SKI DE FOND – Certains fondeurs délaissent leur rêve de gloire en grands championnats pour se fondre dans la masse des courses populaires longue distance. Plusieurs raisons expliquent ces choix de rejoindre ces circuits nombreux mais illisibles pour le grand public.
L’Engadine, la Transjurassienne, la Birkebeinerrennet, la Marcialonga ou la Reistadlopet : on pourrait faire un inventaire à la Prévert des pérégrinations menées par les skieurs de fond l’hiver venu, la plus mythique d’entre elles étant la Vasaloppet reliant les villes suédoises de Sälen et Mora tous les premiers dimanches de mars.
Sur ces courses populaires, il y a le fondeur lambda, mais aussi des athlètes professionnels. Cependant, ces épreuves souffrent d’un réel déficit de reconnaissance dans le milieu. « Il faut faire changer les mentalités en faisant comprendre aux plus jeunes que les longues distances ont beaucoup plus de valeur que ce que l’on croit », assure Alban Gobert, manager du E-Liberty Ski Team, équipe française de longue distance.
Aujourd’hui, la plupart des fondeurs présents sur le circuit sont des recalés du système traditionnel. Loïc Guigonnet, Roxane Lacroix, Alexis Jeannerod, le meilleur Français, ou encore Marie Kromer n’ont pas réussi à percer sur la coupe du monde de ski de fond. Toujours selon Alban Gobert, « la longue distance permet aux athlètes de poursuivre une carrière un peu plus longtemps que ceux qui sont mis sur la touche. »
Pas de sélection
Tous les fondeurs contactés mettent en avant l’absence de critères comme raison cardinale de leur passage en longue distance. « Il n’y a pas de système de qualification pour prendre le départ de telles courses », explique Loïc Guigonnet, troisième du circuit Worldloppet cet hiver.
« Les faire venir est notre meilleure arme pour l’instant », révèle Gobert. Mais d’autres raisons existent. « Ce sont toutes des courses en mass-start (départ groupé, ndlr.), c’est plus stimulant de courir de cette façon que contre un chrono. Il y a donc un côté un peu plus tactique qui me plaît », explique Roxane Lacroix, onzième du circuit Visma Ski Classics cette saison.
Comme ce sont de longues compétitions – entre 1h30 et 6h de course – « il peut se passer plein de choses, ce n’est jamais terminé. Il y a vraiment des moments où on est presque à une allure d’entraînement et d’autres où on est au sprint, alors qu’il reste 40 km à couvrir », éclaire Guigonnet. Enfin, la fierté d’avoir terminé des courses mythiques comme celles qui sont au programme est également un élément pris en compte par les fondeurs.
Pour Marie Kromer, septième de la Vasaloppet, « plusieurs sentiments se mélangent à l’arrivée, mais c’est la fierté de l’avoir fait qui prédomine. »
Roxane Lacroix, onzième du circuit Visma Ski Classics cette saison
Deux circuits, c’est trop
Le principal obstacle à l’essor total des longues distances, c’est l’existence de deux circuits internationaux. Il y a, d’un côté, la Visma Ski Classics, circuit privé comprenant les plus grandes courses, et de l’autre la Fis Worldloppet Cup, dirigé par la Fédération internationale de ski.
« La Visma, c’est vraiment le gros circuit, avec beaucoup de moyens. À l’inverse, la Worldloppet… c’est en train de baisser de régime avec un peu moins de concurrence et de densité, éclaire Marie Kromer. Ce serait même plus compréhensible pour nous les athlètes d’avoir un seul circuit parce que faire un podium sur la Worldloppet, c’est bien, mais ce n’est pas aussi représentatif que sur la Visma. »
Alban Gobert va même plus loin en militant pour un système similaire à celui du tennis, avec un classement mondial. « Je suis d’avis à ce qu’il n’y ait qu’un seul grand circuit, comme le tennis : un circuit professionnel type ATP avec des épreuves majeures et, après, des courses de différentes classes. »
Les faits semblent donner raison au manager haut-savoyard puisque la Visma lancera l’hiver prochain un format Challenger avec des courses d’un rang inférieur. Les points récoltés compteront pour le classement général de ce circuit, à la manière des tournois satellites en tennis.
En attendant un éventuel rapprochement, les émotions que procurent les courses légendaires du calendrier ne se préoccupent pas de ce débat : « J’avais un peu l’impression d’être une vraie skieuse de fond après avoir passé la ligne de la Vasa », glisse Roxane Lacroix, émue.
La Vasaloppet, LA course longue distance mondiale, fait partie de la Worldloppet mais aussi de la Visma Ski Classics
Double poussée VS. polyvalence
Partir sans fart de recul pour être plus rapide au long terme