SKI DE FOND – Meilleur Français de l’hiver au classement général de la coupe du monde de ski de fond, le Bornandin Lucas Chanavat affiche de très belles satisfactions et aussi une grosse désillusion, celle de n’avoir pu défendre son podium au classement sprint… suite à l’annulation des épreuves de Québec.
Les montagnes russes de Lucas Chanavat
- Lucas Chanavat, d’abord comment se passe votre confinement dans les Aravis au Grand-Bornand ?
Mon confinement se passe très bien. J’ai la chance d’être confiné dans un cadre particulièrement agréable avec pas mal d’activités possible tout en restant vraiment à la maison chez moi au Grand Bornand.
- Avez-vous pensé un moment à passer cette période en Norvège où vous passez une grande partie de votre vie désormais et où les restrictions sont loin d’être aussi importantes qu’en France ?
Oui j’ai pensé à cette solution mais tout s’est tellement vite passé entre notre retour du Canada et le confinement que je n’ai pas pu monter à temps.
- Le déconfinement arrive, comment envisagez-vous la période de reprise dans ces conditions pour le moins inédites ?
Je pense que ça va être relativement simple pour les sportifs, puisqu’on devrait seulement avoir la contrainte de s’entrainer seul. J’ai conscience que ce sera bien plus compliqué pour certaines professions.
- Revenons désormais sur votre saison que vous avez terminée à la 22e place, le meilleur classement tricolore au général, et à la 5e du classement sprint. Est-ce un bilan d’ensemble satisfaisant ?
C’est assez frustrant comme bilan puisqu’à mes yeux il n’est pas représentatif de ma saison. J’ai perdu gros sur la dernière épreuve à Drammen en passant de la 2e place à la 5e sans pouvoir me battre pour la récupérer sur le sprint tour de Québec qui a été annulé.
« Incroyable de décrocher une première victoire collective »
- Evidemment, il y a eu de grosses satisfactions avec cette double victoire à Dresden (individuelle et par équipes avec Renaud Jay), la premier succès à Planica, la 2e place à Davos… Avec le recul, quels souvenirs garderez-vous de Planica ou Dresden et ce succès collectif ?
Que des bons souvenirs de ces épreuves où je suis content d’avoir réussi à tout mettre en place pour décrocher le meilleur résultat possible.
À Planica c’était des conditions très difficiles, mais c’était le cas pour tout le monde et j’avais réussi à bien me préparer pour ça. C’était donc une très grosse satisfaction de pouvoir finalement obtenir cette première victoire en coupe du monde. À Dresden pour l’individuel j’allais là bas avec comme seule option de gagner en faisant partie des gros favoris et je suis content d’avoir pu le concrétiser.
Quant au Team Sprint c’était vraiment incroyable de décrocher cette première gagne collective pour la France avec Ren (d’autant plus qu’il était passé à rien de son premier podium la veille et était une nouvelle fois très solide). J’ai senti tout une équipe qui allait dans la même direction, c’était fort. Quand ça dépasse le facteur individuel, je trouve que ça prend une saveur différente tout aussi appréciable.
- Vous vous êtes aussi rapprochés de Johannes Klæbo, une nouvelle fois impérial cette saison. Que vous manque-t-il pour devancer le jeune Norvégien avec qui vous entretenez d’ailleurs de bonnes relations ?
En sprint classique il est imprenable pour l’instant, en revanche je pense qu’il ne manque pas grand chose pour le devancer en sprint skate. C’est passé vraiment prêt à Davos et malheureusement nous n’avons pas eu l’occasion de nous confronter à nouveau en finale sur le reste de l’hiver, d’où mon « encore plus grosse » désillusion à Drammen où je me sentais en forme pour un beau fight.
- Côté désillusion justement, diriez-vous de la qualification du sprint de Drammen (chute et bâton cassé) a été un tournant dans la course au podium du classement sprint ?
Oui clairement ça m’a coûté cher et je n’ai pas pu rattraper cette erreur sur le sprint tour qui a été annulé.
« À Québec, tout le monde a compris que la priorité était ailleurs »
- Comme d’autres coéquipiers, vous avez fait le déplacement à Québec pour la dernière étape de la coupe du monde… finalement annulée. Comment avez-vous vécu cette frustration, voire cette cacophonie de la FIS et des organisateurs ?
Une grosse déception sportivement c’est sûr, mais j’étais particulièrement déçu pour les organisateurs qui font un travail incroyable pour réussir une des plus belles coupes du monde de l’hiver à mes yeux, et qui une fois encore avaient réussi leur pari.
Néanmoins je pense que tout le monde à vite pris conscience que la priorité était ailleurs.
- Que ce soit avec Richard Jouve, auteur du premier podium français en sprint classique à Ruka, ou Renaud Jay, de retour au top après des mois de galère, l’équipe de France confirme son potentiel en sprint. Avez-vous hâte de retrouver vos compères pour le premier stage ?
Oui c’est sûr que j’ai hâte, maintenant il est difficile de se projeter pour notre prochain stage à l’heure actuelle compte tenu des circonstances. C’est vrai que l’équipe est super forte et dense, avec Rich (Jouve) et Ren (Jay) on a fait une bonne saison mais il ne faut pas oublier Bapt (Gros) qui n’était pas à son niveau cet hiver. On pourra compter sur lui pour revenir encore plus fort dès l’hiver prochain. Nous avons la chance d’évoluer tous ensemble vers des objectifs communs. Pour moi, on a une des équipes les plus fortes du monde malgré le fait qu’on aie des moyens inférieurs aux autres grosses nations contre lesquelles on se bat. Je parle d’équipe au sens large puisque du coach aux athlètes en passant par les techniciens, tout le monde est extrêmement performant.
Photos : Nordic Focus.