nouveauté. La télévision publique norvégienne a interrogé 114 skieurs de 25 nations différentes, avec en moyenne six ans d’expérience sur la coupe du monde. 73 % des skieurs ont déclaré que c’était une mauvaise idée. Chez les fondeuses, les opposantes sont encore plus nombreuses. 88 % affirmaient être contre cette proposition qui entrera en vigueur dès le prochain hiver.
Ces résultats surprennent l’Italienne Virginia de Martin Topranin, qui est la représentante des athlètes au sein du comité de ski de fond de la FIS. « Nous leur avons demandé à peu près la même chose il y a quelques années, ils étaient plus nombreux à vouloir des distances égales », a-t-elle déclaré à la NRK.
La Bressaude Delphine Claudel voit cette nouveauté d’un bon œil, comme elle le confie à Nordic Magazine : « Je trouve que c’est un changement qui est positif. Cela prouve que l’on réfléchit à l’évolution du sport, qu’on veut faire quelque chose pour la discipline. Il y a forcément toujours des contents et des mécontents. Ça va surtout nous changer à Davos par exemple où on va passer d’un 10 km à un 20 km. Mais ce n’est pas quelque chose qui me fait peur. Je trouve que c’est intéressant de varier les distances. Ça va amener des possibilités pour certaines filles, la gestion sera différente. C’est quelque chose qui est plus excitant et que j’attends avec impatience. »
En fait, plusieurs voix se sont exprimées pour regretter que les épreuves masculines soient devenues la norme en ski de fond. Dans les colonnes de Langd.se, la Suédoise Johanna Hagstroem aurait préféré, par exemple, qu’on se situe entre les deux, ou alors qu’on prenne en compte la durée des courses pour fixer la nouvelle règle. Comme le redoute la Norvégienne Heidi Weng, les dames passeront bien plus de temps sur les skis.
Une inquiétude que partage la jeune Mélissa Gal à nos micros : « Je n’étais pas forcément pour faire les mêmes distances au départ. Pour moi, à partir du moment où le temps de course est le même entre les hommes et les femmes, c’est le même temps d’effort et donc des courses similaires. Après, c’est hyper bien que la FIS fasse des réformes dans des formats comme le relais mixte. Les démarches sont très bonnes et je pense que ces modifications pourront apporter quelque chose pour la suite. »
Le Savoyard Renaud Jay ne sera pas confronté à beaucoup de changements en tant que sprinteur. Mais cette révolution dans le ski de fond mondial pourrait lui permettre d’envisager de s’aligner sur les 10 km. « Je trouve que c’est bien qu’on fasse tous les mêmes distances et qu’on homogénéise ces formats. C’est le cas pour beaucoup de sports déjà, comme l’athlétisme par exemple. Pour nous les sprinteurs, ça ne change pas grand chose, mais le format de course sur 10 km pourrait nous convenir désormais. Passer de 15 km à 10, ça nous change beaucoup de choses. Après, il faudra voir si ça change beaucoup les classements, car on n’a jamais trop fait ces distances », a-t-il déclaré à Nordic Magazine.
Le vainqueur du petit globe du sprint en ski de fond l’hiver dernier, Richard Jouve, a commencé en fin de saison à se montrer plus polyvalent, en prenant part aux distances et notamment au relais olympique médaillé de bronze à Pékin. Pour lui, passer sur du 10 km est un changement qui compte beaucoup : « Personnellement, ça me convient car je pourrais mieux m’exprimer sur du 10 km que sur du 15 km, ou même du 20 km par rapport au 30. Après, les distances ont toujours été comme celles-là. Dans notre société actuelle, on se doit désormais d’avoir une égalité hommes/femmes partout. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, attention, mais c’est peut-être dommage de le justifier comme cela. Pour ma part, en tout cas, je suis satisfait car cela me permettra de pouvoir faire de meilleurs résultats sur les distances. »
Parmi les principales inquiétudes figure le 50 km au programme à Oslo-Holmenkollen (Norvège) en mars. Delphine Claudel est convaincue que ce nouveau format ne sera pas une aussi grosse contrainte pour les dames. « On sait aussi faire des longues distances, on a déjà fait pas mal de 30 km auparavant. Et puis il n’y en aura qu’un seul dans la saison. On est des athlètes qui s’entraînent beaucoup et je pense qu’on peut largement faire cette distance. C’est sûr que la compétition ne sera pas la même et qu’on passera plus de temps sur les skis. Après, on verra ce que cela donne cette saison, c’est un vrai test. C’est un petit pas de fait en tout cas, on va voir comment ça se passe et il y aura sans doute des ajustements à faire par la suite », a-t-elle conclu.
Si cette prochaine saison de ski de fond semble déjà tenir toutes ses promesses, un nouveau système de points sera aussi mis en place par la FIS avec encore plus de suspense pour le classement général et la quête du gros globe de cristal. De quoi ne surtout pas manquer le début de la saison sur la coupe du monde, en novembre prochain.
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